[Dans la ville de Concepción au petit matin du 5 octobre 2020, quelques jours avant le référendum sur une nouvelle Constitution, un engin incendiaire a fait partir en fumée quatre véhicules et provoqué des dégâts dans les bureaux du concessionnaire automobile Automotora Maritano Ebensperger. Des tracts ont été retrouvés sur place et reproduits par la presse chilienne, dont nous donnons la traduction de l’espagnol.]
Nous ne sommes rien, nous ne sommes personne
Ne nous cherche pas en quelque endroit, parce que nous sommes partout, nous croissons dans les arbres et sortons de sous les pierres. Nous sommes je, tu, lui/elle… et nous nous savons complices.
Nous n’avons pas d’auto à vendre parce que nous nous mouvons à pied, peu à peu, pas à pas. Et même si nous marchons lentement, insécures, trébuchant d’une fois sur l’autre comme des enfants, nous continuerons de refuser les soutiens paternalistes de ceux qui nous vendent idéologie et révolution ; de ceux qui dirigent et récupèrent les luttes populaires pour augmenter le curriculum de leur organisation et, de cette façon, justifier leur propre existence et inefficacité, de ceux qui collaborent consciemment dans la perpétuation de l’existant.
Parce que la seule idéologie valide est celle qui jour après jour évolue, se discute, se change, se sent et se pratique au quotidien. Nous n’avons pas besoin d’urnes pour décider de notre destin, ni de référendums ni de demandes, notre destin nous le tissons avec rébellion et action.
Nous préférons dire ce que nous pensons et faire ce que nous ressentons, ce que nous voulons, ce que nous pouvons, ce qu’ils nous laissent. Parce que la seule révolution possible (si elle l’est) partira de nous-mêmes, de la participation total et directe de tous/toutes et de chacun.e. Il est dans nos mains de réaliser nos désirs, personne ne devrait penser ni agir pour nous.
Nous ne sommes rien ni personne, excepté nous-mêmes. Nous n’avons rien à prouver, ni de quoi nous justifier ou rendre de compte à personne. Nous préférerions disparaître plutôt que de nous rendre à l’autorité ; la loi, l’ordre et la moral supposément révolutionnaire que certains s’attribuent ; des professionnels de la lutte qui prétendent monopoliser avec leurs sigles nos rêves et idées. Nous préférerions cesser d’exister plutôt que de céder le contrôle de nos vies et de nos luttes aux perpétuateurs de l’Etat-Capital.
Liberté pour toutes et tous les prisonniers !!!