Olivet (Loiret) : double tentative d’évasion au centre de rétention [MàJ]

Trois hommes tentent de s’évader du centre de rétention
administrative d’Olivet

France Bleu/La République du Centre, 29 mars 2024

La première tentative d’évasion avait eu lieu le 11 février dernier, [lorsque deux retenus avaient réussi vers 22h50 à s’ouvrir une brèche dans un mur à l’aide d’une barre de baby-foot, mais avaient été arrêtés dans la cour avant d’avoir pu franchir les clôtures], soit 6 jours après l’ouverture de ce Centre de rétention administrative d’Olivet où sont retenus des étrangers en attente d’une éventuelle reconduite à la frontière. Les deux hommes ont depuis été condamnés devant le tribunal correctionnel d’Orléans à des peines de prison ferme [8 mois et 6 mois ferme avec mandat de dépôt].

Ce vendredi 29 mars, entre 2h30 et 3h du matin, une nouvelle tentative d’évasion a eu lieu sur le site. Cette fois, ce sont trois hommes qui ont tenté de quitter les lieux. Ils ont réussi à démonter une fenêtre et à plier les barreaux de leur cellule. Avec un drap et un bout de ferraille, ils ont réussi à faire un grappin et ont ensuite réussi à franchir plusieurs clôtures. Deux d’entre eux ont été interpellés dans une coursive près des parkings. Le troisième était monté sur le toit du bâtiment où il a été récupéré par les policiers.

Quelques minutes plus tard, trois autres hommes ont tenté de profiter de la situation pour s’évader également, mais ont vite reculé en voyant les effectifs de police présents sur place. Le CRA d’Olivet accueille actuellement 45 personnes. À terme, ce sera 90.


Ils justifient leur fuite en raison de la gale : trois mois ferme
La République du Centre, 4 avril 2024

Une épidémie de gale au centre de rétention administrative d’Olivet aurait motivé les évadés du vendredi 29 mars à prendre la fuite. C’est ce qu’ont affirmé les trois prévenus qui comparaissaient, hier, devant le tribunal judiciaire d’Orléans.

Tous les trois sont sortis par la fenêtre de leur chambre à 2 h 39, qui a été cassée et dont les barreaux ont été écartés. Puis, à l’aide d’un grappin de fortune fabriqué avec des draps et un morceau de ferraille, les trois hommes sont parvenus à monter sur le toit du bâtiment 5, avant de sauter vers le mur d’enceinte.

La tentative d’évasion a été brève, puisque les interpellations ont eu lieu à 2 h 43, quatre minutes plus tard, alors que les hommes étaient coincés entre deux grillages. « On savait qu’on serait interpellés, il y a des caméras partout, a déclaré l’un d’eux, mais ce n’était pas programmé. La vie est difficile dans le centre. »

Tous les trois, à tour de rôle, ont évoqué des cas de gale et une fuite d’eau. Un des prévenus qui est diabétique a ajouté : « Les médecins n’ont pas de traitement pour mon diabète. »

La procureure Emmanuelle Bochenek-Puren a demandé de prendre de la distance avec les déclarations : « L’établissement est neuf, il a ouvert le 2 février 2024. Il y a en permanence des policiers, une assistance médicale, des contacts avec des associations et des médiateurs. C’est garanti par le règlement intérieur, contrôlé. » Elle a requis dix mois d’emprisonnement, et une interdiction de territoire français.

Maître Bouzid, l’avocat des trois hommes, a répondu : « Madame la procureure a raison, le bâtiment est neuf, mais ça n’a pas de rapport avec les conditions de détention. Je vais au centre de rétention administrative au moins une fois par semaine, et curieusement, j’entends le même discours à chaque fois : il y a une épidémie de gale, des détenus sont placés en isolement et personne n’en parle. » Il a demandé de la clémence, et du sursis simple.

Les trois hommes ont été condamnés à trois mois d’emprisonnement ferme pour avoir tenté de se soustraire à leur rétention. Le tribunal n’a retenu ni l’effraction ni la circonstance aggravante de réunion.