[reçu par mail]
Excursions dans le monde d’après
Travaille, consomme et ferme ta gueule !
C’est le propre des technocrates et autres experts et expertes de considérer qu’un désastre est une opportunité. C’est le cas du président fondateur du Forum économique mondial de Davos, Klaus Schwab, qui profite de la pandémie mondiale du coronavirus de 2020 pour promouvoir sa restructuration de l’économie et proclamer la quatrième révolution industrielle. Il le fait aux côtés de Thierry Malleret, conseiller des PDG et des politiques, dans un ouvrage au titre explicite : Covid-19, la grande réinitialisation, publiée en juin 2020 par le Forum économique mondial. Il s’agit d’accélérer le développement du numérique et des nouvelles technologies, pour restructurer l’économie mondiale.
Si la réalité de la vie ne s’épuise pas dans la programmation du devenir par ces visionnaires, le développement de la cybernétique est bel et bien enclenché. Certains processus sont en cours et se sont accélérés avec la crise sanitaire, laissant craindre un nouveau pas vers la soumission à la méga-machine. Jamais n’aura été aussi pertinent cet énoncé de Lewis Mumford dans un chapitre sur le devenir des mégapoles :
« La civilisation moderne n’est plus qu’un véhicule gigantesque, lancé sur une voie à sens unique, à une vitesse sans cesse accélérée. Ce véhicule ne possède malheureusement ni volant, ni frein, et le conducteur n’a d’autres ressources que d’appuyer sans cesse sur la pédale d’accélération, tandis que, grisé par la vitesse et fasciné par la machine, il a totalement oublié quel peut être le but du voyage. Assez curieusement on appelle progrès, liberté, victoire de l’homme sur la nature, cette soumission totale et sans espoir de l’humanité aux rouages économiques et techniques dont elle s’est dotée. L’homme, qui s’est assuré une domination incontestable sur toutes les espèces animales d’une taille supérieure à celle des virus et des bactéries, s’est avéré incapable de se dominer lui-même ».
Les virus, justement, viennent rappeler la fragilité de la civilisation moderne. La crise sanitaire et ses mesures de contrôle ont mis nos sociétés à nu : la priorité est de produire et de consommer « essentiel », le reste étant relégué à des agréments inutiles. Se rencontrer, participer à des collectifs, se balader, profiter d’un spectacle ou d’une exposition sont quelques exemples d’activités support de la vie sociale pourtant considérés comme des ajouts suppressibles selon les circonstances. Les prothèses technologiques sont venues se substituer aux pratiques concrètes, mettant en jeu les corps et la rencontre physique. Jamais le slogan « Travaille, consomme et ferme ta gueule » n’avait été si pertinent.
Continuer la lecture de Tract : Excursions dans le monde d’après