Le nouveau chiffre du jour : 121

Dans le petit concours de calculettes auquel se livrent depuis une semaine les larbins du pouvoir pour dénoncer le nombre d’antennes-relais sabotées depuis un peu moins d’un an, le coordinateur national anti-terroriste avait balancé au Figaro le chiffre de 102, puis les journaflics d’Europe 1 l’avaient redescendu à 70, et voici que ce 22 janvier 2021, « les enquêteurs en charge de ces dossiers » ont décidé de décrisper un peu leur mâchoire pour livrer le leur à la radio la plus écoutée du pays (RTL), tout en pointant le caractère hétérogène des saboteurs soupçonnés. Selon eux, ce sont ainsi  « 121 antennes-relais [qui] ont été vandalisées depuis mars dernier et le premier confinement».

Bon, au-delà du fait qu’ils se sont bien gardés de les livrer à chaque fois à une publicité certainement trop incitative à leur goût afin de ne pas donner de mauvais exemple, l’important reste tout de même ailleurs pour qui se fiche de l’identité supposée de tous ces saboteurs anonymes, un exercice dont les cerveaux policiers sont naturellement friands. Comme cela a déjà été dit, « qu’importe, au fond, pour qui sait qu’un tel nombre de sabotages subversifs réel ou à rectifier cache quelque chose de bien plus important : la dimension qualitative de l’agir, celle que chaque individu qui les a menés a pu effleurer l’espace d’un instant en reprenant sa vie en main… »


121 antennes-relais dégradées en France depuis mars :
qui sont les saboteurs ?

RTL matin, 22 janvier 2021

Malgré des arrestations dans plusieurs enquêtes, les policiers ne parviennent pas à définir un profil type chez les personnes qui dégradent les antennes-relais, mais des sensibilités se distinguent.

RTL vous le révélait ce vendredi 22 janvier : 121 antennes-relais ont été vandalisées depuis mars dernier et le premier confinement. Le chiffre a été révélé par les enquêteurs en charge de ces dossiers. Des antennes incendiées, des sites sur lesquels des câbles ont été sectionnés… les dégradations ont particulièrement eu lieu sur la période avril-juin 2020, dans les zones rurales du Sud-est du pays. Dans une trentaine d’enquêtes, des suspects ont été arrêtés, mais aucun profil type ne s’est dégagé.

Anti-5G, ultragauche, phénomène de mimétisme, ultra-jaunes… Les individus interpellés jusqu’à présent ont entre 20 et 50 ans, issus de toutes les catégories socio-professionnelles. L’ultragauche est particulièrement visée car elle revendique parfois clairement les dégradations. Par exemple, un message est toujours en ligne sur le blog Indymedia, rattaché à ce mouvement. « Nous avons incendié l’antenne de Jarrie dans la nuit du 17 au 18 mai », peut-on lire.

On peut aussi trouver des modes d’emploi pour détruire des antennes-relais sur différents sites liés à l’ultragauche : matériel nécessaire, méthode, précautions à prendre… un petit manuel pour débutant. Selon eux, ces installations symbolisent la société capitaliste, surtout à l’heure de la crise sanitaire où le télétravail s’est démocratisé. Les télécommunications sont devenues essentielles au fonctionnement des entreprises. S’attaquer aux antennes-relais est pour eux un moyen de désorganiser l’État.

Des cibles faciles d’accès

« Les antennes-relais défigurent les paysages », peut-on lire sur un autre site affilié à l’ultragauche, dans un écrit qui se veut philosophique : « les babillages et bavardages des masses révèlent le véritable vide communicationnel ».

Les installations sont des cibles faciles car elles sont isolées, en zone rurale. Les individus auteurs de dégradations se rendent sur les lieux la nuit, à vélo, équipés d’un petit pneu, de brouette par exemple, quelques chiffons et un produit inflammable. Tout ça tient dans un sac à dos et l’opération se fait de manière très rapide, quinze minutes suffisent, selon le manuel en ligne.

S’attaquer à du matériel permet également d’éviter des poursuites plus lourdes. L’ultragauche l’a bien compris. Mener une action directe mais discrète et ne pas s’en prendre à des cibles humaines, telle est la doctrine du mouvement. Le parquet antiterroriste, par exemple, n’envisage pas de se saisir de ces dossiers.