La prise de soin et la douce odeur de la dynamite !
Communiqué année 1. Numéro 1
(traduit de l’espagnol de Act for freedom, 25 septembre 2023)
Femmes, esclaves de l’esclave : encouragez vos compagnons à secouer le joug qui nous opprime tous de la même manière. Rejetez les mensonges et les supercheries des bourreaux en soutanes : jetez leur à la gueule leurs “reliques” et leurs singeries ridicules et rejoignez les libertaires qui, unies aux rebelles, pratiquent la propagande, avec la plume, la parole, tout comme avec le fusil ou la dynamite, détruisant les repaires des loups du pouvoir, de l’argent et de la religion. En avant, femmes libertaires !
Francisca J. Mendoza ¡Tierra!. N° 481, 28 décembre 1912
Le 9 septembre 2023 vers 22h nous avons placé un engin explosif composé de dynamite et de gaz butane dans un camion de transport de charges garé dans la calle 31 à Escárcega (État du Campeche), dans le but de saboter la guerre contre la forêt qu’est en train de mener le gouvernement du Mexique avec la construction de la ligne ferroviaire nommée “train maya” (Tren Maya).
I. Ce n’est pas qu’un train, et il n’est pas Maya !
Il s’agit d’un projet de destruction par le réaménagement du territoire, visant à instaurer un modèle de “pôles de développement” qui auront pour effet l’expansion des rapports essentiellement capitalistes dans la péninsule du Yucatán, ce qui provoquera la prolétarisation, les déplacements forcés, la pollution généralisée, la dépossession et la destruction de nos formes de vie. NOUS N’ACCEPTONS PAS CELA.
Ce projet a été imposé en mettant en marche l’énorme machine militariste étatique en collusion avec les mafias agraires en place dans la péninsule du Yucatán depuis les temps coloniaux ; et au cours des “consultations” truquées qui ont été réalisées, on ne nous a jamais demandé notre avis, à nous les femmes de la région. C’EST POURQUOI NOUS AVONS EU RECOURS A LA PROPAGANDE PAR LE FAIT POUR EXPRIMER CLAIREMENT NOTRE REFUS DE CE PROJET.
Nous ne voulons pas voir la forêt détruite ! Nous ne voulons pas abandonner nos formes communautaires de vie ! Nous ne voulons pas que nos filles deviennent leurs cuisinières, leurs servantes ou objets de leurs viols ! Et c’est ce que nous offre la violence de leur “développement” avec cette ligne ferroviaire.
Nos filles seront libres ! Libres comme la forêt ! Nous n’aimons pas la violence, mais ce sont le gouvernement et les bourgeois exploiteurs qui sont en train de détruire violemment nos formes de vie, nos corps, nos territoires ! Et nous allons nous défendre ; Sur cette scène d’arènes et de dévastation qu’ils veulent nous imposer, les éthiques du soin devront acquérir la douce odeur de la dynamite entre nos mains!
II. Costume de femme, peau patriarcale
Aujourd’hui les commentateurs du pouvoir se vantent —comme s’il s’agissait d’une “avancée”—, du fait que des femmes seront les candidates à la présidentielle lors des prochaines élections sur le territoire occupé par l’état mexicain. Comme s’il suffisait de changer le corps pour changer la politique. Mais nous voulons dire à ces dames que leur féminisme bourgeois, blanc, raciste, d’élites, est une saloperie que nous n’allons pas digérer. Parce qu’il est clair pour nous que l’État est la forme juridique qui organise la violence du patriarcat, du capital et du colonialisme pour nous soumettre. C’est pourquoi il faut l’attaquer, parce qu’il est la source de la violence patriarcale ! DE L’ETAT NE VIENDRA RIEN D’AUTRE QUE LA VIOLENCE PATRIARCALE ET LE RACISME, Y COMPRIS AVEC UN MASQUE ET UN CORPS DE FEMME !
Nous ne sommes pas des femmes de la forêt, nous sommes la forêt qui se défend !
De quelque part dans la forêt de la péninsule du Yucatán,
Coordination de femmes anarchistes pour la défense de notre corps-territoire
Liberté pour les prisonniers anarchistes !
Liberté pour Mónica Caballero, Francisco Solar et Alfredo Cóspito!
PS. Nous saluons les compas du commando féministe informel d’action anti-autoritaire qui ont agi autre part sur le territoire occupé par le Mexique, car elles nous ont inspiré pour emprunter ce chemin.