[Roberto a été arrêté le 12 juin dernier à Saint-Victor-sur-Loire dans le cadre de l’opération anti-terroriste italienne Bialystok. Cinq personnes avaient été arrêtées simultanément dans le squat Bencivenga à Rome, une personne à Almeria en Espagne et Roberto à Saint-Étienne. Voici sa deuxième lettre publique, écrite depuis le Centre pénitentiaire de Fresnes (94), quelques jours avant son extradition le 28 juillet vers la prison de Rebibbia à Rome.
Opération Bialystok : une lettre de Roberto depuis le centre pénitentiaire de Fresnes
Le Numéro zéro, 24 juillet 2020
Fresnes, le 18 juillet 2020.
Cari compagni, care compagne,Je vous écris pour vous dire que je suis en forme, que le moral est bon et je continue à avoir beaucoup, beaucoup d’énergie !
Je profite de l’occasion pour remercier du fond du cœur celles et ceux qui m’ont écrit, qui ont pensé à moi, qui m’ont soutenu. Je ne vous cache pas que lorsque je reçois des lettres, ça me met de bonne humeur et ça me donne beaucoup, beaucoup de forces.
J’ai eu le plaisir également de prendre connaissance avec la campagne de diffamation par le biais de quelques articles de journaux qui m’ont été consacrés [1]. Rien d’étonnant, les médias sont un instrument du pouvoir, utilisés pour ternir nos personnalités et pour alimenter les mensonges qui justifient mon incarcération ! Je leur renvoie donc tout mon mépris, tout comme aux enquêteurs de cette énième opération répressive.
Après presque un mois de placard, lors de la sentence pour mon extradition à laquelle je me suis opposé, j’ai eu l’occasion de lire la version française des accusations à mon encontre et je me suis finalement rendu compte des motifs pour lesquels j’étais incarcéré. En un mot, ils m’accusent d’être anarchiste parce qu’en réalité, il n’y a pas grand chose dans mon dossier. Seulement des attaques idéologiques et délit de solidarité !
Que dire de plus ? Vous n’avez pas inventé l’eau chaude chers accusateurs, la pensée anarchiste existe depuis plusieurs siècles et depuis autant de temps, vous voulez la mettre au pilori. Vous attaquez la solidarité apportée aux prisonnier.es mais quand vous rendrez-vous compte que certaines idées, certains idéaux, vous ne pourrez jamais les emprisonner, ni même les juger ? Une si merveilleuse idée comme celle-là, dont tant de personnes se font les porteurs / porteuses dans le monde ne pourra jamais être arrêtée. Il n’y a aucun flic, aucune prison, aucun tribunal qui pourra l’empêcher de vivre, où que ce soit. Aujourd’hui, vous enfermez nos corps mais pas nos idées et la solidarité que je reçois me fait comprendre encore plus que nous ne serons jamais comme vous le voulez vous. Et que mille fleurs de solidarité écloront de nouveau !
Un salut chaleureux à tou.tes les anarchistes emprisonné.es partout dans le monde, à qui j’envoie toutes mes forces ! Un salut à tou.tes les détenu.es qui luttent contre la prison et qui ne baissent pas la tête devant les injustices subies !
Contre le monde qu’ils veulent nous imposer, contre votre répression, contre votre dictature démocratique !
Pour l’Anarchie, vive la liberté !
Avec rage et détermination.
Roby
[1] Roberto fait référence aux articles parus dans le mal nommé Progrès et sur France Bleu Saint-Étienne.
Pour lui écrire :
Roberto Cropo
C.C. di Roma Rebibbia
via Raffaele Majetti, 70
00156 Roma
Italia
Ici les adresses mises à jour en prison des autres arrêtés (5 août).