Le 24 janvier 2023 a été promulguée la Loi d’orientation et de programmation du ministère de l’Intérieur (LOPMI), fixant les objectifs et programmant les moyens humains, juridiques, budgétaires et matériels de ce ministère pour 2023-2027. Avec un budget en hausse de 15 milliards d’euros sur cinq ans (+ 22 %), il était clair que cela allait se traduire par un accroissement de l’oppression du bleu sur nos vies, avec par exemple le triplement les crédits dédiés au cofinancement des projets de vidéosurveillance dans les communes, ou avec les 8 500 créations d’effectifs de forces de l’ordre sur cette période (dont sept escadrons de gendarmerie mobile et quatre compagnies de CRS d’ici les JO de l’an prochain).
Concernant le rab de 2100 gendarmes programmés, c’est le président de la République en personne qui a tenu à dévoiler il y a quinze jours la carte du futur emplacement des nouvelles brigades lors d’un déplacement en province. Ainsi, ce sont pas moins de 238 brigades supplémentaires de gendarmerie qui vont être créées sur tout le territoire, et plus précisément 95 brigades fixes (de dix gendarmes, en caserne) et 144 brigades mobiles (de six gendarmes, qui se déplaceront de village en village en camping-car technologisé dans « une logique de pas-de-porte »), ce qui représente de une à quatre brigades supplémentaires par département. La palme de quatre revenant à ceux du Pas-de-Calais, Nord, Ille-et-Vilaine, Loire-Atlantique, Saône-et-Loire, Isère, Haute-Garonne, Guyane et La Réunion, puisque ce sont officiellement des critères « économiques, démographiques et opérationnels » comme « la délinquance, les cambriolages ou les violences » qui ont été pris en compte pour sélectionner les communes retenues, après candidature des maires les plus zélés.
Pour qui serait intéressé.e à donner son avis en la matière, ce sont donc 95 chantiers de casernes de gendarmerie qui vont s’ouvrir un peu partout, sans compter parfois aussi ceux destinés à loger les pandores affectés aux brigades mobiles (ceux en tournée dans leur « gendtruck » ou dans les locaux ruraux de France Services, munis de leur poste de travail mobile nommé « Ubiquity », eh oui). Mais si la plupart des permis de construire restent encore à déposer, cela ne les empêche toutefois pas de s’installer temporairement dans d’autres espaces fournis par les mairies ou le département, qui vont être aménagés ou réhabilités pour l’occasion, en attendant la construction des casernes.
Voici donc un petit tour d’horizon non exhaustif pour amateurs de travaux de démolition urgente. A chacun.e de compléter la liste…
A Merville-Franceville (Calvados), il s’agit des locaux du club Soleil d’automne (un espace d’accueil et de loisirs pour les personnes retraitées que le maire a prié de déménager).
A Vigoulet-Auzil (Haute-Garonne), c’est l’ancien site des laboratoires Pierre-Fabre qui a été choisi, où le Groupe les Chalets construira la gendarmerie ainsi qu’une résidence pour seniors, qui seront ensuite loués à l’État.
A Trégunc (Finistère), les gendarmes vont s’installer provisoirement dans les locaux de l’ancien cabinet médical du centre-bourg.
A Aydat (Puy-de-Dôme), la brigade mobile sera hébergée dans un gîte du Parc naturel régional des volcans d’Auvergne, situé sur le site du château de Montlosier.
A Aydoilles (Vosges), c’est une partie des bâtiments des services techniques de la ville (plusieurs bureaux et deux garages) qui seront réservés aux gendarmes en attendant que la caserne soit construite sur un terrain hébergeant une ancienne scierie.
A Sisteron (Alpes-de-Haute-Provence), c’est le bailleur social Groupe Action Logement, via sa filiale Unicil, qui va construire la nouvelle gendarmerie dont la livraison est prévue en 2026.
A Scorbé-Clairvaux (Vienne), c’est le bâtiment de l’ancienne crèche qui accueillera la future brigade mobile, place Étienne-Cherade-de-Montbron.
A Mazères (Ariège), la future gendarmerie sera située route de Gaudiès, et ses locaux temporaires dans la zone des Pignès.
A Pont-Saint-Martin (Loire-Atlantique), la nouvelle brigade sera construite sur un terrain de 4 300 m² situé sur le parc d’activités de Viais.
A Gouffern-en-Auge (Orne), la brigade mobile prendra possession de l’ancienne école de Fel.
A Novalaise (Savoie), la grosse caserne sera construite dans le quartier de la Serraz, dans le cadre d’un projet mutualisé avec le peloton motorisé de Nances.
A Châteauneuf-de-Galaure (Drôme), un terrain de 7 000 m² a été réservé dans la zone artisanale pour y construire la gendarmerie.
A Saint-Andiol (Bouches-du-Rhône), les logements provisoires des gendarmes seront situés dans le bâtiment de l’ancienne trésorerie.
A Thurins (Rhône), la nouvelle gendarmerie sera installée dans les locaux de la MJC en cours de rénovation, avant la construction d’une caserne.
A Palaja (Aude), la caserne va voir le jour sur un terrain réservé au-dessus du stade d’honneur de la commune.
A Lavans-lès-Saint-Claude (Jura), la future caserne sera construite à côté de celle des sapeurs-pompiers, face au collège.
A Availles-Limouzine (Vienne), afin de mettre toutes les chances de son côté, la commune avait acheté un immeuble de 130 mètres carrés qui devait accueillir les militaires sur deux étages afin de favoriser sa candidature. « On avait commencé les travaux de restauration, on était en train de leur installer le chauffage » insiste la maire, mais sa candidature n’a pas été retenue par l’État. Il s’agit désormais d’un plan squat…
[Synthèse de la presse régionale, 2-17 octobre 2023]