Le Conseil national de sécurité belge qui s’est réuni le 27 juillet a décidé de nouvelles mesures de restriction liées à son analyse de la situation sanitaire.
Et c’est notamment à cette occasion qu’ici, outre-Quiévrain, on a découvert cette hallucinante invention étatique nommée « bulle sociale », qui date du déconfinement. Auparavant limitée à 15 personnes par individu depuis le 1er juillet, elle vient donc d’être réduite jusqu’au 26 août (pour un mois minimum, donc) à… 5 personnes autorisées par foyer, une liste qui ne pourra plus être modifiée jusqu’à cette date : « cinq personnes, toujours les mêmes pour les quatre prochaines semaines, et ce pour un foyer tout entier et non plus par personne » selon Sophie Wilmès, Première ministre belge. Les enfants de moins de douze ans ne sont pas compris dans la limite des cinq personnes. Elle a également précisé : « La bulle des cinq personnes sont des personnes que vous pouvez voir de façon rapprochée, en plus de votre foyer, […] des contacts plus rapprochés pendant lesquels vous ne respecterez peut-être pas les distances de sécurité. »
De plus, les rassemblements sont désormais limités à « 100 personnes à l’intérieur [pour les mariages ou messes] et à 200 personnes à l’extérieur [pour les compétitions sportives]. Le port du masque y sera obligatoire. » Par contre, pour les simples individus auto-organisés sans aliénation religieuse ou sportive, les sorties entre amis ou en groupe, ce nombre descend à 10 personnes maximum. Sophie Wilmès demande également à ce que les Belges fassent leurs courses « seul ou accompagné d’un mineur vivant sous le même toit ou par une personne ayant besoin d’assistance pour une durée de trente minutes seulement, sauf en cas de rendez-vous. » Des mesures aussitôt entérinées dans le Moniteur (le JO belge). Tout cela, alors que le port du masque à l’extérieur est devenu depuis début juillet obligatoire dans de nombreuses villes et endroits, et qu’Anvers applique par exemple un couvre-feu à toute la population de 23h à 6h (sauf les flics et les autres larbins de l’Etat, ça va de soi) pour la première fois depuis la Seconde Guerre mondiale, ou encore l’interdiction de la vente d’alcools à emporter après 22 h.
La Belgique étant le seul pays d’Europe où l’on applique le principe de bulle sociale, on a voulu comprendre un peu plus cette nouvelle forme de prison autogérée et auto-imposée : les 5 personnes de la « bulle sociale » sont donc les personnes que l’on peut voir (en plus de celles qui vivent sous le même toit et avec lesquelles on peut avoir un contact rapproché), sans respect constant de la distanciation sociale et du masque. La bulle sociale est unique et indivisible. Celui qui entre dans votre maison se greffe à votre bulle et ne peut pas former de bulle distincte avec cinq autres personnes âgées de plus de 12 ans. Une exception est faite pour les enfants issus de familles recomposées. Ils peuvent former des bulles séparées pour chaque famille. « Évidemment, vous pouvez toujours côtoyer des personnes qui ne figurent pas de votre bulle de contacts, mais seulement à une distance sûre et en respectant les autres règles du jeu”, a dû s’expliquer la porte-parole du gouvernement. A la question « Puis-je prendre un café avec un ami ?« , elle a par exemple précisé que cela n’est justement autorisé que si cet ami fait partie de votre bulle sociale de cinq contacts permanents. Sinon, c’est niet ! Idem pour les amis avec lesquels vous aimeriez manger au restaurant.
En bon anarchiste rétif à toute mesure étatique (surtout celles prises pour notre bien) au profit de l’auto-organisation, on peut se demander quels moyens l’Etat met-il en œuvre pour imposer cette mesure, bien qu’on sache que la servitude volontaire est un de ses vieil alliés de toujours. D’une part dans les commerces de type restaurant et bar, les tenanciers tiennent un carnet à jour dans lequel les clients doivent noter leurs noms et leurs coordonnées (un peu comme dans les hôtels aux quatre coins de la planète, en somme). Cette obligation a de plus été étendue fin juillet aux « centres sportifs et de bien-être », aux piscines ou aux « salles de réception et de fêtes ». Ces données doivent être conservées pendant 14 jours calendrier afin de faciliter toute recherche de contact ultérieure lors de détection d’un cas positif de covid-19. De même, si on prend la province d’Anvers, concernant les cinq individus de la « bulle sociale », chacun est « invité » personnellement à conserver le nom, l’adresse et le numéro de téléphone de ces personnes par écrit.
Bref, face à l’échec de l’usage massif de l’application numérique du genre Stop Covid de smartphone à smartphone, ce petit pays vient de réinventer ce bon vieux fichage manuel, mais comme on est tout de même en 2020 et que le prétexte sanitaire avec la peur qu’il engendre était parfait, cette réinvention passe par l’auto-fichage manuel généralisé direct de soi et de ses proches, du foyer à n’importe quel lieu public. Et bien sûr, l’Etat a garanti que tout cela ne servira pas à son bras armé de matraque, mais exclusivement à son bras muni de seringues et d’écouvillons. Reste à savoir qui est encore près à lui faire confiance en la matière.
De la cellule familiale à la bulle sociale étatique, briser toutes les cages collectives est plus que jamais le minimum pour tout individu épris de liberté…
[synthèse de la presse belge]