Villepinte (Seine St Denis) : perturbation de l’enquête publique sur une nouvelle taule

Contre la construction d’une nouvelle prison en Seine-Saint-Denis, perturbation de l’enquête publique
Indymedia Nantes, 26 septembre 2020

Mardi 22 septembre à 19h, on s’est donné rendez-vous à une douzaine pour se rendre dans une salle polyvalente de Villepinte où se tenait la réunion publique de présentation du projet de construction d’une prison sur les communes de Villepinte et de Tremblay en France. Le projet sur le papier consiste à joindre à la maison d’arrêt déjà existante 20 ha de plus et au moins 700 nouvelles places.

Il y avait un tract sur internet [voir ci-dessous], intéressant à aller differ contre la contruction de cette nouvelle taule. Une prison qui fait partie d’un projet de construction de dizaines de prisons en France pour les prochaines années. D’ailleurs en Île-de-france, il y a d’autres projets de construction, comme des centres éducatifs fermés ou un SAS* a Noisy-le-grand.
Et puis on s’est dit qu’on n’avait pas envie de juste donner un tract qui aurait pu intéresser d’éventuel-le-s autres opposant-e-s. Ni d’attendre qu’on nous donne la parole pour intervenir et dire ce qu’on pense de leur projet fétide.
Alors voilà un peu ce qu’on leur a dit, en interrompant le speech de présentation de la commissaire-enquêtrice, et pourquoi on a fait le déplacement :

« Nous aussi on va se présenter parce qu’on n’est pas juste un « public » comme vous dites. On est quelques-un.e.s à être venues aujourd’hui pour vous dire que votre projet nous dégoûte ! On n’est pas venu pour participer à votre enquête publique qui, on le sait bien, finira par cautionner votre sale projet d’enfermement. En fait ce projet c’est juste une énième taule pour enfermer toujours plus de gens en galère ou qui n’en peuvent plus de se faire exploiter, écraser, et ça, ça nous dégoûte, que ce soit à Tremblay ou n’importe où ailleurs ! Alors on ne va pas vous faire des « observations » ou des « propositions » pour votre projet, parce qu’on n’a pas l’intention de vivre dans un monde de taules, on va seulement vous lire un petit texte qui détaille un peu plus ce qu’on en pense. »

Et puis en vrai on n’avait pas envie que se tienne cette réunion alors on a laissé un cadeau en partant… un ballon gonflé à l’hélium qui a permis d’envoyer au plafond une alarme incendie en marche qui les a sûrement empeché-e-s de continuer leur petit raout.
On est parti en emportant leurs tracts publicitaires, qui ne font rêver que celleux à qui profite l’enfermement. Dedans on y trouve les dates où l’on peut rencontrer la commissaire-enquêtrice durant l’enquête publique du 14/09 au 16/10, ainsi que la date du début de construction de la nouvelle taule, prévue en 2023. On y trouve aussi la date de mise en service (2025), information montrant de manière flagrante à quel point l’enquête publique est une formalité administrative pour assurer l’autorisation légale de la construction.
Ces dépliants sont d’ailleurs une des seules sources d’information sur l’enquête publique (lieux où trouver les registres et dates des permanences de la commissaire-enquêtrice), avec le site de l’Apij. Ce qui fait qu’ils ne semblaient pas s’attendre à avoir beaucoup de public, – d’ailleurs on a doublé le nombre de participant-e-s – encore moins un public hostile. Ce qui nous a permis de rentrer avec une poussette vide, à laquelle était accroché le ballon. Leur réaction amorphe, mis à part un type prompt à composer deux chiffres sur son téléphone, nous a permis de repartir sans trop courir, avec quelques slogans pour mettre un peu d’ambiance !

Continuons à nous opposer au projet, à en parler et à leur mettre des bâtons dans les roues !

* Structure d’Accompagnement vers la Sortie, nouvelle invention pour garder enfermées les personnes en fin de peine au lieu de les laisser sortir.


[Le tract distribué à Villepinte lors de la perturbation…]

Contre la construction d’une nouvelle prison à Tremblay-en-France

Sous prétexte de « lutter contre la surpopulation carcérale » mais surtout dans l’objectif d’enfermer plus, le ministère de la justice a décidé, pour les années à venir, de la construction d’un certain nombre de prisons dont on se passerait bien.

C’est le cas à Tremblay-en-France, en Seine-Saint-Denis, où l’État prévoit d’exproprier des agriculteurs pour construire une nouvelle prison de 700 places, juste à côté de la maison d’arrêt de Villepinte. Le projet en est encore à des phases administratives, les travaux étant prévus à partir de 2022 et l’ouverture en 2025.

D’ici là, faisons attention à ne pas nous empêtrer dans la communication préparée par le ministère de la Justice, dont voici les arguments résumés :

  • Il faut une nouvelle prison à Tremblay-en-France car les prisons d’Île-de-France sont suroccupées, particulièrement celle de Villepinte, avec 1072 prisonniers pour 588 places en 2019.

Et s’ils arrêtaient d’enfermer ? Si les prisons sont « surpeuplées », c’est avant tout parce que les juges ont la main lourde avec les peines de prison, et enferment aussi des personnes qui n’ont pas été jugées. Le nombre de prisonnier-e-s est en constante augmentation en France, il était de 72000 en mars 2020, contre moitié moins il y a 50 ans. C’est une volonté de l’État, qui a construit énormément de prisons depuis plusieurs décennies, non pas pour lutter contre le surpopulation mais pour enfermer plus de monde. Et c’est aussi cet objectif que porte ce projet à Tremblay-en-France.

  • Cela permettra aussi une réinsertion active des prisonniers par le travail, la formation et « une architecture favorisant l’apaisement ».

L’administration pénitentiaire utilise aussi l’argument de la réinsertion pour construire de nouvelles prisons, ce qui est paradoxal. Si le but était réellement de « réinsérer » des prisonnier.e.s, pourquoi le faire avec de nouveaux lieux d’enfermement ? Par ailleurs, on sait très bien que cette « réinsertion » n’est qu’une méthode d’exploitation : elle passe par le travail, ce qui correspond en prison à exploiter les détenu.e.s pour des salaires encore plus ridicule qu’à l’extérieur, bien inférieurs au salaire « minimum ». Une fois dehors, la réinsertion, c’est souvent l’obligation de travailler c’est à dire d’être exploité-e sous les ordres d’un patron.

  • Permettre l’encellulement individuel et des parcours ou régimes de détention différenciés.

L’encellulement individuel n’a jamais été un objectif de l’État : ça fait plus d’un siècle et demi qu’il prétend le garantir en l’ayant inscrit dans la loi. Mais partout où de nouvelles places de prisons ont été construites en invoquant ce principe, elles ont servies à enfermer le plus de monde possible. Il ne faut pas se méprendre et souvent, quand l’État enferme un prisonnier seul, c’est pour isoler, punir, humilier, comme à l’isolement ou mitard, la prison dans la prison.

Les régimes différenciés en prisons sont un système de bâton et de carotte. A Villepinte, les prisonnier?e-s les plus indiscipliné-e-s ou révolté-e-s sont mis en régime porte fermée, et ceux qui ont les bonnes grâces de l’administration pénitentiaires peuvent être placé-e-s en module « respect », où la circulation est plus libre mais où leur comportement est constamment évalué, par le biais d’un permis à points. Ces logiques sont pensées pour casser les solidarités et les possibilités d’organisation entre prisonnier-e-s, et les régimes plus souples ne sont toujours destinés qu’à une minorité.

  • « l’objectif du plan immobilier pénitentiaire est de rendre l’emprisonnement plus humain et de permettre des conditions de détention améliorées » […] « en répondant aux enjeux de développement durable »

Il n’y a pas d’emprisonnement acceptable. La prison, c’est l’absence de liberté, c’est tourner en rond dans une cellule de 9m2 toute la journée, l’ennui, la violence des matons. On peut mettre en doute les « conditions de détention améliorées » quand on sait que, dans les nouvelles prisons, ça veut le plus souvent dire faciliter le travail des matons et empêcher les contacts entre prisonnier-e-s. De plus, cette prison va être construite juste au bord de l’autoroute A104 et à proximité de l’aéroport Charles de Gaulle…

L’État est prêt à utiliser tous les arguments fallacieux, y compris en estampillant le projet « développement durable » alors que cette nouvelle prison va bétonner 15 hectares de terres supplémentaires.

Une nouvelle prison, à Tremblay ou ailleurs, on n’en veut pas !
Rien qu’en France, il y en a 187 existantes à vider et à Détruire !
Liberté pour tou-te-s !

nilaniailleurs[arobase]riseup.net

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