Metz (Moselle) : une émeute et douze évadés au centre de rétention [MaJ]

Une douzaine de personnes s’évadent du centre de
rétention de Metz-Queuleu
Le Républicain Lorrain/Europe 1, 15 septembre 2022

Dans le jargon de la police aux frontières, on appelle ça plutôt une « fuite » qu’une « évasion ». N’empêche, le centre de rétention administrative de Metz-Queuleu (CRA), situé juste à côté de la maison d’arrêt et qui a une capacité d’accueil de 98 personnes, se serait bien passé de cet épisode : une douzaine d’étrangers en situation irrégulière se sont échappés ce mercredi soir et sont toujours recherchés par les forces de l’ordre.

Vers 21 heures, les policiers ont dû faire face à une forte agitation et un début d’émeute au sein du CRA. Ce n’est qu’une heure plus tard, une fois le calme revenu grâce à l’arrivée de renforts, qu’ils sont parvenus à faire le décompte des personnes retenues. Ils se sont alors rendu compte que douze d’entre eux manquaient à l’appel.

Après visionnage des enregistrements des caméras de surveillance, les policiers ont découvert comment ils ont réussi à s’échapper, en exploitant une faille de sécurité. Ils y sont parvenus en crochetant des portillons de sécurité grâce à un crochet artisanal confectionné sur place. Ces derniers ont ensuite longé un chemin d’accès pour sortir du CRA et gagner, en escaladant une clôture, l’emprise des gendarmes. Selon les premiers éléments, les migrants ont exploité le défaut de conception d’une serrure qui ne bénéficiait d’un bouclier de pêne posé uniquement que d’un seul côté.

Un des fugitifs a été interpellé après être tombé et s’être blessé. Il a été placé en garde à vue puis transporté à l’hôpital.

Sur les douze migrants en fuite, âgés de 18 à 32 ans, deux d’entre eux sont Marocains, neuf sont Algériens et un dernier est Libyen. Le préfet de Moselle, Laurent Touvet, s’est rendu sur place.


Sept mois de prison pour s’être éclipsé du CRA
Le Républicain Lorrain, 20 septembre 2022 (extrait)

Il est l’un des douze retenus qui ont réussi, jeudi soir, à faire faux bond à l’administration en profitant des portes que d’autres avaient réussi à ouvrir au centre de rétention administrative (CRA) de Metz . Ce ressortissant algérien de 28 ans était jugé, ce lundi, en comparution immédiate pour « soustraction en réunion à une rétention administrative d’un étranger ».

« Ce soir-là au CRA, il y a eu un attroupement auprès des portes et vous avez suivi les personnes qui se sont échappées », relate le président du tribunal. Par le biais d’un traducteur, le prévenu explique avoir rejoint à pied la gare de Metz pour monter dans un train en direction du Luxembourg. Puis « les autorités luxembourgeoises ont contacté leurs homologues français pour signaler qu’une personne faisant l’objet d’un mandat de recherches avait été interpellée à la suite d’un vol à l’étalage ». Il s’agissait du prévenu.

« Je ne savais pas quel était mon avenir », explique-t-il. Cet Algérien avait été placé au CRA de Metz sous le coup d’un arrêté pris par le préfet de Dijon le 11 août. « Vous n’avez pas réfléchi aux conséquences ? », réplique le président. « J’ai suivi le mouvement sans penser à rien d’autre », rétorque le prévenu. « Chacun est parti de son côté. J’ai vu les portes ouvertes et j’ai couru derrière les autres. Il y a eu un effet de foule. Je ne savais pas que je n’avais pas le droit de partir », assure le prévenu qui explique n’avoir jamais formulé de demande de titre de séjour, au motif qu’elle serait refusée.

« Tous les étrangers en situation irrégulière ne sont pas placés au CRA. Le prévenu commence à avoir un passé pénal important depuis son arrivée en France en 2019. Il multiplie les atteintes à la loi républicaine », estime le représentant du parquet en requérant huit mois de prison ferme avec mandat de dépôt ainsi qu’une interdiction du territoire français de dix ans. En défense, Eliot Hellenbrand plaide la relaxe en arguant que « l’ordonnance du juge des libertés et de la détention (JLD) manque au dossier pour prouver que le prévenu était de façon légale au CRA. Le préfet ne peut décider le placement au CRA que pour les deux premiers jours. Après, c’est l’autorité judiciaire qui doit se prononcer. »

Son client a été condamné à sept mois de prison avec mandat de dépôt sans oublier une interdiction du territoire pendant dix ans.