Les Covid-positifs en mode assignation à résidence

Le Parisien, 14 juillet 2021 (Live du jour)

L’avant-projet de loi incorporant les nouvelles dispositions sanitaires annoncées par Emmanuel Macron élargit le placement à l’isolement à toute personne positive au coronavirus, selon le texte que s’est procuré l’AFP mercredi. Le texte, actuellement soumis au Conseil d’Etat, introduit ainsi, si le test Covid est positif, le placement et le maintien en isolement pour 10 jours dans le lieu déclaré à l’examen.

Cette disposition était jusqu’ici réservée aux personnes entrant sur le territoire. Le respect de ce placement à l’isolement pourra être contrôlé par la police et la gendarmerie, la procédure étant placée sous le contrôle du juge des libertés et de la détention. Le projet prévoit le maintien d’une autorisation de sortie entre 10 heures et midi, ainsi que des adaptations possibles concernant « la poursuite de la vie familiale », « la condition particulière des mineurs » ou encore le cas de personnes dont la sécurité serait menacée pendant leur isolement.


Covid-19 : vers un isolement plus long et plus strict des
personnes positives

LCI, 15 juillet 2021

C’est une mesure qui n’a pas été évoquée par Emmanuel Macron lundi soir, mais qui figure bien dans l’avant-projet de loi incorporant les nouvelles dispositions qu’il a annoncées dans son allocution. Outre cette série de restrictions sanitaires – vaccination obligatoire des soignants, instauration d’un pass sanitaire pour accéder à des lieux du quotidien -, le chef de l’État veut mettre en place un isolement pendant 10 jours, contre 7 jusqu’ici, des cas positifs.

Cette durée était jusqu’ici réservée aux personnes entrant sur le territoire, notamment pour les voyageurs en provenance des 28 pays classés « rouge » en raison de leur situation sanitaire dégradée. Le respect de ce placement à l’isolement, qui devra se faire dans le lieu déclaré à l’examen, pourra être contrôlé par la police et la gendarmerie, la procédure étant placée sous le contrôle du juge des libertés et de la détention. « Un procès verbal sera dressé, avec une amende de 1000 euros qui peut être élevée à 1500 euros en fonction des majorations », détaille Alexandre Hervy, commissaire central adjoint à Paris.

Pour l’heure, seule la sécurité sociale s’assure par téléphone que l’isolement est respecté. Mais ce procédé n’est pas suffisamment contraignant d’après le Professeur Bruno Megarbane : « Afin de rendre la stratégie du ‘dépister, tracer, isoler’ efficace, il faut absolument que l’étape ultime soit respectée », alerte le chef de service en réanimation médicale et toxicologique à l’Hôpital Lariboisière (AP-HP). « Rien ne sert de se dépister si on ne s’isole pas à la fin, car on peut transmettre le virus à ses proches, au travail ou à ses amis. » Cet avant-projet de loi, actuellement soumis au Conseil d’État, prévoit le maintien d’une autorisation de sortie entre 10 heures et 12 heures, ainsi que des adaptations possibles concernant « la poursuite de la vie familiale », »la condition particulière des mineurs », ou encore le cas de personnes dont la sécurité serait menacée pendant leur isolement.

Cette décision, recommandée par les autorités scientifiques, devrait être adoptée lundi prochain au Conseil des ministres, puis examinée par le Parlement dans la semaine
, en même temps que l’adoption de la vaccination obligatoire des soignants et non-soignants au contact d’un public vulnérable, ainsi que la présentation d’un pass sanitaire pour accéder aux salles de spectacle et aux cinémas à partir du 21 juillet, et aux cafés, restaurants, centres commerciaux ou encore aux trains et avions à partir du 1er août prochain. 


Pourquoi les policiers sont-ils exemptés de vaccination
obligatoire ?

L’Obs, 13 juillet 2021

Contrairement aux personnels soignants et aux pompiers, les forces de l’ordre ne seront pas obligées d’aller se faire vacciner. Une décision qui suscite de l’incompréhension, et que le porte-parole du gouvernement peine lui-même à justifier.

A compter du 15 septembre, tous les personnels soignants et non soignants des hôpitaux, cliniques, Ehpad et maisons de retraite, les professionnels et bénévoles auprès des personnes âgées, y compris à domicile, ainsi que les pompiers ou les ambulanciers devront obligatoirement être vaccinés, a annoncé Emmanuel Macron dans son allocution du 12 juillet. Et ce, a-t-il expliqué, afin d’éviter une quatrième vague épidémique du très contagieux variant Delta. Une logique globale qui exclut toutefois les policiers et les gendarmes, qui seront eux bel et bien exemptés de vaccination obligatoire. Pourquoi donc, alors qu’ils sont eux aussi quotidiennement au contact des publics vulnérables au Covid-19 ?

Interrogé ce mardi matin sur Europe 1, le porte-parole du gouvernement Gabriel Attal a sorti les rames pour dégonfler la polémique montante. Le passe sanitaire, « c’est pour des personnels qui travaillent dans des lieux où le passe sanitaire est exigé pour les usagers », a-t-il insisté, précisant que « ce n’est pas la même situation » pour les policiers. Et de s’embourber, comme l’a soulevé « Libération », avant d’esquiver le sujet : « Les policiers ne travaillent pas dans les établissements… Enfin, ce n’est pas la même situation ! Les policiers sont certes au contact du public… » Une décision qui surprend d’autant plus que ce sont ces mêmes forces de l’ordre qui seront en charge de contrôler le passe sanitaire des personnes attablées au café ou à l’entrée de la plupart des lieux publics.

Pour rappel, un peu plus de 4 millions de personnes sont concernées par l’obligation vaccinale d’ici au 15 septembre. Si à cette date, elles demeurent non vaccinées, elles s’exposeront à des « sanctions », a averti Emmanuel Macron. La ministre du Travail Elisabeth Borne a précisé qu’elles prenaient le risque notamment de voir leur contrat de travail suspendu pour quelques semaines, le temps de se mettre en conformité, une « première étape » avant « une mise à pied », voire « un licenciement ».