Carnet (Loire-Atlantique) : fausse pierre, fausse bûche… mais vraies caméras de la flicaille

Reporterre, 14 novembre 2020 (extrait)

Deux groupes de caméras, camouflées dans une fausse bûche d’arbre et de fausses pierres, ont été retrouvés par hasard par des militants, fin août. Elles semblent avoir été installées à la veille d’un « weekend de résistance » prévu à proximité du Carnet, les 29 et 30 août. Ces quatre caméras filmaient en continu et étaient reliées, via des câbles enterrés, à des grosses batteries et modems, également dissimulés, permettant d’envoyer directement les images à un poste à distance.

Le Carnet est un espace naturel, sur la rive sud de l’estuaire de la Loire, dont l’entrée principale se trouve sur une route départementale.

Lundi 31 août, des personnes opposées à la volonté du Grand port maritime de Nantes-Saint-Nazaire de créer ici un parc « écotechnologique », sur 110 hectares, ont commencé à installer des barricades sur la route, pour empêcher tout début de travaux. C’est une militante qui, ce jour-là, en ramassant des matériaux pour créer une guirlande végétale, a trouvé d’abord un premier duo de caméras, puis, en tirant sur les fils, ce vaste attirail d’espionnage.

Selon un militant de Stop Carnet, quelques jours après cette découverte, la gendarmerie a appelé l’un d’eux pour lui signifier de « rendre leurs caméras aux chasseurs ». Sauf que ce type de matériel, d’une valeur de plusieurs milliers d’euros, ne ressemble pas à du matériel appartenant à des chasseurs. La mention « Allwan », visible sur une partie des images retrouvées, ou encore sur une étiquette sur une caméra, fait fortement penser qu’il s’agit d’équipements fournis par la société Allwan Security, située près d’Angers (Maine-et-Loire), spécialisée dans le matériel vidéo. Cette entreprise ne traite qu’avec des professionnels, et compte les forces de l’ordre parmi ses clients importants [en les équipant notamment en caméras-piéton, voir ci-dessous].

Quel était le but de cette captation ? Les forces de l’ordre pensaient-elles que le « weekend de résistance », prévu dans un lieu longtemps tenu secret, et qui s’est déroulé sur un terrain proche et non pas public, mais privé, prêté par un agriculteur, les 28 et 29 août, se tiendrait à cet endroit ? S’agissait-il d’empêcher l’installation de barricades sur cette route ?



Sécurité. Leurs caméras conquièrent les forces de l’ordre
Ouest France, 12 avril 2018

Une entreprise du Maine-et-Loire Allwan Security, spécialisée dans la sécurité, a remporté un marché de 2,4 millions d’euros pour équiper en caméras piéton gendarmes et policiers de l’Hexagone [soit 10 400 systèmes complets (5 400 systèmes pour la Police Nationale et 5 000 pour la Gendarmerie Nationale) pour les forces de l’ordre de trois régions: Ile-de-France, Pays de la Loire, Limousin]..

« C’est un métier de passion qui n’existe pas réellement, nous l’avons construit nous-même. » À Saint-Lambert-la-Potherie, à une quinzaine de kilomètres d’Angers, la société Allwan Security s’est spécialisée depuis 16 ans dans la fabrication et la vente de produits dédiés à la sécurité et à la surveillance.

Parmi ses champs d’action, la création d’outils de surveillance spécifiques pour l’industrie, tel que le nucléaire ou le chemin de fer, mais aussi la sécurité intérieure. « Nous avons une activité ministérielle importante », précise Franck Le Fur, le gérant. « Nous travaillons avec la police, la gendarmerie, mais aussi la justice et l’armée. »

Le 24 mars, l’entreprise remportait l’appel d’offres pour équiper en caméras piéton les policiers et gendarmes nationaux. D’une valeur d’environ 2,4 millions d’euros, ce marché représente 10 400 caméras. Les Pays de la Loire en seront donc eux aussi équipés.

Cet équipement sert à filmer les contrôles faits par les forces de l’ordre. Installées sur les vestes des agents, les caméras sont dotées d’un micro et d’un capteur à infrarouge, pour pouvoir filmer les interventions de nuit. « À chaque contrôle d’identité, l’agent doit prévenir la personne contrôlée. Une fois cela fait, il lance la vidéo. Tout est crypté pour qu’il soit impossible de modifier les images », indique le gérant. Après le service, chaque agent pose sa caméra sur une station d’accueil qui récupère les images et les sécurise. Seul le chef de service peut y avoir accès, via un code d’identification.

Les caméras sont produites et importées de Chine, la société angevine étant trop petite pour produire une telle quantité. « Nous avons travaillé sur un modèle de caméra classique vendu par notre partenaire. Mais nous avons repensé le logiciel, l’ergonomie et les mécanismes du produit pour satisfaire les demandes. »

Deux ingénieurs et trois mois de travaux ont été nécessaires à la création des caméras. « L’avantage que l’on a, c’est que l’on fabrique et vend des caméras piéton depuis trois ans pour la police municipale. Du coup, on avait une longueur d’avance sur nos concurrents. »

La production est désormais lancée. Les premières caméras devraient être livrées aux environs du mois d’août.