« Papa aimant arrive dans la famille nucléaire »

Quelques nouvelles du projet International Thermonuclear Experimental Reactor (ITER), basé à Cadarache (70km de Marseille). Le rêve de toute-puissance continue, les transports pharaoniques sont déjà là. Nike le nuke.

On apprend via Le Monde, ce mercredi 2 novembre que la Russie vient d’envoyer vers Marseille une « bobine de champ poloïdal », soit un gigantesque aimant de 200 tonnes et de 9 mètres de diamètre pour participer au projet nucléaire ITER. La cargaison est partie le 1er novembre et devrait arriver d’ici une quinzaine de jours. Ce qui dérange le plus les journaflics du Monde, en tous cas qui nous vaut leur écrit, c’est le fait que ce transfert ne prend pas en compte l’embargo actuel de la Russie suite à la guerre en Ukraine. Car selon Leonid Khimchenko, directeur adjoint pour les questions techniques au Centre ITER en Russie, quand il s’agit des intérêts nucléaires des états « Nous sommes tous une même famille ». Nous voilà rassurés.

Alors quel est ce projet international qui nous vaut tant de bons sentiments ? C’est ITER, un projet de recherche dont le site, Cadarache, se trouve aux portes de Marseille, ou plus exactement à 70km, à côté de Manosque et de Ste-Tulle. Des scientifiques aussi ingénieux qu’ambitieux ont trouvé une nouvelle idée pour nous ménager un avenir avec toujours plus d’énergie nucléaire : construire un gigantesque donut en métal, appelé le « Tokamak » dans lequel ils prévoient de produire du plasma pour créer une fusion nucléaire, pour essayer d’imiter… le soleil, en toute humilité.

Ce projet international a été lancé en 1986, et suite à de longues négociations la France fut l’heureuse élue pour l’accueillir. Le montage du site a commencé en 2010, et c’est depuis 2018 que les pièces pour le Tokamak commencent à être acheminées. D’après les prévisions et avec déjà plus de 10 ans de retard, les machines ITER seraient opérationnelles en 2035.

Ce convoi transportant un des 6 aimants géants nécessaires au projet n’est donc ni le premier, ni le dernier. En effet depuis 5 ans 300 convois ont été acheminés vers Cadarache. L’arrivée se fait par bateau à Fos-sur-mer puis par barges jusque Berre où ils bloquent 75 km de routes de nuit entre Berre et Cadarache avec des camions circulant entre 5 et 30 km/h, mettant entre 2 et 5 nuits pour acheminer leur précieuse et fragile marchandise.

75 km à 5 km/h c’est long et lent, presque aussi poussif qu’un repas familial. Heureusement qu’on peut toujours y inviter ses mauvaises fréquentations.

(Trouvé sur mars-info, 8 novembre 2022)