Bulletin Antinucléaire D’Anarchistes BOUM (badaboum), n°2, octobre 2024, 32 p.
Editorial
Ceci est un bulletin anarchiste contre le nucléaire. Ce bulletin est tiré pour la première fois en mars 2024, dans un contexte de développement accru de l’industrie nucléaire dans le monde, et, avouons-le, dans une ambiance morose d’a aiblissement des luttes et de la critique anti-nucléaire. De fait, une partie du mouvement s’est davantage repliée sur des logiques cogestionnaires de l’existant et sur la recherche d’alternatives.
Si nous avons voulu nous lancer dans la création d’un pareil papier, c’est parce que nous sommes un certain nombre à ne pas nous résoudre à accepter cette situation. A ne pas vouloir vivre sous le joug d’un autoritarisme industriel dévastateur. C’est par l’action directe (sous toutes ses formes), que nous envisageons d’en finir avec lui. Sans forcément grand espoir mais avec détermination.
L’idée pour ce bulletin est d’y faire vivre une critique anti-autoritaire, anarchiste, de la société nucléaire, et de causer des résistances que rencontre cette dernière. Et s’il nous paraît essentiel de lutter en ce sens, c’est notamment parce que le nucléaire constitue, du moins en France, un pilier majeur de l’Etat et du capital, des structures sociales que nous voulons abattre. Parce que la société telle qu’elle est nous est insupportable, parce qu’en finir avec la société capitaliste et industrielle est impossible tant qu’existe le nucléaire, nous choisissons, comme d’autres avant nous, d’attaquer cette industrie stratégique.
On compte causer ici des luttes contre les nouveaux EPR, la poubelle CIGEO à Bure, la recherche nucléaire Sans perdre de vue qu’avant tout, l’industrie du nucléaire, ça dévaste ! Elle est fondamentalement militaire, au service d’Etats qui n’existent que pour étendre leur domination sur d’autres États et contre les populations en général par des moyens de dévaster toujours plus puissants. Au Japon, en Polynésie, en Algérie la bombe, ça fait Badaboum ! et dans la seconde comme des années après le choc, des centaines de milliers de mort-es. Et si ces exemples appartiennent au passé – bien que les cancers et les traumatismes soit bel et bien de l’ordre du présent – rien n’indique que les puissances armées aient renoncé à utiliser leur arme de destruction suprême dans le futur, d’autant plus dans un contexte mondial de militarisation et de bellicisme.
Il y a ces explosions volontaires, et puis d’autres, qui n’avaient pas été préparées par un état major. Celles qui provoquent l’empoisonnement d’une population qu’il faudra désinformer, celles qui appellent au sacrifice de travailleurs « héroïques », celles que l’industrie devra dissimuler ou minimiser ; ils les appellent « accidents » parce que c’était impossible, et pourtant, c’est arrivé. Près de chez vous, peut-être pas encore mais de Flamanville au Tricastin, on sait qu’un jour, ça peut faire Badaboum !
Le caractère « civil », et l’argument dissuasif, de l’énergie atomique pousse à l’acceptation du quotidien qui l’accompagne malgré ses conséquences désastreuses. L’énergie nucléaire ça pacifie ! Ça nous impose, à l’instar de toute autre production énergétique, un ordre capitaliste basé sur l’atomisation des relations sociales, la mécanisation (numérique) de la vie quotidienne et le contrôle social : un ordre autoritaire qui nous dicte l’obéissance. Mais d’une manière plus pernicieuse encore que les autres énergies, l’industrie nucléaire crée des infrastructures industrielles et des déchets toxiques pour des milliards d’années. Par des termes et des sigles en tous genres qui sont faits pour être difficiles à comprendre et à retenir, la logique des experts, tout droits sortis des écoles d’élite comme le Corps des Mines de l’école Polytechnique, tente de nous faire croire qu’elle est indispensable. Par le secret ou par l’enfumage, la « résilience » qu’on nous impose avec l’industrie nucléaire, c’est l’obligation d’obéir à l’autoritarisme de l’État et des industries pour toute notre vie et bien plus encore.
Alors sera-t-on fatalement supprimé-es par une catastrophe nucléaire, militaire ou industrielle ? Nous pensons que non. Car Badaboum ! c’est aussi le bruit que fait le pylône THT qui chute, le blindé de la gendarmerie qui tombe dans le ravin, l’explosion sociale qui survient quand on ne l’attend plus. C’est un grondement contre cette société capitaliste nucléarisée qu’il ne tient qu’à nous de mettre en péril, sans perdre de vue nos exigences anarchistes et nos principes libertaires.
Voilà donc un peu de lecture, en espérant pouvoir correspondre avec des lecteur•ice•s complices, lire vos contributions et créer des liaisons pour approfondir la critique et mettre en lumière les luttes contre le nucléaire et le monde qui va avec !
contact : badaboum3000 chez riseup.net
Sommaire
5 Édito
6 Récit de la manifestation antinucléaire du samedi 23 mars 2024 à Caen
8 Dans le piémont : bagarres contre le centre de stockage des déchets nucléaires italiens
10 Le nucléaire produit des modes de vie dépendants
13 Et le nucléaire dans tout ça ?
15 La nucléarisation est une expérience à ciel ouvert dont nous sommes les souris de laboratoire
18 Etrange fascination pour les milieux extrêmes
20 La militarisation du nucléaire civil !
21 De la propagande en société nucléaire…
26 Le coin des lecteurs et lectrices
29 Fragments de révolte contre l’ordre atomique
[Trouvé sur Trognon, 15 octobre 2024]