Senlis (Oise) : du fric, il y en a dans les troncs des églises

Avec une règle et du scotch, il vole dans le tronc d’une
église de Senlis

Le Parisien, 30 janvier 2021 (extrait)

Grâce à ce matériel artisanal, un individu de 54 ans se servait dans les dons des fidèles. Jusqu’à 1000 euros par mois. Il a écopé d’un an de prison, aménageable à domicile.

Au cours de l’année 2020, le trésorier s’interroge : mais où passe donc le denier d’une des églises de Senlis ? Peut-être que les fidèles sont devenus moins généreux… Ou bien alors, quelqu’un se sert directement dans le tronc de l’édifice religieux. Mais si les dons baissent, le cadenas, lui, reste bien en place et ne souffre d’aucune tentative d’effraction.

Pour en avoir le cœur net, ce trésorier bénévole élabore tout un stratagème. Des billets vont être marqués à l’encre invisible et glissés dans le tronc par ses soins. L’argent finit par disparaître mystérieusement et la théorie du voleur se confirme. Les forces de l’ordre seront averties et un système de vidéosurveillance va être déployé pour pincer le chapardeur.

Sur les images, l’attention des enquêteurs est attirée par un homme de petite taille. Il s’approche du tronc et « introduit une règle souple de 50 cm, recouverte d’un scotch double face ». Un coup d’œil à gauche, un coup d’œil à droite, il retire la règle, décolle les billets, les glisse dans sa poche et recommence à de nombreuses reprises. Un premier procès-verbal est effectué le 21 janvier, l’homme sera interpellé le 28 janvier, à la sortie de l’église.

De nombreux billets sont retrouvés sur lui, dont ceux marqués par le trésorier… Jugé ce vendredi par le tribunal de Senlis pour vol, le prévenu, un homme âgé de 54 ans, justifie son geste « pour des raisons financières ». Lui assure qu’il s’est servi trois ou quatre fois dans le tronc dans l’église. Le trésorier évoque de son côté près de 1 000 € de perte mensuelle.

De nationalité ukrainienne, xx raconte ses difficultés pour trouver un travail dans le bâtiment, à cause de la crise sanitaire, ses problèmes de santé, les charges qui s’accumulent. Pour son avocat : « Quand je le vois avec sa chemise qui fait de la peine et un peu avachi, je ne vais pas plaider l’état de nécessité mais on n’en est pas loin… »  Après délibération, xx a été condamné à un an de prison, aménageable à domicile.