Partout : 2e nuit de rage émeutière suite à l’assassinat policier de Nahel [Re-MàJ]

[Cette deuxième nuit d’émeute consécutive du mercredi 28 au jeudi 29 juin après celle d’hier suite à l’assassinat policier de Nahel à Nanterre (Hauts-de-Seine) le 27 juin, s’est encore étendue à de nombreuses villes supplémentaires, multipliant également le nombre et le type de cibles.  Au-delà des affrontements avec la police et des voitures brûlées, on trouvera ci-dessous une recension non-exhaustive des bâtiments incendiés, pillés ou attaqués à travers tout le pays, allant des comicos aux mairies, des centres sociaux aux médiathèques, des supermarchés aux stations de métro et trams, non sans oublier l’entrée de la prison de Fresnes ou le tribunal d’Asnières-sur-Seine…]

Quelques chiffres

2377 incendies ont été recensés sur la voie publique la nuit du 28 au 29 juin, selon une source policière citée par Le Parisien. Parmi eux, 609 véhicules et 114 bâtiments ont été touchés. 27 attaques de locaux de la police nationale ont également été rapportées (dont 7 par incendie), 4 casernes de la gendarmerie, 14 locaux de police municipale (dont 10 incendies). Au moins huit mairies ont été incendiées ou dégradées, 6 écoles et six bâtiments publics.133 membres des forces de l’ordre ont été blessés, dont 123 policiers et 10 gendarmes.


Pour le plaisir…

* Airparif écrit ce jeudi que « des niveaux importants de particules (PM10 + PM2.5) ont été constatés dans l’air cette nuit et ce matin » en Île-de-France, et que cette « hausse sur la région est principalement liée aux émissions en lien avec les émeutes ». Ce genre de pollution peut être due aux nombreux incendies qui ont eu lieu dans la nuit.


Transports en commun en Ile-de-France

Deux rames de tramway ont été cramées dans les Hauts-de-Seine. L’une de la ligne T6 à Clamart, à l’arrêt Georges Pompidou. « Les caténaires ont brûlé, le tram est encastré dans les rails. On va désencastrer la rame cet après-midi (jeudi) mais les travaux vont prendre des semaines », a détaillé une responsable. L’autre rame qui a été incendiée, est celle du tramway T10, qui venait tout juste d’être inauguré samedi dernier, à Châtenay-Malabry.

De plus, 11 bus ont été brûlés dans toute l’Île-de-France, dont trois  en Seine-Saint-Denis et à Viry-Chatillon, au niveau du carrefour dit du Fournil. « Une quinzaine d’individus sont montés dans le bus, ont fait sortir tout le monde et puis ils ont mis le feu au véhicule », relate le maire. « Ensuite ils sont allés dans la rue pour mettre le feu à plusieurs poubelles ».

Clamart (Hauts-de-Seine), nuit du 28 au 29 juin 2023 : le tramway de la ligne T6


Bourgogne Franche-Comté

Montbéliard (Doubs), nuit du 28 au 29 juin 2023 : les engins du chantier de la société d’HLM Néolia

* Doubs. Des événements de violence urbaine se sont déroulés dans la nuit de mercredi à jeudi à Montbéliard, à Valentigney, à Audincourt et, dans une moindre mesure, à Besançon et à Pontarlier. A Montbéliard, dans la cité des Princes, rue Mozart, trois engins ont été incendiés sur un chantier géré par l’organisme HLM Néolia. Les dégâts, sur ce sinistre, sont estimés à plus d’un million d’euros. Conséquences : le chantier est à l’arrêt.


Grand-Est

Nancy (Meurthe-et-Moselle) nuit du 28 au 29 juin 2023 : le comico du quartier du Haut-du-Lièvre sent le cramé

* Nancy (Meurthe-et-Moselle) : La police a été prise pour cible dans le quartier du Haut-du-Lièvre à Nancy cette nuit. Un ou des objets incendiaires ont été lancés, notamment contre le poste de police nationale.
A Mont-Saint-Martin, la bibliothèque a été incendiée, l’école maternelle a subi des dégradations et plusieurs véhicules ont été incendiés. Le collège Anatole-France a également été touché, et, surtout, l’antenne locale du service d’éducation spécialisée et d’aide à domicile (Sessad).

Schiltigheim (Alsace), nuit du 28 au 29 juin 2023 : 17 caisses flambées sur le parking de Leclerc

* Strasbourg (Alsace) : Plusieurs quartiers de Strasbourg ont été le théâtre de violences urbaines dans la nuit de mercredi 28 à jeudi 29 juin : 66 voitures ont été incendiées dont 17 sur le parking de l’hypermarché Leclerc à Schiltigheim, dans le quartier des Écrivains.

Remiremont (Vosges), nuit du 28 au 29 juin : trois des six voitures du collabo para-étatique en cendres

* Remiremont (Vosges) : vers 2h du matin, six voitures sont incendiées ou défoncées dans le quartier du Rhumont. Elles appartenaient toutes à la Fédération médico-sociale (FMS) des Vosges, une grosse structure para-étatique qui s’occupe d’insertion par le travail et de mineurs.


Sud-ouest

Lormont (Gironde, nuit du 28 au 29 juin : dans cette banlieue de Bordeaux, l’Espace citoyen hébergeant des services municipaux a été réduit en cendres dans la nuit

A Lormont (Gironde), les premières tensions ont commencé aux alentours de 23 heures dans le quartier de Génicart notamment, où plusieurs feux de poubelles et de mobilier urbain ont été allumés sur les routes afin de bloquer la circulation. Un peu plus loin, des véhicules ont été incendiés derrière l’école élémentaire Albert Camus. Mais les images les plus impressionnantes sont celles de l’incendie de L’Espace citoyen, un bâtiment municipal logé dans l’imposant château Génicart, qui a pris feu aux alentours de minuit, et dont les flammes atteignaient plusieurs mètres de haut. Entre 2 et 3 heures du matin, plusieurs dizaines d’individus, plutôt jeunes selon le maire, ont investi le site pour le vandaliser et y mettre le feu. « Cela va prendre deux ou trois ans avant qu’il ne réouvre », pronostique, las, le maire Jean Touzeau.

Bordeaux (Gironde, nuit du 28 au 29 juin : le parking relais de la station de tramway des Aubiers réduit en cendres

A Bordeaux même, plusieurs infrastructures ont été dégradées, notamment les stations de tramway Aubiers et Grand Parc ainsi que les arrêts de bus à proximité, et le parking relais des Aubiers. Du mobilier urbain a aussi été touché et des feux de poubelles allumés dans le quartier de La Benauge, sur la rive droite de Bordeaux.
Concernant le parking-relais des Aubiers, « la loge d’accueil a été incendiée et des dégâts importants sont à déplorer sur les équipements d’exploitation », annonce Keolis. Le parking-relais Aubiers « est désormais fermé pour une durée interminée, le temps que les expertises et les réparations soient réalisées ».


Nord

Amiens (Somme), nuit du 28 au 29 juin : deux bus réduits en cendres
Amiens (Somme), nuit du 28 au 29 juin : les locaux de l’association d’insertion Synapse 3i…
… le centre de loisirs l’Odyssée, à Amiens Nord…
… et la médiathèque en construction dans le quartier d’Étouvie…

Plusieurs attaques ont eu lieu à Amiens (Somme) cette nuit.
Le président du Département déplore la longue liste des bâtiments publics et biens privés détruits dans cette ville : « C’est avec stupeur et émotion que nous constatons, ce jeudi, les dégâts d’une nuit de violences extrêmes dans plusieurs quartiers d’Amiens. Plusieurs bâtiments publics ont été la cible d’incendies volontaires : la mairie de secteur Nord Atrium, le centre d’animation jeunesse L’Odyssée, une partie de la piscine Le Nautilus [sa partie administrative], le gymnase qui abritait le club de boxe française ou encore la future médiathèque Ouest, projet important pour le quartier Etouvie et qui était sur le point de voir le jour. Des commerces ont été dégradés. Plusieurs véhicules, des bus, des voitures, et les locaux de Synapse 3I, association d’insertion soutenue par le conseil départemental de la Somme, ont été également incendiés. » Deux bus ont aussi été incendiés, dont un fumait encore près de la place du Colvert jeudi matin.

Wattrelos (Nord), nuit du 28 au 29 juin : le centre social de la Mousserie clôt définitivement ses portes

Dans le Nord, les équipements publics de Wattrelos ont particulièrement été pris pour cible par les émeutiers, dans la nuit de mercredi à jeudi. Le premier point de tension était le centre social de la Mousserie, pourtant fermé depuis le début de l’année pour cause de fissures. Il a été ravagé par les flammes. Alors que les pompiers luttaient contre l’incendie, vers 3 h du matin, ils ont été pris à partie par une bande de jeunes, qui leur a lancé des projectiles et les a pris pour cible – eux et leurs véhicules – avec des mortiers d’artifice.

Wattrelos (Nord), nuit du 28 au 29 juin : pillage puis incendie du Lidl

Après cette intervention avortée, le déplacement des soldats du feu s’est alors calculé en centaines de mètres : à quelques pas, le magasin Lidl, boulevard des Couteaux, a été complètement détruit par les flammes, non sans avoir été pillé auparavant. Vers 4 h du matin, les pompiers (venus de toute la métropole lilloise) tentaient encore d’éteindre l’incendie au moyen de deux grandes échelles. De ce magasin de hard-discount, inauguré en 2016 sur la route reliant Wattrelos à Tourcoing, il ne reste plus qu’un amas de tôle et de vitres fondues.

Un autre supermarché Lidl, à Roubaix, a été pillé. Deux mairies annexes ont été saccagées à Roubaix.

Tourcoing (Nord), nuit du 28 au 29 juin : incendie du Pôle Santé Travail

A Tourcoing, une école a été incendiée, des banques ont été prises pour cible, et le Pôle Santé Travail (qui comprenait 18 cabinets médicaux, 1 200 m²) est intégralement parti en fumée dans le quartier du Pont-Rompu.

Mons-en-Barœul (Nord), nuit du 28 au 29 juin : incendie de la mairie (ci-dessus et dessous)

Mons-en-Barœul (Nord), nuit du 28 au 29 juin : incendie du garage de la police municipale à la voiture-bélier enflammée

À Mons-en-Barœul (Nord), plusieurs bâtiments publics, dont la mairie, ont été incendiés vers 23 heures. Les dégâts sont considérables selon le maire Rudy Elegeest : « Ils ont cassé les vitres, défoncés les portes. Dans la mairie, j’avais des policiers municipaux qui étaient là. Ils ont du se réfugier, se cacher pour ne pas être victime de ces agissements. Vers 0h30, on a réussi à sortir ces agents du bâtiment en feu, qui ont été très courageux. » La mairie abrite les locaux de la police municipale et une antenne de la nationale, ouverte deux jours par semaine. Tout a été dévasté. Au rez-de-chaussée, les locaux du CCAS – le centre communal d’action social – n’existent plus. La salle de spectacle Allende, située juste en face, a aussi été en partie incendiée.
De plus, une voiture a été projetée, en flammes, contre la porte du garage de la police municipale (attenant à la mairie), provoquant l’incendie du local et des véhicules de flics qui s’y trouvaient.

Lille (Nord), nuit du 28 au 29 juin : incendie de l’entrée de la station de métro

Enfin, à Lille, l’entrée d’une station de métro (Porte de Douai) a été incendiée et les dégâts sont très importants. La station ne rouvrira que le 14 août  après avoir été nettoyée de ses traces de suie, avoir refait la chape, le carrelage au sol et les murs, ainsi que remplacé plusieurs circuits et équipements électriques.
L’hôtel de police municipale, rue Frédéric-Mottez, fait aussi partie des bâtiments dégradés. Sur les réseaux sociaux, une vidéo montre un groupe d’individus briser une vitre puis balancer à l’intérieur du bâtiment un objet enflammé.


Centre/Rhône-Alpes

Limoges (Haute-Vienne), nuit du 28 au 29 juin : carcasse du car de transport scolaire

La ville de Limoges (Haute-Vienne) n’a pas été épargnée par les violences et dégradations dans la nuit de mercredi à jeudi. L’antenne-mairie du quartier de Beaubreuil a été attaquée avec des cocktails Molotov. Les locaux ont entièrement brûlé. De nombreux incendies ont eu lieu dans plusieurs quartiers de la ville. Un car de transport scolaire vide et garé dans le secteur du lycée Renoir a aussi été pris pour cible.

Décines-Charpieu (Rhônes), nuit du 28 au 29 juin : la mairie a eu chaud

Lyon (Rhône) et sa métropole ont aussi été touchés par des violences urbaines dans la nuit du mercredi 28 au jeudi 29 juin. Dans le 8e arrondissement, la maison de la métropole a notamment été la cible d’un incendie volontaire.

A Décines, la mairie a été partiellement incendiée vers 4h du matin. Trois foyers ont été allumés par des individus vêtus de noir et dont le visage était dissimulé. Le bâtiment a été noirci par les flammes, des dégâts à l’intérieur sont à déplorer. La salle des archives a failli être réduite en cendres. Un tag « Justice pour Nahel » a été inscrit sur la façade du bâtiment. Quatre voitures ont par ailleurs été détruits sur le parking du site. La mairie restera fermée ce jeudi matin pour les besoins de l’enquête et le temps du nettoyage.
À Vaulx-en-Velin vers minuit, la porte du poste de police municipale, située rue Jules-Romains, a été dégradée et un véhicule de police a été partiellement incendié. Vers 1 h 30, un groupe s’est introduit dans la nouvelle médiathèque du Mas du Taureau. Les individus ont détérioré le rideau métallique ainsi que la porte et le hall d’entrée. En parallèle, un véhicule de gendarmerie a été la cible de mortiers d’artifice, la voiture s’est embrasée.


Ouest

Rouen (Seine-Maitime), nuit du 28 au 29 juin :incendie du comico du quartier Châtelet

Du côté de Rouen (Seine-Maritime), un feu a été allumé devant le commissariat du quartier Châtelet, situé sur les hauteurs de la ville. La mairie annexe du quartier a, quant à elle, été incendiée. Elle abritait en sus la Maison de justice et du droit ainsi que le CCAS, qui n’ont pas échappé aux flammes. Vu le coût des travaux de remise en état de la maire annexe du Châtelet, la ville annoncera en juillet que le bâtiment sera finalement démoli et reconstruit ailleurs.

Le Havre (Seine-Maritime), nuit du 28 au 29 juin : la Poste y est passée aussi

Au Havre, dans le quartier de Caucriauville, des violences ont été commises. Ainsi, le bureau de poste a été dégradée et un bureau de tabac du quartier a été pillé, note la préfecture.

Brest (Finistère), nuit du 28 au 29 juin : le magasin Biocoop compte ses ruines
Brest (Finistère), nuit du 28 au 29 juin : et le concessionnaire Fiat compte ses carcasses

A Brest (Finistère), le magasin Biocoop Kerbio Europe a été en partie incendié dans le quartier de Pontanézen. Des véhicules se trouvant sur le parking attenant ont également été brûlés. Plusieurs voitures de la concession Fiat ont également été incendiées.

Laval (Mayenne), nuit du 28 au 29 juin : le McDo après le passage des émeutiers

A Laval (Mayenne), plusieurs entreprises du quartier Saint-Nicolas ont été ciblées. Le restaurant McDonald’s a notamment été détruit par les flammes et un magasin Conforama pillé. A partir de 2h30 du matin aux Fourches, des dégradations et incendies volontaires ont ciblé la maison de quartier, une annexe et le centre aéré Planète môme, qui a été pratiquement détruit, et un second McDo. La situation est revenue calme vers 5h.

Alençon (Orne), nuit du 28 au 29 juin ; un bien bel acharnement contre l’association ATMPO (Association Tutélaire des Majeurs Protégés de l’Orne)

À Alençon (Orne), le quartier de Perseigne a lui aussi vécu une nuit de violence. Les bureaux de l’association ATMPO (Association Tutélaire des Majeurs Protégés de l’Orne) ont été particulièrement visés. Le local, situé sur l’avenue Winston Churchill, a été pillé, saccagé et brûlé. Une dizaine de voitures de service de l’association a été brûlée, et certaines ont été déplacées sous le porche du local pour que l’incendie se propage au bâtiment.
Des vitres du centre social Paul Gauguin, dont les murs sont hourdés de tags, ont été détruites. Une partie de la salle de la Paix a également été vandalisée et incendiée.

Vernon (Eure), nuit du 28 au 29 juin : feue l’insertion de la Mission locale…

A Vernon (Eure), la nuit a été marquée par les incendies criminels, notamment ceux des locaux de la Mission locale et du centre de formation Alfa.

Hérouville Saint-Clair (Calvados) nuit du 28 au 29 juin : le Pôle animation et jeunesse a cramé dans la nuit

A Hérouville Saint-Clair (Calvados), des voitures ont été incendiées tout comme une partie du Pôle animation et jeunesse, cramé à plus de 40%. À l’intérieur de l’établissement se trouvaient la Maison des Jeunes et de la Culture (MJC) et le service jeunesse de la Ville. Le Pôle animation jeunesse sera donc fermé pendant plusieurs mois.


Ile-de-France

Neuilly-sur-Marne (Seine-Saint-Denis), nuit du 28 au 29 juin 2023. Les sept voitures de la police municipale à l’aube.

Seine-Saint-Denis

À Neuilly-sur-Marne (Seine-Saint-Denis), sept voitures, soit l’ensemble du parc de la police municipale, ont été brûlées sur la place François-Mitterrand. Les véhicules étaient stationnés au pied du bâtiment du service logement de la ville, et le feu s’est propagé au rez-de-chaussée. Dans le quartier des Fauvettes, des carreaux de la médiathèque ont été cassés et un incendie s’y est déclaré. La veille, l’école maternelle André-Chenier avait également été vandalisée mais les enfants ont pu y faire leur rentrée ce jeudi matin. « Ce sont les services les plus essentiels qui ont été visés, l’éducation avec l’école, le social avec le service logement et la culture avec la médiathèque, déplore le maire Zartoshte Bakhtiari (DVD). C’est l’essence même du service public et de la République qui est aujourd’hui atteinte. »

Romainville (Seine-Saint-Denis), nuit du 28 au 29 juin
Bagnolet (Seine-Saint-Denis), nuit du 28 au 29 juin : l’antenne de police

À Bagnolet (Seine-Saint-Denis), l’annexe du commissariat des Lilas, située rue Malmaison, est incendiée. Six mois plus tard, l’antenne de police est toujours inutilisable et murée.

L’Île-Saint-Denis (Seine-Saint-Denis), nuit du 28 au 29 juin : l’entrée de la mairie a flambé

Ailleurs dans le département, l’hôtel de ville de L’Île-Saint-Denis a été endommagé par un incendie. Quand le maire est rentré chez lui, vers 1h30, les rues de L’Île-Saint-Denis sont vides et il pense avoir évité le pire. Un coup de fil du préfet de Seine-Saint-Denis le sort de son lit vers 3h45. « Monsieur le maire, votre mairie brûle », l’alerte Jacques Witkowski. Les pièces du rez-de-chaussée ont été complètement détruites par les flammes. L’hôtel de ville demeurera fermé jusqu’à nouvel ordre.

À Romainville, la mairie a aussi été dégradée, et la crèche départementale située dans le quartier Youri-Gagarine a été en partie détériorée par les flammes.


* Val-de-Marne

Fresnes (Val-de-Marne), nuit du 28 au 29 juin : traces de l’attaque de l’entrée de la prison

Le poste de sécurité de l’entrée du domaine de la prison de Fresnes (Val-de-Marne) a été attaqué par une vingtaine de jeunes cagoulés, avec des mortiers d’artifice et divers projectiles. Une alarme a retenti lors de l’attaque. Des incendies ont également été allumés dans la rue menant à la prison. Vers 4 heures du matin, des CRS ont finalement été déployés aux abords du centre pénitentiaire. Entre-temps, «entre 150 et 200» agents avaient été déployés par la direction du centre pénitentiaire afin d’éviter les intrusions et surtout toute tentative d’évasion.

Fresnes (Val-de-Marne), nuit du 28 au 29 juin 2023. L’entrée de l’hôtel de police cramée, les locaux sont inutilisables.

À Fresnes, l’antenne du commissariat a également fait l’objet d’un incendie. Les locaux ont été endommagés au point d’être inutilisables par les fonctionnaires, qui sont rapatriés sur le commissariat de L’Haÿ-les-Roses. La police judiciaire a été saisie cette enquête et celle concernant le commissariat de Cachan, dont la façade et la porte ont été fortement endommagées par l’incendie criminel d’une voiture.

Villeneuve-le-Roi (Val-de-Marne), nuit du 28 au 29 juin 2023 : la mairie incendiée. Tout le CCAS au rdc est détruit, ainsi que plein de bureaux, soit 90% du bâtiment.
Villeneuve-le-Roi (Val-de-Marne), nuit du 28 au 29 juin 2023 : entrée de la mairie incendiée

Dans le Val-de-Marne, plusieurs ont aussi été attaquées : Valenton, La Queue-en-Brie, Gentilly, L’Haÿ-les-Roses, mais surtout Villeneuve-le-Roi, qui paye le plus lourd tribut. Vers 1h30 du matin, quelques individus pénètrent dans l’enceinte de la mairie. Le gardien donne l’alerte rapidement mais les émeutiers ont le temps de se saisir de pavés et de les jeter contre les fenêtres du bâtiment. Le double vitrage renforcé pour protéger du bruit des avions d’Orly ne résiste pas. « Puis, ils ont jeté des cocktails Molotov dans le rez-de-chaussée, qui accueille notre centre communal d’action sociale (CCAS) », raconte le maire (LR), Didier Gonzales.
L’incendie, peu étendu, est éteint sans difficulté. « Mais voyant que leurs dégradations n’étaient pas suffisamment importantes, ils sont revenus une heure plus tard environ, vers 2h30. Et cette fois, ils étaient près d’une quarantaine, poursuit l’élu. Nos deux agents présents, qui terminaient de nettoyer et réparer les dégâts, ont été menacés avec des manches de pioche. Ils n’ont rien pu faire pour les empêcher d’agir. » Les malfaiteurs ont alors mis le feu en différents endroits de l’hôtel de ville. Les flammes se sont répandues rapidement. Les fumées ont envahi tout le rez-de-chaussée, atteignant ensuite le premier étage puis la toiture.
Les dégâts sont importants : « Selon les pompiers, 90 % du bâtiment est inutilisable. Le CCAS est détruit, de nombreux bureaux dans les étages aussi comme celui de mon directeur général des services, d’une adjointe, etc. La toiture en zinc a fondu. On a perdu des maquettes de la ville, des documents, du mobilier… Il reste une coque », décrit le maire.

A Villejuif, le centre d’examen/espace de congrès des Esselières a été partiellement incendié. Les dégâts sont jugés importants. Il n’y a « pas de garantie » que le lieu puisse continuer à accueillir du public ces prochains jours, regrette la municipalité. Les Esselières sont un site qui accueille des étudiants en examen, des réunions publiques, des forums pour l’emploi, etc.


* Seine-et-Marne

Réau (Seine-et-Marne), nuit du 28 au 29 juin : des voitures de matons flambent sur le parking de la taule

Communiqué du syndicat FO Justice, 29 juin :  » Cette nuit de multiples violences ont touché nos institutions. Effectivement, plusieurs établissements pénitentiaires ont fait l’objet d’attaque par des individus. Une intrusion a eu lieu sur le domaine du Centre Pénitentiaire de Réau. Plusieurs véhicules ont été incendié sur le parking du personnel [c’est-à-dire des matons]. À ce stade, nous ne savons pas si cela est dû à l’évènement survenu sûr Nanterre. »

Dammarie-les-Lys (Seine-et-Marne), nuit du 28 au 29 juin 2023 : l’Espace Emploi et les bureaux de l’Atelier qui encourage la création d’entreprises ont entièrement brûlé.

A Dammarie-les-Lys, le commissariat a été attaqué vers 0h15. Une grosse poubelle a été installée devant l’entrée en vue d’être incendiée. Quatre véhicules de service et douze appartenant personnellement à des fonctionnaires de police ont été incendiés. Ces feux ont provoqué de gros dégâts sur le commissariat à l’arrière du bâtiment. L’Espace Emploi, qui abrite l’association d’insertion ODE et le dispositif de création d’entreprises l’Atelier, a été quant à lui incendié vers trois heures du matin. Au collège Politzer, la salle de restauration scolaire a été incendiée et la médiathèque du centre Schweitzer a été vandalisée.

Dans le nord de Seine-et-Marne, onze voitures appartenant à des policiers ont été dégradées devant le tout nouvel hôtel de police de Torcy. Une cinquantaine d’assaillants étaient sur place. Une porte du bâtiment a été dégradée. Trois personnes ont été placées en garde à vue. Toujours dans le nord du département, les bâtiments de la police municipale de Bussy-Saint-Georges et de Roissy-en-Brie ont été pris pour cible.

Savigny-le-Temple (Seine-et-Marne), nuit du 28 au 29 juin : pillage du supermarché Diagonal

Du côté de Savigny-le-Temple, le supermarché Diagonal a été littéralement pillé. Et quatre voitures de la police municipale ont été incendiées. D’autres destructions concernent la mairie de Nandy, les polices municipales de Melun (le quartier Montaigu a été particulièrement touché) et de Moissy-Cramayel, ainsi que le commissariat de Pontault-Combault.

A Melun également, l’office de préparation de la cantine scolaire Montaigu est incendié : la cuisine et la chambre froide sont atteintes, tous les câbles des faux plafonds ont brûlé, une partie de la charpente devra être refaite. Les dégâts sont estimés à 1,3 million d’euros, et la ville prévoit un an de fermeture pour lancer et réaliser les travaux.

Le Mée-sur-Seine (Seine-et-Marne), nuit du 28 au29 juin 2023
Melun (Seine-et-Marne), nuit du 28 au 29 juin : beau comme un camion citerne…

* Essonne

Viry-Chatillon (Essonne), début de soirée du 28 juin

Un des premiers événements recensé mercredi soir est l’incendie d’un bus, place de la Treille à Viry-Chatillon. Filmée et largement partagée sur les réseaux sociaux, la scène s’est déroulée à seulement quelques mètres du lieu où, en 2016, quatre policiers avaient été attaqués avec des cocktails Molotov. Plus tard dans la soirée et dans la nuit, d’autres bus ont été incendiés, notamment dans le quartier des Hautes-Mardelles à Brunoy, Évry-Courcouronnes et Grigny. « Une quinzaine d’individus sont montés dans le bus, ont fait sortir tout le monde et puis ils ont mis le feu au véhicule« , relate le maire. « Ensuite ils sont allés dans la rue pour mettre le feu à plusieurs poubelles« .
À Athis-Mons, un bus a été volé par des émeutiers qui l’ont ensuite conduit à vive allure dans les rues de la ville.
À Vigneux-sur-Seine, des individus ont tiré au fusil sur une caméra de vidéosurveillance dans le quartier de la plaine de l’Oly. Des émeutiers auraient également vandalisé puis pénétré à l’intérieur du restaurant McDonald’s de la ville, avant de fouiller dans les caisses.

Dans la ville préfecture d’Évry-Courcouronnes, les dégâts sont importants : l’ancienne maison de quartier du Parc aux Lièvres aujourd’hui désaffectée a entièrement brûlé, tout comme la mairie annexe du Canal et la maison de quartier des Épinettes. Ailleurs dans le département, la façade de la mairie des Ulis a été dégradée, tout comme celle d’un bâtiment administratif à Sainte-Geneviève-des-Bois ou encore les locaux de la police municipale à Vigneux-sur-Seine. Plusieurs commissariats, à l’image de ceux d’Évry-Courcouronnes, des Ulis, d’Athis-Mons et Draveil ont également été pris pour cible au cours de la nuit.


* Val-d’Oise

Garges-lès-Gonesse (Val d’Oise), nuit du 28 au 29 juin 2023 : le rez-de-chaussée de la mairie complètement flambé

À Garges-lès-Gonesse, un feu s’est déclaré au rez-de-chaussée de la mairie, toute neuve un peu avant 2 heures. Une surface de 1 000 m2 a brûlé. L’intervention qui a nécessité deux lances à eau, a pris plus de 5 heures. Les dégâts sont évalués à plusieurs millions d’euros, et l’hôtel de ville restera fermé deux ans pour travaux annoncera le maire fin août.

Une demi-heure plus tôt, c’est celle de Montmagny qui a été attaquée et incendiée. Entre quarante et soixante personnes se sont rassemblées devant l’hôtel de ville. La bande s’est acharnée à mettre le feu au bâtiment. Les portes d’entrée ont été cassées et des engins incendiaires lancés à l’intérieur. Les individus ont également répandu du gazole sur les volets avant d’essayer d’allumer sans grand succès. Mais les flammes qui ont pris à l’intérieur ont occasionné d’importants dégâts. « Toute l’entrée de la mairie, l’accueil et le bureau du directeur général des services ont été détruits », énumère le maire (LR) Patrick Floquet.

Bezons (Val d’Oise), nuit du 28 au 29 juin 2023 : l’école Angela-Davis (ci-dessus) et le comico (ci-dessous)

À Bezons, c’est le feu d’un véhicule qui s’est propagé à l’école Angela-Davis. C’est essentiellement un bardage métallique qui a été détruit. Le groupe scolaire devrait pouvoir fonctionner partiellement. Les sapeurs-pompiers ont engagé 4 lances à eau et lutté pendant 7h25. Le poste de police a subi une tentative d’incendie, qui a pu être empêchée par les forces de l’ordre. La façade vitrée de l’hôtel de ville a été dégradée par de nombreux coups. Un bus a été incendié juste devant.

Des dégradations ont également été relevées à Argenteuil, où la maison de quartier du Val-Notre-Dame a subi un incendie. Des actes de vandalisme ont aussi touché la mairie et un centre culturel à Montigny-lès-Cormeilles.

À Cergy-Pontoise des sites très variés ont été pris pour cible cette nuit. Des palettes ont été rassemblées puis enflammées devant l’antenne du commissariat de police située rue de l’abondance à Cergy-le-Haut, au pied d’un immeuble. Des individus ont également tenté de faire intrusion dans l’enceinte du cinéma UGC et des flammes ont été vues à l’intérieur du hall d’accueil, mais les dégâts occasionnés semblent cependant limités.


* Oise

Compiègne (Oise), nuit du 28 au 29 juin 2023 ! trente voitures de la concession Peugeot partent en fumée
Compiègne (Oise), nuit du 28 au 29 juin 2023 : et deux engins de chantier cramés en plus

A Compiègne (Oise), en lisière du quartier du Clos-des-Roses peu après 0h30, un incendie criminel s’est propagé depuis une voiture garée sur le parking extérieur de la concession Peugeot, le long des grilles : résultat, trente voitures parties en fumée. Un tabac a aussi été pillé puis incendié, ainsi que deux engins de chantier.


* Hauts-de-Seine

L’incendie de la colère s’est propagé à l’ensemble du département. La deuxième nuit de violences consécutive à la mort de Nahel, tué par un policier, mardi à Nanterre, s’est nettement différenciée de la veille. Si mardi soir les violences étaient globalement concentrées sur Nanterre et la boucle nord du département (Asnières, Gennevilliers, Colombes, Villeneuve), cette fois c’est l’ensemble des Hauts-de-Seine qui a senti le brûlé et le gaz lacrymogène. Principale cible des émeutiers la nuit dernière : les bâtiments publics. De Montrouge à Gennevilliers en passant par Meudon, Suresnes ou Clichy, quasiment aucune commune ne s’en est tirée indemne. Ces violences ne se sont pas limitées aux communes populaires et aux quartiers sensibles.

Nanterre (hauts-de-Seine), nuit du 28 au 29 juin : le centre et les véhicules Enedis incendiés

A Nanterre même, un incendie a été allumé dans un centre Enedis, rue Montesquieu. Il a touché une dizaine de véhicules d’intervention qui étaient situées à l’extérieur du bâtiment, dans une cour et il s’est propagé à quelques bureaux du site.
Autre belle cible à Nanterre cette nuit-là, le bâtiment des Archives départementales des Hauts-de-Seine qui a été en partie incendié : des inconnus ont forcé la porte puis ont mis le feu au hall d’entrée avec de l’essence. Il restera fermé deux mois pour travaux (peinture, électricité, décontamination de la suie, etc.) jusqu’au 22 août.

Plusieurs commissariats ont été attaqués : à Suresnes, Bois-Colombes et à Gennevilliers où les tirs tendus de feux d’artifice ont pulvérisé plusieurs vitres. À Meudon, c’est le poste de police municipale qui a été ciblé, comme à Villeneuve-la-Garenne la veille.

À Meudon-la-Forêt, le quartier prioritaire de Meudon et à Châtenay-Malabry, des assaillants s’en sont pris aux mairies annexes. Dans leur colère, les groupes d’émeutiers ont incendié aussi des chantiers : celui de la médiathèque à Clichy où les flammes ont ravagé une partie de la base vie et un engin de chantier tandis qu’à Puteaux, à la limite avec Nanterre, c’est celui d’une école qui a été la proie des flammes. À Gennevilliers, une « bulle » du promoteur immobilier a été ravagée rue Debussy. Si les pillages n’ont pas été une spécificité de la nuit, le Manège à bijoux d’un des centres Leclerc de Colombes a été mis à sac.

Le tribunal d’Asnières-sur-Seine a aussi été incendié. Un agent de sécurité était à l’intérieur du tribunal quand une quinzaine de jeunes y ont mis le feu aux alentours de 3 heures du matin. Du rez-de-chaussée de ce tribunal de proximité, il ne reste presque rien. Les flammes ont tout ravagé. Ce tribunal devra nécessiter d’importants travaux avant de pouvoir rouvrir ses portes, et d’ici là, des locaux provisoires devraient être installés à Colombes.

Sur le terrain, les techniques de ces petits groupes extrêmement mobiles ont elles aussi évolué. Plus efficaces, plus pointues comme en témoigne la présence de nombreuses herses artisanales destinées à crever les pneus des véhicules à commencer par ceux de la police. « Ils ont mis les CRS à pied pour les immobiliser et réduire leur capacité de mouvement », analysait un observateur à Nanterre.

Des scooters et motos incendiés à Issy-les-Moulineaux

* Paris

Dans le XVe arrondissement de Paris, il y a eu « des tirs de mortiers, des feux de poubelle, de terrasses des cafés vandalisées, et des caméras de vidéoprotection détériorées », assure le maire LR Philippe Goujon, qui condamne ces violences. Une quarantaine de jeunes tout au plus ont agi sur le quartier de Beaugrenelle entre minuit et trois heures du matin.

Dans le secteur Raymond-Queneau du XVIIIe arrondissement, les locaux de la Bapsa, la brigade d’assistance aux sans-abri, a été incendiée par une trentaine de personnes.

[Synthèse de la pression régionale & nationale, 29 juin 2023]


Aulnay-sous-Bois, le 29 juin 2023. Les supermarchés Lidl et Aldi situés dans le nord de la ville ont été pillés dans la nuit.

« Ils ont tout pris » : des supermarchés pillés en marge
de la nuit de violences urbaines

Le Parisien, 29 juin 2023

En marge d’une deuxième nuit de violences consécutive à la mort d’un adolescent à Nanterre (Hauts-de-Seine), tué par un policier mardi matin à la suite d’un refus d’obtempérer, plusieurs supermarchés de Seine-Saint-Denis mais aussi des Yvelines, de Seine-et-Marne et du Val-de-Marne — un supermarché Lidl a été pillé à Vitry — ont été le théâtre de vols et de dégradations en Île-de-France.

Comme hébétés, les habitants du quartier de la Rose-des-Vents à Aulnay-sous-Bois (Seine-Saint-Denis) qui passent par là marquent inévitablement l’arrêt devant l’entrée de « leur » Aldi ce jeudi matin. La porte est ouverte, mais le magasin est fermé. Au sol, canettes de soda, bouteilles d’huile d’olive et divers emballages témoignent du pillage nocturne. Un homme en short s’avance vers cet amas, récupère un pack de bières et s’éloigne. À l’intérieur, un vigile observe la scène sans broncher.

À Aulnay-sous-Bois, le Lidl situé à proximité du rond-point de l’Europe, toujours dans le nord de la ville, a lui aussi été victime de pillards. « Ils ont tout pris : des robots à 500 euros, des vêtements, même de l’alcool », énumère un agent de sécurité. Vers 11 heures, des policiers étaient sur place pour constater les dégâts.

À quelques centaines de mètres de là, à l’entrée du Aldi, le désarroi le dispute à la consternation et à la colère. L’ambiance contraste avec celle qui régnait, il y a un peu plus d’un an, lorsque le supermarché de l’enseigne allemande de hard-discount a ouvert ses portes, près de deux ans après la fermeture de la seule grande surface du quartier.

À la vue du chaos, une femme laisse éclater son « ras-le-bol » : « C’est honteux ! C’est une catastrophe ! Je suis écœurée. » Et se jure de « demander à partir » de la Rose-des-Vents.

« Ils ont fait leurs courses »

Qui blâmer ? Alors qu’un groupe d’habitantes prend en photo ou filme les dégâts au seuil du magasin, un homme et une femme engagent une conversation. « Ce sont les adultes qui sont responsables, assène le premier. À un moment, il faut qu’ils se réveillent ! » Son interlocutrice s’offusque : « Arrête de dire n’importe quoi ! Il y a des parents qui ont l’autorité, d’autres non. Il y a même des enfants qui tapent leurs parents. »

À Trappes (Yvelines), c’est le Carrefour Market qui a été visé. Le supermarché, situé au cœur des Merisiers, n’a pas pu être protégé par son rideau de fer. Et des dizaines de jeunes ont vidé et mis à sac les rayons de ce magasin alimentaire, principalement fréquenté par des familles du quartier. Venue constater les dégâts ce jeudi matin, la direction du magasin n’a pas souhaité commenter. Tout comme les habitants, regards en coin vers des jeunes dont la présence les dissuade de s’exprimer.

À Romainville (Seine-Saint-Denis), une femme en short, cigarette au coin de la bouche, s’éloigne du magasin Aldi de la route de Montreuil en criant : « Qu’est-ce qu’on s’en fout du matériel ? C’est un enfant qui est mort, un enfant ! » Dans son dos, quelques passants se pressent devant la porte du magasin, lui aussi pillé dans la nuit. Les riverains se disent « choqués » face à cette démonstration de violence, vitres brisées, cartons étalés au sol. Les faits se seraient déroulés entre 2 heures et 4 heures. Devant le magasin, deux voitures ont été incendiées.

Un salarié du magasin, la mine consternée, erre dans les rayons. « Un voisin m’a dit qu’il avait vu des gens sortir avec des couches, des trucs comme ça. Ils ont fait leurs courses, soupire une vieille dame du quartier. Mais ceux qui travaillent ici, ils ont besoin de bosser, c’est pas évident pour eux. »

Le seul magasin du quartier dévasté

Un retraité s’attarde également devant la devanture. Voisin immédiat du discounter, il a été réveillé dans la nuit et a pensé à des feux d’artifice de jeunes voulant s’amuser. « J’étais loin de me douter que c’était la guerre, commente-t-il. Je ne sais pas ce que ça a à voir avec Nanterre (de piller un magasin) mais bon, ils en profitent. »

En s’attaquant à l’Aldi, disent plusieurs habitants, les pilleurs s’en sont pris au seul magasin du quartier. « Je suis handicapé, reprend le riverain, en pointant ses jambes. Ça m’arrangeait bien de venir ici. Voilà, on n’a plus rien. »