Une éducatrice de la Protection judiciaire de la jeunesse
parle des jeunes qu’elle aide et des émeutes
La Voix du Nord, 7 juillet 2023 (extrait)
Parmi les victimes des émeutes qui ont touché la métropole lilloise, une éducatrice de la Protection judiciaire de la jeunesse. Elle a le sentiment d’avoir été trompée par ces jeunes qu’elle aide quotidiennement. Et a accepté de répondre à nos questions, sous couvert d’anonymat.
Le matin qui a suivi la deuxième nuit d’émeutes après la mort de Nahel, Sylvie (prénom d’emprunt) a déposé plainte pour l’incendie de son véhicule dans un commissariat de la métropole lilloise. Au policier qui la recevait, elle exprimait son désarroi, d’autant plus grand qu’elle aide tous les jours des jeunes. Sylvie est éducatrice à la Protection judiciaire de la jeunesse (après des années dans des structures sociales) et a le sentiment d’un mauvais renvoi d’ascenseur.
Elle a accepté de s’exprimer sur les émeutes, sur ces jeunes en difficultés et sur ce qui les pousse à agir. (extrait)
Comment ont-ils réagi aux émeutes ? « D’abord, ils ont dit que c’était bien fait pour les commissariats, les bâtiments publics. Ils ont une haine envers la police, l’État. Mais je leur ai parlé de ma voiture et ils ont trouvé que ce n’était pas juste. Je leur ai demandé s’ils voulaient l’anarchie et qu’on les laisse tout faire. Ce n’est pas en brûlant qu’ils vont se faire entendre. Ils m’ont répondu que sinon personne ne faisait attention à eux. Mais plus on travaille avec eux et plus leur regard change. »