[L’attaque incendiaire survenue à Smithers (Canada) la nuit du 26 octobre dernier, et qui a ravagé les véhicules de l’unité spéciale de la gendarmerie canadienne chargée de défendre le gazoduc CoastalGasLink – attaque que nous avions déjà volontiers relatée ici –, vient d’être revendiquée un mois plus plus tard. On la trouvera ci-dessous.]
Revendication de responsabilité de l’incendie de véhicules du C-IRG sur le territorie Wet’suwet’en
mtlcontreinfo, 30 novembre 2022
Le 26 octobre, aux petites heures du matin, plusieurs véhicules de la GRC C-IRG ont été incendiés dans le stationnement du Smithers Sunshine Inn.
Au moment où vous lisez ces lignes, Coastal GasLink fore sous les sources sacrées de la Wedzin Kwa. Le sol tremble dans les territoires Wet’suwet’en. Pour chaque tremblement de la terre, alors qu’ils enfoncent leur tête de forage et font sauter leurs explosifs à travers le lit de la rivière et la roche, juste sous les bancs de saumons en train de se frayer un chemin, des tremblements de douleur et de rage se répercutent dans le cœur de ceux.ses qui ont encore de l’espace pour les ressentir.
La mort nous entoure. Les saumons meurent en masse alors que les ruisseaux s’assèchent. De vastes zones de forêts tropicales autrefois florissantes, brûlent. Un milliard de crabes des neiges disparaissent et meurent en Alaska. Le chaos climatique se déchaîne tandis que les méga-projets transforment le monde vivant en un véritable cauchemar. Tant de gens quittent ce monde trop tôt. On pourrait appeler ça un suicide. Ou une overdose. Ou un arrêt cardiaque. Peut-être que c’est une balle de la police qui transperce la chair et les organes. Tout cela est la manifestation de la douleur, de la souffrance et de la violence insupportable engendrées par le colonialisme et l’État.
En “colombie britannique”, c’est la GRC qui défend et applique cette violence. Quand les industries extractives rencontrent de la résistance autochtone, la GRC emploie une division spécialisée appelée Community-Industry Response Group. Ce sont les policiers du C-IRG qui se portent volontaires pour faire des descentes, surveiller, harceler et brutaliser les défenseur.ses des terres au nom de leurs maîtres corporatifs.
Tôt le 26 octobre, quatre véhicules du C-IRG à Smithers ont été incendiés alors que les agents du C-IRG dormaient à quelques mètres de là. Les incendies ont endommagé ou détruit les quatre camions et se sont propagés à plusieurs véhicules industriels et à une ambulance dans le parking. Les camions de CGL et de BC Hydro incendiés sont à peine regrettables. L’ambulance endommagée est malheureuse et involontaire. Personne n’a été blessé dans cette action parce que des mesures ont été prises pour s’assurer que personne ne le serait. Les véhicules ont été allumés que lorsqu’il était certain que le feu ne se propagerait pas aux structures ou ne mettrait pas des vies en danger.
La violence exercée par l’industrie et appliquée par la police condamne une planète entière à un avenir désertifié et brûlant. Reconnaître le fait que chacun d’entre nous a un intérêt dans cette lutte signifie reconnaître l’importance d’agir avec notre propre agentivité, autonomie et urgence. Nous devons tous et toutes nous servir de cette douleur pour en retirer la détermination nécessaire pour agir contre ceux qui sont responsables de notre souffrance.
Il n’y a pas de mots à partager avec le gouvernement ou l’industrie qui puissent changer le cœur de leur nature. Ces institutions ne sont pas des personnes. Elles n’ont pas d’âme, pas d’éthique et pas de conscience. Leur force motrice est le profit à tout prix, et elles ne peuvent être négociées ou raisonnées.
Les libéraux et les centristes veulent que la politique soit claire et nette, dans les limites de la respectabilité. Le fait de qualifier les actions qui sortent de ces limites d’opérations de false flag nuit sérieusement à notre capacité à élargir le champ de la lutte et à défier directement la violence de l’État. Les mouvements qui réussissent utilisent un large éventail de tactiques pour atteindre leurs objectifs. Les accusations de false flag ne servent qu’à isoler ceux.ses qui choisissent de s’engager dans des actions plus conflictuelles d’un soutien plus large, ce qui est dangereux et limitatif. S’il y a une conspiration ici, c’est la collusion ouverte entre les entreprises et les forces de l’État pour poursuivre l’héritage de la violence génocidaire sur les terres et les peuples autochtones.
Brûler des voitures de police c’est facile. Prendre les mesures nécessaires pour empêcher les arrestations l’est moins. Recherchez des méthodes qui fonctionnent ; warriorup.noblogs.org est un bon point de départ. Pour faire cela, utilisez des outils technologiques axés sur la sécurité et qui sont open source tout en étant sur un WiFi public, ou mieux encore, allez-y à l’ancienne et procurez-vous des livres. Testez vos méthodes. Réfléchissez bien à la façon dont le feu peut se propager pour vous assurer que vous ne mettrez pas involontairement le feu à un bâtiment ou ne causerez pas de blessures. Sachez comment éviter de laisser des preuves. Réfléchissez de manière critique aux conséquences de l’action comme de l’inaction. Faites confiance à vos instincts rebelles et agissez avec courage.
Il a toujours été temps de se battre. Ce l’est toujours.