Vale NC déplore de nouvelles exactions sur le site du Grand Sud
11 février 2021
Le collectif Usine du Sud = Usine Pays avait appelé à un rassemblement sur l’eau en Baie de Prony aujourd’hui au nom de la préservation de l’environnement. Une journée teintée de violences et dégradations sur le site industriel du grand sud calédonien.
Des incendies, des jets de pierres, des bateaux qui accostent sur le quai général de l’usine du sud… Par voie de communiqué, Vale NC dénonce des actes qui s’appuient sur « le prétexte environnemental ». Le collectif USUP avait donné rendez vous ce matin, par le biais des réseaux sociaux, en Baie de Prony « à tous les amoureux de la mer et de nos récifs » pour un événement baptisé « un environnement sain pour un climat de paix ».
L’industriel se fait l’écho de la journée et veut dénoncer les dérives et dégradations observées sur place. Il précise par voie de communiqué que « ces manifestations sont accompagnées d’actes violents, d’exactions comme des incendies. Ces actes là ne doivent pas rester cachés, et personne ne pourra les justifier d’une quelconque motivation à préserver l’environnement ». Confirmés par le procureur de la République, les faits n’ont donné lieu à aucune interpellation aujourd’hui.
Vale Nouvelle-Calédonie dénonce «une violence quotidienne», et renforcée, contre l’usine du Sud
3 février 2021
Dans un dossier de neuf pages diffusé lundi soir, Vale Nouvelle-Calédonie recensait les violences dont l’usine du Sud -salariés, bâtiments, matériels…- fait l’objet depuis des semaines, «dans une très large indifférence». Mardi soir, le parquet a fait le point sur le volet judiciaire.
Non, le calme n’est pas revenu à l’usine du Sud, «c’est non seulement faux mais surtout, ces violences ne cessent de franchir de nouvelles limites dans une très large indifférence.» Voilà le message que Vale Nouvelle-Calédonie a choisi de transmettre lundi soir, sous la forme d’un communiqué éloquent, étoffé de chiffres et de photos. Ils «démontrent la violence régulière et insupportable que subissent les salariés de Vale NC et ses sous-traitants depuis plus de deux mois», martèle l’industriel.
Au lendemain de cette communication, c’est le procureur de la République qui s’est exprimé sur le sujet pour dresser le bilan judiciaire de ces affaires.
Et de dresser une chronologie de ces exactions, après la tentative d’attaque survenue le jeudi 10 décembre, qui avait conduit à de très lourds dégâts, à la mise à l’arrêt et à l’évacuation des salariés. «Depuis cette date, assure Vale NC, le belvédère surplombant la zone Sud-Est du site a été investi par des opposants, au départ armés de frondes. Puis ces individus ont installé un lance-pierre fixe à grande portée, et commencé à brandir tour-à-tour un arc à poulie, ou une arme de poing.» Des images sont fournies pour étayer le propos.
Selon leur employeur, «les salariés présents sur cette zone sont la cible d’insultes, de menaces de mort, de caillassages». La filiale de Vale rappelle qu’un agent de sécurité a été blessé à la tête par des coups de barres de fer. Or, assure-t-elle, «cette violence sur le site s’est encore renforcée depuis quelques jours, avec une utilisation de cocktails Molotov et d’armes à feu, ainsi que des mises à feu volontaires de la végétation».
Vale NC évoque :
- «44 agressions (caillassages, destructions) répertoriées» depuis la tentative d’assaut du 10 décembre ;
- «plus de deux milliards CFP de dommages directs, et des dommages indirects au moins cinq fois plus élevés» ;
- 22 interventions des pompiers du site contre des incendies «volontaires» (quatre bâtiments de bureaux côté usine et sur mine; une partie des vestiaires, et de l’atelier mine, et un stock d’huiles attenant ; dix-sept véhicules légers et plusieurs engins miniers ; «plus de cent millions en valeur» de stocks de pneus ; des tuyaux et lignes haute tension) ; plus récemment, des zones de maquis minier à proximité de la mine et de l’usine.
La société souligne que des saccages et vols ont aussi concerné les bureaux de sous-traitants sur l’usine dits « SMP3 », les installations d’entrée à la mine et à l’usine, les bâtiments support de la pépinière et du service géologie, ainsi qu’un certain nombre d’engins de sous-traitants et de véhicules légers. L’entreprise décrit l’action d’agresseurs «extrêmement organisés», en équipes, avec un «système de guetteurs», qui «ont mis en route un drone d’observation», «disposent d’armes à feu et n’hésitent pas à tirer».
Et de donner des exemples : «Après notamment l’attaque […] d’un salarié d’une société de sécurité le 5 janvier, le site a mis en place des drones d’observation afin de prévenir les intrusions. L’un de ces drones a été endommagé le 27 janvier par des tirs de carabine de type calibre 22.» Ou encore: «Le 30 janvier, les agresseurs n’ont pas hésité à utiliser des armes à feu contre des gendarmes qui s’opposaient à leur intrusion sur mine, puis lors d’incidents près du barrage Sud.»
Mardi soir, ces faits récents ont été confirmés et précisés par le procureur de la République. «Samedi 30 janvier, les gendarmes mobiles ont été visés par des tirs d’arme à feu et de nouveaux faits de caillassage», relate Yves Dupas. «Lors d’une opération d’interpellation, deux personnes mises en cause ont été interpellées, et déférées au parquet [lundi], en fin de journée.»
Poursuivies pour violences avec armes (en l’occurrence des pierres) sur quatre salariés de Vale, et violences sur les gendarmes mobiles par le même procédé, ces personnes qui n’avaient pas d’antécédent judiciaire ont été condamnées aux peines suivantes : six mois d’emprisonnement, assorti d’un sursis probatoire durant deux ans comprenant l’interdiction de paraître sur la commune du Mont-Dore, l’obligation d’effectuer 170 heures de travail d’intérêt général, celle d’indemniser les salariés de Vale qui se sont constitués partie civile, avec assistance d’un avocat, et la peine complémentaire d’interdiction de détenir ou porter une arme durant cinq ans.
Dans son communiqué fleuve, l’industriel accuse encore : «les agresseurs empêchent les équipes de protéger et de sécuriser». Il cite des caillassages visant des pompiers qui essayaient d’éteindre un feu de végétation devant le site, le 27 janvier. «Les cibles ne sont pas choisies au hasard et les attaques sont préméditées», affirme-t-il encore. Rappelons que la date du vendredi 12 février a été donnée comme limite à la transaction avec le consortium Prony Resources, dans lequel figure le Suisse Trafigura.
Côté justice, par le biais du procureur, le bilan chiffré «des infractions commises sur le site de Prony depuis le 6 décembre» donne ceci:
- «48 procédures diligentées par la section de recherches de la gendarmerie, dont 45 toujours en cours, visant notamment des faits de violences avec arme sur les forces de l’ordre, violences avec arme sur les salariés de Vale, destruction de biens par incendie ou moyen dangereux pour les personnes»;
- «cinq opérations d’interpellations sur le site dans le cadre des procédures judiciaires, ayant conduit au placement en garde à vue de quatorze personnes mises en cause»;
- neuf personnes déférées au parquet dont un mineur, avec un mis en cause majeur «condamné à une peine d’emprisonnement ferme avec incarcération immédiate, pour avoir tiré sur les gendarmes avec une arme d’épaule»;
- «sur les quatorze personnes placées en garde à vue, six ont fait l’objet d’une remise en liberté aux fins de poursuite d’enquête, ce qui signifie qu’elle peuvent être de nouveau convoquées par rapport à d’éventuels éléments à charge pouvant ressortir des actes d’enquête toujours en cours»;
- «six personnes identifiées comme ayant participé aux faits commis sur le site sont actuellement recherchées».
«Pour une large majorité des prévenus», détaille le procureur, «il s’agit de faits de violences sans incapacité de travail, par projection de pierres sur les forces de l’ordre, ayant donné lieu à une orientation des poursuites dans le cadre d’une comparution sur reconnaissance préalable de culpabilité. Suivie du prononcé, pour les primo-délinquants, des peines d’emprisonnement avec sursis, ou avec sursis probatoire comprenant une interdiction de paraître sur le site de Prony et l’exécution d’un travail d’intérêt général. Et la peine complémentaire d’interdiction de détenir ou de porter une arme durant cinq ans.»