A bas les CRA, 11 janvier 2023
Dans la longue liste des boîtes collabo, ces entreprises qui aident l’État français à mener sa politique raciste en contrôlant, enfermant, expulsant les personnes qui n’ont pas les bons papiers, voici la petite dernière : Chalair Aviation.
Cette mini compagnie aérienne, basée à Caen, juste à côté de l’aéroport (Aéroport de Caen, 14650 Carpiquet), a remporté cet été un appel d’offre du ministère de l’intérieur (voici le pdf).
L’objet du contrat : “la mise à disposition sur l’aéroport de Paris – Le Bourget, d’un avion de transport beechcraft 1900D (…) au profit des services du ministère de l’intérieur”.
Or c’est justement à partir du Bourget, que la PAF (direction centrale de la police aux frontières) réalise de nombreux vols cachés, ces expulsions faites par surprise. En gros, les flics débarquent à l’aube dans les cellules des CRA (centre de rétention administrative) pour choper un·e ou plusieurs retenu·es, ou les enferme à l’isolement la veille, pour ensuite les emmener à l’avion avec une grande violence.
Ces dernières années, c’était la société TwinJet, installée à Aix, qui détenait ce marché. Au départ du Bourget, TwinJet faisait notamment pour le compte de la PAF un vol hebdomadaire vers Tabarka en Tunisie après un stop à Marseille. Cela lui avait d’ailleurs valu de recevoir début avril, la visite de copaines dans son terminal de l’aéroport de de Marseille-Marignane !
Depuis quelques temps, nul trace de TwinJet au Bourget sur le site internet Flightradar24. Pourtant l’avion de la PAF (indicatif POF75) mutliplie les vols avec des avions enregistrés sous les noms “F-HBCK”, principalement, et “F-HBCJ”. Or ces deux appareils sont gérés par la compagnie Chalair, selon la base de données www.airfleets.net, la page wiki de la société et d’autres sites qui traquent les avions comme jetphotos.com.
Bref Chalair aviation a bien commencé son sale taf avec la PAF. Pour cette boîte, le contrat d’un montant de 8 à 13 millions d’euros sur 4 ans tombe à point nommé. La crise du Covid a plombé ses comptes. Son patron, Alain Battisti, qui était encore récemment à la tête du lobby du secteur (Fédération Nationale de l’Aviation Marchande – FNAM) a du injecter du pognon fin 2021 tout en quémandant un prêt à l’Etat, qui lui a a accordé un crédit de 4 millions d’euros.
Créé en 1986, cette compagnie aérienne s’est, au départ, spécialisée dans le transport de cadres d’entreprises en bossant notamment avec des boîtes parmi les plus pourries : Total, Areva, Perenco… Elle s’est aussi pendant un temps développée en Afrique où elle transportait des salariés de groupe miniers ou pétroliers au Niger, en Ouganda ou en Mauritanie… Elle gère aujourd’hui plusieurs lignes régionales au départ de Paris Orly, Brest, Lyon, Bordeaux, Limoges, Poitiers, Quimper, Toulouse, Marseille… Autant de lieux, où Chalair a peut être des comptoirs d’enregistrement, locaux, bureaux de représentation…
L’enfermement et l’expulsion des étranger·es ne repose pas uniquement sur les keufs et le ministère de l’intérieur. De nombreuses entreprises font leur biff sur ce système raciste. Lutter contre tous les acteurs qui collaborent au complexe de la rétention et de l’expulsion c’est soutenir concrètement les personnes qui subissent et combattent quotidiennement les CRA et les frontières.