Une émeute contre la police a éclaté mercredi 20 janvier en Bosnie dans le plus grand camp pour migrants du pays, situé à Blažuj, à l’ouest de la capitale Sarajevo. Surpeuplé comme les autres, il accueille actuellement plus de 3 000 migrants, pour une capacité de 2 400 places. Le 23 décembre dernier, au nord du pays près Bihac, une mutinerie incendiaire avait déjà ravagé un camp géré par l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), avant que l’armée bosnienne ne le rebâtisse en d’urgence pout enfermer 900 personnes. La Bosnie, située sur la route des Balkans est traversée chaque année par des milliers de migrants qui tentent de franchir les frontières barbelées de l’Europe avant d’être bloqués à la frontière de la Croatie (membre de l’Union européenne). Selon le ministre de l’Intérieur du canton frontalier d’Una-Sana, la police croate aurait ainsi procédé à 7210 refoulements (push-back) vers la Bosnie en 2020.
Actuellement, près de 6 000 migrants sont coincés dans cinq camps bosniens gérés par l’OIM, tandis qu’entre 2 000 et 2 500 affrontent l’hiver dans les bois et des bâtiments abandonnés en dehors de ces structures institutionnelles.
Concernant l’émeute, l’OIM gestionnaire du camp de Blažuj, a précisé dans un communiqué qu’ «une dispute opposant deux migrants [avait] rapidement dégénéré en un affrontement plus important». « Lors de l’intervention, des migrants se sont attaqués aux policiers et ont endommagé plusieurs voitures de la police et de l’OIM, ainsi que des bureaux » de l’agence onusienne, a précisé le porte-parole de la police. « Deux policiers et un employé de l’OIM ont été blessés», a-t-il ajouté.
Selon le Sarajevo Times du 21 janvier, ce sont près de 20 véhicules du Ministère des affaires intérieures du canton de Sarajevo et de l’OIM qui ont subi des dégâts, ce qu’a confirmé le ministre Admir Katica. Près de 2000 migrants auraient pris part à l’émeute, qui n’a pris fin que vers 22h50. Le mouvement de révolte ravageuse contre la police aurait selon ce journal commencé lorsque les employés de l’OIM auraient tenté de « relocaliser » un migrant vers un autre camp parce qu’il provoquait trop de perturbations dans celui de Blazuj, et c’est alors que d’autres sont solidarisés avec lui en l’arrachant aux mains de la police.
[Synthèse de la presse bosnienne en anglais, 22 janvier 2021]