Fragment de l’an 2023 : Karl Marx, Louise Michel, Marianne et le graffeur


La mairie retrouve des couleurs après les émeutes
Le Parisien, 26 août 2023

Durement touchée par les émeutes qui ont suivi la mort de Nahel à Nanterre (Hauts-de-Seine), la ville de Bezons (Val-d’Oise) panse lentement ses plaies. L’hôtel de ville, qui avait été pris pour cible, est en train de prendre un nouveau visage. Les vitres de la façade ayant été brisées, des panneaux de bois ont été posés. Afin de rendre ces surfaces blanches plus attrayantes, la ville a fait appel au graffeur Baron pour les habiller aux couleurs de la République.

« L’idée, c’est de faire plaisir aux habitants, que ça soit plus joyeux. Les planches, c’est un peu triste », explique Baron. La consigne était de proposer une fresque en rapport avec les symboles républicains. Les couleurs du drapeau sont représentées par des jets de peinture assez larges. « Il fallait quand même que ça reste street art. Je ne voulais pas que ça ressemble à de l’adhésif », indique le graffeur.

Tout près de l’entrée, il a dessiné un portrait de Marianne. Il s’est inspiré de celle qui figurait sur les timbres il y a quelques années. « Ma première idée, c’était de faire plusieurs Marianne, une par communauté, pour montrer la diversité de la ville. Moi, j’ai grandi à Bezons, il y a de tout ici. » Il s’en est finalement tenu à quelque chose de plus classique. Il a ajouté des plumes — symboles de l’écriture — à la devise républicaine, ainsi qu’une colombe pour la paix.

« Je suis un artiste qui intervient souvent pour des fêtes à Bezons, explique Baron. Je fais des casquettes personnalisées et des tee-shirts. » C’est le projet qu’il a mis en place après avoir échoué à mener la carrière sportive qu’il envisageait : « J’ai passé deux ans au centre de formation du PSG, mais ça n’a pas fonctionné. » Il a même tenu une boutique spécialisée dans cette activité aux Halles, à Paris. Il a réalisé sa première fresque à l’école Louise-Michel, où il est animateur auprès des enfants. La ville l’a ensuite sollicité pour faire de même à l’école Karl-Marx.

Commencé le 13 août, son travail prend forme. Il a pu voir que ses dessins plaisent déjà : « Il y a des gens qui s’arrêtent pour se prendre en photo à côté de la Marianne. Parfois, ils discutent un peu. Ils sont contents de voir qu’il y a quelque chose sur les panneaux en bois. » La fresque devrait rester affichée encore quelques mois, le temps pour la ville de recevoir les nouvelles vitres.