(Indymedia Lille, 9 août 2024)
Au cours de l’été, nous avons déformé un rail à l’aide d’un cric hydraulique bouteille sur l’ancienne voie ferrée entre Nançois-Tronville et Gondrecourt-le-Château. Nous avons précisément choisi d’opérer entre Tréveray et Saint-Amand-sur-Ornain, non loin du champ où se tiendra le festival de résistance à Cigéo les Burelesques du 16 au 18 août prochain.
D’ici quelques années, la SNCF prévoit de remettre en service ces rails afin qu’ils acheminent les déchets nucléaires que l’Etat voudrait enfouir à Bure. Des concertations publiques s’étaient tenues en 2022 à propos de ce projet de voie ferrée, et des sous-traitants de la SNCF ont depuis commencé les prises de mesure sur le tracé. Il s’agirait de 36 km d’une ancienne voie ferrée réhabilitée, passant en plein milieu des villages (laissant peut-être présager une future étape d’expropriations d’ici quelques années ?). L’ANDRA prévoit aussi le convoi de 6 trains radioactifs de 100 mètres de long à 40km/h par mois pendant 100 ans.
Plus au sud de la Meuse, entre l’actuel « laboratoire de recherche » de Bure-Saudron et Gondrecourt-le-Château, l’ANDRA avance ses pions concernant un autre portion de la voie ferrée. Début 2024, l’Agence Nationale de gestion des Déchets RadioActifs a lancé la procédure d’expropriation des terrains qu’elle souhaiterait transformer en voie ferrée (portion qu’elle nomme « Installation Terminale Embranchée »), amenant dans un premier temps les matériaux pour la phase de chantier du plus gros projet industriel d’Europe, puis, à terme (tout en poursuivant le chantier), les déchets jusqu’à la descenderie du projet Cigéo pour les enfouir pour l’éternité à 500 mètres sous terre.
L’action que nous avons menée répond aussi à l’appel à semaine d’actions « Train to nowhere » – du 11 au 17 août 2024- en solidarité contre la ligne de Botnie du Nord, « une voie ferrée dont la construction vient de commencer le long de la côte de la région de Sápmi occupée par la Suède. Ce projet s’inscrit dans la continuité de plusieurs centaines d’années de colonisation brutale des peuples et des terres de Sápmi. Les industries extractives prospèrent grâce à l’augmentation de la demande de matières premières suite à la soi-disant « transition verte ». C’est pourquoi elles ne cessent d’insister sur l’importance et l’urgence de la ligne de chemin de fer. Il en va de même pour l’État suédois et l’Union européenne. »
Ce n’est pas seulement depuis les attaques contre les lignes TGV à l’occasion de l’ouverture des Jeux Olympiques que les actions de sabotage sur le réseau ferroviaire, en tant que moyen de lutte politique, connaissent une conjoncture réjouissante ces dernières années. C’est pourquoi nous tenons à préciser que la méthode que nous utilisons n’est absolument pas adaptée pour arrêter des trains et qu’elle peut entraîner des accidents graves ! En cas d’utilisation sur une ligne active, il est impératif de garantir l’interruption préalable de la circulation des trains par des moyens appropriés.
La ligne que nous avons sabotée n’est actuellement pas en service. Notre objectif était d’une part de rendre plus difficile sa remise en état prévue, et d’autre part de marquer le tronçon de ligne attaqué comme faisant partie intégrante de Cigéo et donc comme cible légitime de notre résistance. Nous souhaitons profiter de l’occasion pour nous joindre à l’appel à la campagne lancé par « les trois brigantes » (mars 2023), pour cibler la SNCF en tant qu’acteur actif de l’industrie nucléaire et pour l’attaquer massivement au plus tard au moment du début physique des travaux de réhabilitation.
Partout où l’ANDRA souhaite transformer ce territoire en décharge et en convoi de la radioactivité, opposons-nous à travers des festivités, des sabotages, des réunions publiques, des manifestations, des occupations et des blocages. Ne les laissons pas passer.
Pas de trains castors, ni ici ni ailleurs.
Pas de nucléaire, ni ici ni ailleurs.