A propos de la fermeture du champ de tir de la police d’Atlanta
Traduit de l’anglais de Scenes from the Atlanta forest,
23 novembre 2022
Dans la soirée du samedi 19 novembre, des militants munis de tronçonneuses ont pris des mesures pour fermer le champ de tir de la police d’Atlanta (APD) dans la forêt de Weelaunee, où la police s’entraîne chaque semaine à tuer et mutiler les habitants d’Atlanta. Quelques petits arbres ont été abattus de manière sélective afin de bloquer sa route d’accès. L’un des arbres abattus a touché une ligne électrique qui alimente le champ de tir en électricité, ce qui a provoqué une surtension qui a fait sauter un transformateur et désactivé les caméras, qui ont ensuite été détruites par le feu et des marteaux. La ligne électrique ne dessert que le champ de tir. Aucune zone résidentielle n’a été touchée par la panne.
Au milieu du champ de tir se trouve un bus scolaire jaune. Les vitres sont brisées par des impacts de balles et des munitions –grenades flash et gaz lacrymogènes– gisent sous les sièges. Son rôle sur le champ de tir est clair : la seule « protection » offerte par la police est la violence et la mort.
La décision de couper un arbre vivant ne doit jamais être prise à la légère. La présence permanente du stand de tir est un affront à la forêt et à tous ceux qui vivent à l’intérieur ou à proximité ; les coups de feu et les explosions à toute heure du jour et de la nuit, les munitions au plomb toxique qui empoisonnent le sol et s’infiltrent dans l’eau, la façon dont les personnes à la peau noire ou brune [Black and brown people, NdT] vivant à proximité sont contraints d’écouter quotidiennement la police s’entraîner à les assassiner.
Par rapport à ces impacts et au projet de la Fondation de la police d’Atlanta de détruire toute la forêt, nous comprenons l’abattage de ces quelques arbres comme la défense de la forêt. À l’heure où le modèle américain de police militarisée est activement exporté dans le monde entier pour faciliter la destruction de l’Amazonie et d’autres des dernières grandes forêts et bastions indigènes qui se dressent entre nous et l’extinction massive, nous savons que si ces arbres pouvaient parler, ils diraient « j’emmerde la police » et se porteraient volontiers volontaires pour tomber et les écraser.
Depuis la fermeture du stand de tir, la forêt de Weelaunee n’a pas été calme –même les bois froids de novembre sont pleins de vie et de bruit– mais elle a été plus paisible sans que la police ne la remplisse des sons de la guerre. Nous espérons que tous les habitants de la forêt et du quartier environnant pourront mieux se détendre dans ce silence relatif, mais nous devons être clairs : nous n’avons pas fait cela pour eux.
Nous avons entrepris cette action pour les morts – pour Rayshard Brooks et toutes les personnes tuées par la police d’Atlanta, pour tous les révolutionnaires assassinés, pour les Muskogee qui ont été chassés de cette terre, pour toutes les personnes réduites en esclavage qui ont vécu et sont mortes sur la plantation ici, pour tous les prisonniers tués par les gardiens de l’ancienne ferme-prison et enterrés dans des tombes non marquées dans la forêt. Cette forêt est la leur et nous ne permettrons pas à la police de la profaner par sa présence.
Nous ne permettrons pas à la police d’écraser au bulldozer l’histoire de ses propres crimes.
La terre se souvient. Nous nous en souvenons. La ville des flics [Cop City] ne sera jamais construite.