traduit de l’italien de infernourbano, 20 février 2021
Ils nous ont volé la nuit.
Nous avons oublié la date du début du couvre-feu, et nous sommes peut-être en train d’oublier lentement nos nuits en compagnie de la lune, des amis, des amants, des étoiles. Quelqu’un d’autre nous dit comment les passer entre les murs de chez soi. Ils tentent à présent de tout discipliner avec l’excuse du virus : comment nous relationner les uns aux autres, qui voir, où aller, les horaires… Et nous nous retrouvons à vivre des journées rythmées par le travail, la télé, l’ordinateur, le supermarché et la famille. Ils choisissent la couleur des lieux où nous vivons, et sur cette base construisent sur notre dos l’une ou l’autre cage. Et chaque jour ils inventent une nouvelle incohérence qui finit par nous façonner l’existence.
Depuis des mois, nous sommes enfermés à domicile, des dizaines de millions de personnes enfermées par peur ou résignation. Et même la police ne semble plus nécessaire pour dompter ces peurs. Nous nous découvrons silencieux et obéissants.
Est-ce cela que nous voulons ? Quelles nouvelles et interminables contraintes sommes-nous disposés à supporter ? On pourrait bien se réveiller un jour et réaliser qu’on ne connaîtra plus le plaisir d’une accolade, qu’on ne sera plus capable d’imaginer un véritable sourire et qu’on ne connaîtra plus la beauté du refuge dans la nuit pour nos fugues, nos différentes insomnies. Quelqu’un aura décidé pour nous et nous payerons le prix de nos silences d’aujourd’hui, de notre acceptation.
Pourquoi, à l’inverse, ne pas tenter d’envoyer en l’air tout cela ?
Pour sortir, pour réagir, pour attaquer, pour tenter encore de rêver !
S’il y a encore quelque chose à sauver de ce monde, c’est la nécessité de lutter et de ne pas se faire emprisonner par la peur, parce que l’autorité la plus efficace est celle que nous construisons dans notre propre tête.
Des anarchistes