Une émeute éclate au centre de rétention administrative
du Mesnil-Amelot
Franceinfo/Le Parisien, 20 janvier 2021 (extrait)
Une émeute a éclaté ce mercredi matin au centre de rétention administrative (CRA) du Mesnil-Amelot, en Seine-et-Marne [juste à côté de l’aéroport de Roissy], a confirmé une source policière. Cette dernière précise qu’il y a 70 émeutiers.
À 11h10 ce mercredi, un incendie a démarré dans deux bâtiments du centre de rétention administrative n°3, le plus grand de France. Ces bâtiments ont « brûlé » et ils sont désormais « inutilisables », assure la Cimade contactée par franceinfo. Une vingtaine de chambres ont été détruites ou sont inhabitables. Des salles TV ont également été endommagées. Pour le moment, les occupants ont été dispatchés dans d’autres bâtiments du CRA. Deux enquêtes, confiées à la Police aux frontières, ont été ouvertes pour les incendies et pour les incidents qui s’en sont suivis. Sept retenus ont été placés en garde à vue.
Ces personnes se sont révoltés « contre l’imposition d’un test PCR. Leur expulsion étant conditionnée à la présentation d’un test négatif récent ». Le feu a été maîtrisé par les pompiers vers 12h30. Des renforts de police ont été envoyés sur place: une demi compagnie de CRS, soit 40 hommes, trois équipages locaux et trois équipages de la Police aux frontières (PAF) de Roissy.
Le Mesnil-Amelot : jusqu’à 16 mois de prison pour avoir incendié deux bâtiments du centre de rétention administrative
Le parisien, 8 mars 2021
Au terme d’une audience nocturne, sept retenus ont été condamnés par le tribunal correctionnel de Meaux, pour rébellion. Trois d’entre eux ont été reconnus coupables de destruction par incendie. L’audience a viré au procès politique.
Le jugement est tombé dans la nuit de vendredi à samedi, vers 2h40 du matin. Le tribunal correctionnel de Meaux a condamné sept retenus du centre de rétention administrative (CRA) du Mesnil-Amelot, pour rébellion avec arme en réunion.
Ces ressortissants tunisien, égyptien, congolais, pakistanais et algérien, âgés de 18 à 34 ans, ont écopé de peines allant d’un an de prison avec sursis probatoire à 16 mois de prison ferme. La condamnation a été assortie d’un mandat de dépôt pour six d’entre eux. Tous niaient leur participation aux faits.
Le 20 janvier, une révolte avait éclaté au centre du Mesnil-Amelot, certains retenus refusant d’effectuer un test PCR, obligatoire avant de monter dans l’avion de retour vers leur pays d’origine. Deux bâtiments avaient été incendiés, sans compter que des équipages de la Police aux frontières avaient dû faire face à une rébellion. Trois des prévenus ont été reconnus coupables d’avoir participé aux départs de feu.
Le procès a démarré dans la douleur. Le fond de l’affaire a été abordé après plusieurs heures de débat sur la procédure. Et pour cause : la défense entendait faire le procès de ces lieux de privation de liberté, où sont retenus les étrangers en situation irrégulière.
Des sans-papiers souvent désespérés, qui espèrent être régularisés et surtout ne pas être expulsés de France. Même si avant d’ouvrir les débats sur le fond, le président du tribunal avait averti : « Cette audience n’est pas une tribune politique ou idéologique ».
Les sept avocats de la défense avaient cité – une fois n’est pas coutume en correctionnelle – trois témoins à comparaître : un professeur de droit, un journaliste de l’Humanité et une Autrichienne, qui a déjà été retenue au CRA du Mesnil-Amelot.
Ils ont été entendus par les juges, tard dans la soirée de vendredi, pour livrer leur opinion sur le centre. Aucun d’eux n’était présent à l’intérieur le 20 janvier.