Après l’incendie d’une antenne-relais à Douai, quatre hommes renvoyés devant la justice
La Voix du Nord, 3 juillet 2020
Le parquet de Douai a saisi la police judiciaire et deux mois de travail n’ont pas été de trop pour mettre des noms sur les suspects. Ce mardi, six personnes (cinq hommes, dont un mineur de 16 ans, et une femme) ont été arrêtées par la brigade criminelle de la direction interrégionale de la police judiciaire (DIPJ) de Lille, avec le soutien de la brigade de recherche et d’intervention.
Domiciliés à Roubaix et Villeneuve d’Ascq, ces suspects, « tous proches des milieux prônant une forme de contestation violente » selon la DIPJ qui annonce ces arrestations, ont été placés en garde vue. Selon le parquet de Douai, ils seraient issus des milieux antifascistes, des black blocs voire du mouvement des Gilets jaunes.
Rapidement, la seule femme du groupe a été laissée libre et ne sera pas poursuivie. Les cinq autres ont été présentés à la justice. Les quatre suspects majeurs, âgés de 22 à 32 ans, ont été déférés devant le procureur ce jeudi. Deux d’entre eux ont été placés en détention provisoire dans la soirée, les deux autres laissés libres sous contrôle judiciaire.
Tous les quatre ont été présentés en comparution immédiate devant le tribunal correctionnel de Douai ce vendredi et, à leur demande, leur procès à été renvoyé au 30 juillet. Dans l’attente, un seul des quatre prévenus, dont l’hébergement n’était pas assuré, a été maintenu en détention.
Le mineur, originaire du Pas-de-Calais, a été mis en examen par un juge du tribunal judiciaire de Béthune pour « destruction de biens en bande organisée et association de malfaiteurs en vue de commettre un délit », indique la DIPJ, puis placé sous contrôle judiciaire.
La destruction de cette antenne-relais n’a rien d’anodin. En plus de priver de réseau téléphonique certains clients des alentours, elle aurait causé « un préjudice estimé entre 300 000 € et 500 000 € ».
Jordan P. (29 ans), cuisinier dans un restaurant à Bondues, héberge Antonio L., un Strasbourgeois de 21 ans en quête d’une formation en commerce, depuis quelques mois à Roubaix. Les deux connaissent Christopher B. (29 ans) et Romain O. (31 ans), caristes en intérim, depuis qu’ils ont tous les quatre participé au mouvement des Gilets jaunes.
L’idée de s’attaquer à certains symboles aurait-elle germé à l’occasion de ces manifestations ? La justice devra le dire. Ce que l’on sait pour le moment, c’est que trois des quatre prévenus ont déjà été condamnés pour des dégradations. Jordan P. et Christopher B. étaient d’ailleurs déjà ensemble à cette époque quand ils ont brûlé un radar l’année dernière ; Romain O., lui, sera jugé en novembre, à Amiens, pour l’incendie d’un arrêt de bus. Cet « angoissé d’origine », qui fume trois à quatre joints par jour, n’est pas près d’arrêter la drogue.
Romain O. et Christopher B. ne seraient pas les plus impliqués dans l’histoire. En effet, contrairement à Jordan P. et Antonio L., ils n’auraient pas participé à l’incendie de l’antenne. Mais leur participation dans l’organisation ne ferait aucun doute, selon le parquet. Grâce à la vidéosurveillance, les policiers ont réussi à identifier le véhicule utilisé la nuit du 2 au 3 mai. Une Peugeot 206 qui appartient à Jordan P. et que les enquêteurs ont « sonorisée ».
Même si tous les suspects, à l’exception de Romain O., ont gardé le silence en garde à vue, c’est fou ce que les uns et les autres parlent en voiture. Leurs conversations auraient permis de cerner au plus près les activités du groupuscule. Et l’antenne-relais de Dorignies n’était semble-t-il pas la seule à être visée…
Coup de filet après un nouveau sabotage d’antenne-relais
Le Figaro, 3 juillet 2020 (extrait)
Alors que ces actes se multiplient en France, la PJ lilloise vient d’interpeller six suspects de l’ultragauche. Ils seront jugés fin juillet.
Après l’Ardèche il y a quelques semaines, une nouvelle affaire de sabotage d’antenne-relais vient d’être élucidée, cette fois dans le Nord, après des semaines d’une minutieuse enquête de la PJ lilloise. Avec des suspects évoluant dans une mouvance contestataire aux marges de l’ultragauche et des «ultrajaunes».
L’affaire commence dans la nuit du 2 au 3 mai avec l’incendie d’une antenne dans la zone industrielle de Douai-Dorignies. Les dégâts sont importants (de 300.000 à 500.000 euros) et l’hypothèse d’un incendie criminel privilégiée. En raison de la multiplication en France de telles actions, qui inquiète les autorités, et d’investigations sensibles et complexes, la direction interrégionale de la police judiciaire de Lille est saisie par le parquet de Douai. Des traces d’essence confirment la piste criminelle. Commence alors une enquête d’environnement et de voisinage. Les caméras de vidéosurveillance d’une société voisine des lieux de l’incendie permettent de repérer trois individus à bord d’un véhicule dont les caractéristiques sont notées. Mais sa plaque d’immatriculation est illisible et ses occupants non identifiables.
Les enquêteurs de la brigade criminelle persévèrent et, grâce aux informations récoltées pendant les contrôles réalisés pendant le confinement, retrouvent la voiture. Son propriétaire est proche de la mouvance de la contestation violente. Une surveillance physique permet d’identifier un groupe de six suspects se réunissant régulièrement: quatre hommes, dont le propriétaire de la voiture, âgés de 22 à 32 ans, un mineur de 16 ans et une femme. Tous proches de cette même mouvance.