La Voix du Nord, 21 avril 2022 (extrait)
Six hommes s’étaient fait la belle dans la soirée du 16 avril, du centre de rétention de Lesquin. L’escapade aura été de courte durée. L’un après l’autre, les évadés ont été repris et jugés cette semaine. Le cinquième comparaissait ce vendredi. Le sixième reste en fuite.
« On a traversé les champs jusqu’à l’aéroport »
Sanction : trois mois pour la soustraction à la rétention administrative par un étranger et un cumul de deux sursis probatoires révoqués. Au total : treize mois derrière les barreaux.
Au tribunal, ce mercredi, ils sont trois dans le box, jugés pour « soustraction à une rétention administrative par un étranger ». L’escapade de W., 20ans, D. et A., 30 ans, n’aura duré que quelques heures de plus que celle de H. jugé la veille. Le président est le même, Mikaël Simoens connaît déjà les circonstances de l’évasion mais va la décrypter, images de vidéosurveillance à l’appui. Un petit groupe apparaît à l’écran. Deux hommes frappent une porte à coups de pied et tentent de crocheter la serrure : « À 21h53, la porte finira par s’ouvrir » indique le président. À l’image, six hommes escaladent à tour de rôle les grillages, avant de disparaître.
W. est l’un des deux hommes qui a fait sauter la serrure à coups de pied. Il est poursuivi avec la circonstance aggravante d’effraction. Il a été arrêté le 18 avril à l’aube, par une patrouille de la Bac, boulevard de la Moselle. Il allait chez sa compagne. Comme H. la veille, les deux autres seront interpellés chez des proches : une compagne à Faches-Thumesnil pour D., un frère à Beauvais pour A.. En défense, Me Nora Missaoui et Salomé Minassian plaideront « l’appel de la liberté » pour des jeunes hommes en grande précarité.
Le tribunal a suivi les réquisitions de la procureure Candice Diallo. W. a été condamné à cinq mois de prison. A. a été condamné à trois mois de prison tout comme D. qui voit s’ajouter huit mois de sursis révoqué. Tous trois ont été incarcérés.
jugé et condamné ce vendredi
Nord Eclair, 22 avril 2022
Six hommes s’étaient fait la belle dans la soirée du 16 avril, du centre de rétention de Lesquin. L’escapade aura été de courte durée. L’un après l’autre, les évadés ont été repris et jugés cette semaine. Le cinquième comparaissait ce vendredi. Le sixième reste en fuite.
Dans la soirée du 16 avril, six jeunes hommes détenus au centre de rétention administrative de Lesquin s’évadent après avoir réussi à ouvrir une porte donnant sur la cour de promenade, et à escalader les deux grillages d’enceinte. Au tribunal, tous raconteront la même histoire. Une envie soudaine de liberté, le refus d’être renvoyé dans leurs pays de naissance, alors qu’ils avaient en France un semblant de vie, malgré une situation administrative irrégulière.
Pour les retrouver, les policiers n’auront pas eu à chercher bien loin. À l’exception d’un seul, croisé sur un boulevard à Lille, les quatre autres jugés cette semaine, auront trouvé refuge chez un proche.
Huit mois d’emprisonnement
Vendredi, le tribunal de Lille jugeait le cinquième arrêté, la veille. W., Tunisien de 23 ans a été repéré chez sa mère à Tourcoing. Ce jeudi, quand les fonctionnaires décident d’intervenir, le fugitif tente de leur échapper en passant par le balcon. Il sera néanmoins interpellé et cette arrestation difficile concentre les débats à l’audience.
W. est aussi jugé pour rebellion. Trois policiers ont été blessés avec des incapacités de trois, cinq et quinze jours (suspicion de lésion d’un ligament du genou). Pour Me Nicolas Debavelaere, leur avocat, « ces trois policiers ont trop lourdement payé le fait de faire simplement leur métier ». A chaque question du président Benoît Blanchy, le prévenu conteste. En défense, Me Thomas Sebbanne plaidera que les blessures sont moindres si on les compare « au déferlement de violence qui est décrit et qui a nécessité deux coups de taser ». L’avocat note des « incohérences dans les dépositions » et plaide la relaxe sur la rébellion.
Le parquet avait requis quinze mois d’emprisonnement , le tribunal a condamné W. à trois mois de prison pour l’évasion et cinq mois pour la rébellion. À sa sortie de prison, le prévenu aura une interdiction du territoire français pendant deux ans.