Traversées de la Manche : Decathlon retire ses kayaks
de la vente à Calais et Grande-Synthe
France24/La Voix du Nord, 17 novembre 2021
Alors que les traversées de la Manche se multiplient ces derniers mois, les kayaks pouvant être utilisés par des migrants pour rejoindre les côtes anglaises ont été retirés de la vente dans les magasins Decathlon de Calais et Grande-Synthe, a indiqué l’enseigne, mardi 16 novembre, confirmant une information de la Voix du Nord.
« L’augmentation récente des tentatives de traversée a effectivement amené nos équipes de Decathlon Calais à s’interroger quant à la position à tenir sur la mise en vente de produits pouvant être détournés de leur usage sportif et servir d’embarcations pour traverser la Manche », affirme la marque sollicitée par le quotidien régional. L’enseigne spécialisée dans les articles de sport indique que « ce n’est pas la conception qui est donnée à ces produits, ni leur utilité première ». Decathlon indique que la décision a été prise « au magasin » et « validée par l’entreprise ».
De son côté, la préfecture du Pas-de-Calais indique qu’« aucune mesure d’interdiction n’est envisagée ». En juillet, cette même préfecture encadrait pourtant la vente à emporter de carburant, afin de limiter la possibilité aux migrants d’utiliser des embarcations équipées de moteurs hors-bord. La sous-préfète de Calais, Véronique Deprès-Boudier, avance la difficulté pour « encadrer juridiquement » une interdiction de vente d’embarcations légères.
Le kayak, pour les migrants les plus pauvres
Ce samedi à Marck, lors d’une distribution de petits-déjeuners aux migrants dormant dehors (le camp a été démantelé ce mardi matin), nous avions rencontré Abdel, 17 ans, et Mamadou, 18 ans. Persuadés que la traversée à la rame est possible, malgré les courants. « On se cotise entre nous pour acheter du matériel », avançaient-ils alors, avant d’affirmer. « Si l’embarcation se retourne, on finira à la nage, comme lorsqu’on est arrivé à Melilla (enclave espagnole dans le territoire marocain). On y arrivera si Dieu le veut. » En août 2020, un Soudanais de 28 ans s’était noyé à Sangatte après avoir tenté la traversée à bord d’un matelas pneumatique équipé de rames, acheté dans un magasin discount à Calais.
Kayaks, bateaux pneumatiques légers et paddles même sont les moyens de traversée des migrants les plus pauvres. Ce que confirme Bernard Barron, président de la Société nationale de sauvetage en mer (SNSM) à Calais. « Ceux qui utilisent ces embarcations, moins nombreuses que celles équipées de moteur, ne sont pas associés à un réseau de passeurs, ils achètent un kayak gonflable trois personnes pour 300 €. On a récupéré pas mal de migrants en difficulté sur des kayaks l’été dernier. »