Royaume-Uni : déportation des demandeurs d’asile vers le Rwanda

La justice britannique autorise l’expulsion de demandeurs
d’asile vers le Rwanda

Le Monde/TV5 Monde, 11 juin 2022 (extraits)

A quelques jours des premiers départs prévus, la justice britannique a autorisé, vendredi 10 juin, le projet controversé du gouvernement d’envoyer au Rwanda des demandeurs d’asile, rejetant le recours d’associations de défense des droits humains. Le juge de la Haute Cour de Londres, Jonathan Swift, qui examinait l’affaire en urgence, a estimé « important, dans l’intérêt public, que la ministre de l’intérieur puisse mettre en œuvre des décisions de contrôle de l’immigration ».

En vertu de cet accord, Londres financera dans un premier temps le dispositif à hauteur de 120 millions de livres (144 millions d’euros). Le gouvernement rwandais a précisé qu’il proposerait aux migrants la possibilité « de s’installer de manière permanente au Rwanda s’ils le souhaitent ».

En envoyant des demandeurs d’asile à plus de 6 000 kilomètres de Londres, ce qui rappelle la politique menée par l’Australie, le gouvernement conservateur compte dissuader les traversées clandestines de la Manche, toujours plus nombreuses. Depuis le début de l’année, plus de 10 000 migrants ont traversé illégalement la Manche pour atteindre les côtes britanniques sur de petites embarcations, une hausse considérable par rapport aux années précédentes.

Selon l’organisation Care4Calais, quelque trente-cinq Soudanais, dix-huit Syriens, quatorze Iraniens, onze Egyptiens, mais aussi neuf Afghans ayant fui les talibans, font partie des plus de 130 demandeurs d’asile qui se sont vu notifier leur possible départ. Selon l’avocat du gouvernement britannique, Mathew Gullick, trente-deux migrants doivent être envoyés au Rwanda dès la semaine prochaine, et d’autres vols devraient suivre lors des prochains mois.


Immigration : le Danemark songe aussi à la sous-traitance de ses demandeurs d’asile au Rwanda
JDD, 12 juin 2022

L’externalisation du droit d’asile pourrait bientôt ne pas être l’apanage des seuls Britanniques. Ainsi, le Danemark, après avoir voté en 2021 une loi autorisant cette « sous-traitance », a-t‑il lui aussi entamé en avril des discussions avec le Rwanda. D’autres pays africains, comme l’Éthiopie et la Tunisie, auraient aussi été approchés.

Si les négociations aboutissaient, le pays nordique serait le premier membre de l’Union européenne à y avoir recours même si Bruxelles a, en 2016, passé un accord avec la Turquie pour qu’elle garde sur son territoire des millions de migrants en échange notamment de 6 milliards d’euros. Selon les spécialistes de la question migratoire, le projet danois pourrait néanmoins se heurter à l’opposition de la Cour européenne des droits de l’homme.