Vers l’ouverture de camps militaires pour « redresser » les mômes dans les colonies

Gérald Darmanin veut un encadrement militaire pour les
mineurs délinquants dans les territoires d’outre-mer

Le Monde/AFP, 22 août 2022

Gérald Darmanin veut s’attaquer à la délinquance des mineurs à Mayotte. En visite sur l’île, le ministre de l’Intérieur et des Outre-Mer a annoncé lundi 22 août qu’il allait faire des propositions pour ouvrir « des lieux de rééducation et de redressement » pour les mineurs délinquants, encadrés par des militaires. Il reprend une proposition faite par Emmanuel Macron lors de la dernière campagne à l’élection présidentielle et fera des propositions au chef de l’Etat « dès la semaine prochaine ».

« Les policiers et les gendarmes que j’ai décorés aujourd’hui évoquaient des mineurs de 12, 11, 10 ans, qui avaient des machettes, des haches, et attaquaient les policiers et les gendarmes », a-t-il déclaré lundi soir devant la presse, à l’issue d’une journée de visites sur cette île de l’océan Indien, coincée entre le Mozambique et Madagascar. « Aujourd’hui, les magistrats, et c’est bien normal, les libèrent, puisqu’on ne met pas les enfants en prison (qui est l’école du vice quand on a cet âge-là), mais il faut pourtant leur offrir un lieu de sanction et d’éducation, j’allais dire de rééducation », a-t-il poursuivi.

M. Darmanin a rappelé qu’il s’agissait d’une promesse de campagne d’Emmanuel Macron, qui, a-t-il semblé regretter, n’avait « pas été beaucoup discutée ». « Des lieux encadrés par des militaires, qui sont des lieux de rééducation, de redressement d’une partie des enfants, des adolescents très jeunes, qui n’ont pas de parents, ou si peu. On l’a vu un peu à La Réunion, on le voit beaucoup ici à Mayotte. »  De son côté, Eric Dupond-Moretti avait annoncé jeudi l’ouverture d’ici 2024 d’un Centre éducatif fermé (CEF) à Mayotte, mais ces lieux sont destinés à des jeunes de 13 ans et plus.

Le ministre de l’intérieur a également demandé au directeur général de la police nationale « d’étudier la possibilité d’utiliser des armes intermédiaires », comme celles qui l’ont été pendant des émeutes à Mayotte, lors d’échauffourées mêlant des mineurs. Il a dit de nouveau : « Evidemment, quand on appréhende des mineurs, même extrêmement violents, il n’y a pas la possibilité de tirer à balles réelles, comme on le ferait lorsqu’on est attaqué par des personnes adultes. »

Dimanche, en arrivant à Mayotte, Gérald Darmanin, qui mène une offensive sur le thème de l’immigration depuis le début de l’été, a en outre suggéré de durcir encore l’attribution de la nationalité française aux enfants nés sur l’île, en proie à une forte pression migratoire des Comores voisines. Il souhaite « suspendre le droit du sol tel qu’il existe à Mayotte ». Depuis 2018, un enfant né de parents étrangers sur l’île ne peut acquérir la nationalité française que si l’un de ses parents réside sur le territoire de manière régulière et ininterrompue depuis plus de trois mois avant sa naissance. Ce délai doit passer à « un an », a souhaité M. Darmanin. Cette entorse au droit du sol, qui fait de ce département français une exception, avait suscité de vifs débats à l’Assemblée nationale en juillet 2018, y compris au sein de la majorité.