Le 9 septembre dernier, à l’occasion d’attaques contre des éoliennes industrielles à Mamoiada puis à Villacidro, était paru ici une petite synthèse sur les mobilisations contre la « spéculation énergétique » en Sardaigne, avec quelques détails à propos de ces deux sabotages de la fin août.
Or il se trouve que la série ne s’est pas arrêtée là, puisqu’un troisième s’est produit peu après contre une des innombrables nuisances « vertes » en cours d’installation sur l’île. La nuit du lundi au mardi 11 septembre vers 4h, dans la zone de Garganu située vers Tuili au sud du territoire, deux mille panneaux photovoltaïques ont ainsi été entièrement détruits après avoir été aspergés d’essence puis enflammés. Ces derniers étaient stockés là en attendant de servir au chantier de la multinationale polonaise de l’énergie, Greenvolt Power. Lire la suite
En Sardaigne comme en de nombreuses autres régions d’Europe, se multiplient depuis plusieurs années des projets énergétiques pour alimenter le capitalisme vert. Dans les régions les plus ensoleillées ou maritimes, déjà infestées par le tourisme de masse, il s’agit principalement de parc solaires et éoliens.
Sur cette île méditerranéenne au large de la Corse, les monstres d’acier et de ciment doivent passer à tout prix, quitte à arracher de force oliviers, abricotiers et amandiers, pour les remplacer par d’immenses aérogénérateurs industriels dont le mât peut aller jusqu’à 200 mètres de haut. Près de 800 nouveaux projets de « production d’énergies renouvelables » y sont officiellement en cours d’étude, avec certains qui ont l’art de symboliser tous les autres, comme celui de la multinationale chinoise Chint, qui a acheté en avril 2024 plus de mille hectares au nord de l’île (à Nurra), afin d’y construire la plus importante centrale de panneaux photovoltaïques au sol jamais conçue au niveau européen. Face aux protestations citoyennistes croissantes, allant de manifestations de comités locaux en piquet dans le port d’Oristano pour tenter de bloquer l’arrivée d’un chargement de mâts éoliens, et qui mettent notamment en avant les paysages, la spéculation ou le fait que la Sardaigne ne peut pas continuer à être ravagée de la sorte juste pour exporter de l’énergie soi-disant « verte » vers le continent, la présidente de la région s’est vite trouvée confrontée à un dilemme.
D’un côté, il y a le bordel interne à ces mobilisations hétérogènes, où les uns disent « non » aux éoliennes mais « oui » aux infrastructures de terminal méthanier, tandis que d’autres, comme les associations écolos institutionnelles (Legambiente, Greenpeace, WWF), ont fini par se retirer bruyamment des protestations, en expliquant qu’au fond les éoliennes c’est plutôt propre, et que la priorité est avant tout d’exiger un moratoire sur les énergies fossiles ( dont provient 75 % de l’électricité de Sardaigne, avec 40 % exportée vers la péninsule italienne). Et d’un autre côté, il y a bien sûr l’ensemble des intérêts politico-économiques en jeu, y compris en termes de « transition énergétique » financée par l’Union européenne, même si les éoliennes et autres parcs photovoltaïques ne servent en réalité qu’à lisser les courbes de consommation d’énergies fossiles sur le marché industriel de l’énergie. Lire la suite
Sans remonter au vieux débat entre marxistes et anarchistes pour savoir si « les individus sont le simple produit de l’histoire » ou si ce sont à l’inverse « les individus qui font l’histoire », il est un petit jeu de l’esprit auquel certains se sont peut-être déjà adonnés. Non pas celui –certes plaisant– consistant à se demander quel super-pouvoir on choisirait si on pouvait n’en adopter qu’un, mais celui –qui l’est tout autant– de savoir quelle figure du passé on supprimerait volontiers de la surface de la terre grâce à une machine à remonter le temps. Beaucoup citeraient alors probablement le nom de Staline ou de Hitler, tandis que d’autres, plus iconoclastes, n’hésiteraient pas à prononcer celui de nucléaristes prestigieux comme Albert Einstein ou Marie Curie. Sauf que si la catastrophe n’est pas réservée au passé ou cantonnée au futur, mais est bien cet éternel présent où tout devrait continuer de la sorte, on pourrait aussi s’intéresser à quelques êtres humains nés il n’y a pas si longtemps que cela. Question de responsabilités individuelles oblige.
Il y a quatre ans, en pleine pandémie de confinements liés au covid-19, un journal anarchiste publiait un article passé un peu inaperçu, titré « Le Prix Nobel est une ordure » (1), et qui n’est pas sans rapport avec le petit jeu évoqué ci-dessus. Il mettait en avant les co-lauréates du trophée de chimie décerné à Stockholm en octobre 2020, pour la mise au point en 2012 d’un système universel d’édition du génome (« Crispr-Cas9 »), soit rien moins qu’un « outil pour réécrire le code de la vie » dont « seule l’imagination peut fixer la limite de l’utilisation », selon le jury du prix Nobel lui-même. Appelé plus prosaïquement « le couteau suisse du génome », ce Crispr-Cas9 élaboré par Emmanuelle Charpentier et Jennifer Doudna permet en effet de tailler aisément dans le vif de l’ADN de toutes les espèces vivantes, afin d’en supprimer une portion ou d’en rajouter d’autres, c’est-à-dire de modifier à volonté le patrimoine génétique de n’importe quelle cellule végétale ou animale (2). Lire la suite
Dans la nuit du 1er au 2 juin, nous avons incendié une armoire de fibre optique à Pise, dans le quartier de la Fontina, avec des chiffons et du combustible. Nous avons choisi cet endroit parce qu’il est situé dans une zone industrielle à proximité d’un hypermarché Carrefour, d’un laboratoire de robotique de l’Institut Sant’Anna et d’une banque (la Banco di Pisa).
La réalité quotidienne nous montre que la domination et la guerre sont directement liées au développement de ces technologies, tout comme le massacre « smart » [à l’aide de l’IA] de la population de Gaza. Si les médias ont minimisé les dégâts en les attribuant à une défaillance, ils ont dû admettre que les réparations prendront beaucoup de temps. Espérons que cela ait gâché le travail des instituts susmentionnés et les célébrations de cette république hypocrite.
[NdT : Suite à la publication de ce communiqué, les journaux italiens annoncent que la Digos a été saisie de l’enquête sur ce sabotage incendiaire, mais également d’un second, survenu vers 4h du matin la nuit du 25 juin, cette fois contre une armoire électrique située le long des voies ferroviaires entre Pise et Florence (à Putignano-Sant’Ermete plus précisément).]
Chaque année depuis 1920, l’association nationale des chasseurs-alpins (Alpini) organise un grand rassemblement annuel dans une ville différente, au cours de la deuxième semaine de mai. Sauf bien entendu lorsque l’Etat prive les spectateurs éberlués de cette immense parade belliciste, comme en 2020 et 21 (gestion militarisée de la pandémie de covid-19 oblige). Cette année, pour donner une petite idée, ce sont ainsi près de 100 000 chasseurs alpins qui ont défilé sans interruption pendant 13 heures d’affilée à Vicenza, devant un demi-million de personnes.
Pourtant, il semble que certains soient encore un peu réticents aux si glorieuses vertus bellicistes et patriarcales de ce corps militaire, qui a par exemple servi aussi bien en Afghanistan qu’en Irak, au point –qui sait ?– de songer à leur gâcher la fête. La nuit du 12 au 13 mai, alors qu’ils étaient en train de célébrer leur 95e rassemblement annuel, un de leurs locaux a ainsi été incendié à un peu plus d’une centaine de kilomètres de là. Cela s’est passé à Casalecchio (Emilie-Romagne), où du chalet qui abritait leurs activités , dont une unité cynophile, il reste désormais beaucoup de suie et de cendres. Les dégâts sont estimés à 25 000 euros.
[Synthèse de la presse régionale italienne, 14 mai 2024]
Une nouvelle révolte a éclaté la nuit du 28 au 29 mai dans le centre de rétention (Cpr) de Gradisca d’Isonzo, situé dans la province de Gorizia. Vers 22h30, des prisonniers sans-papiers en attente d’expulsion se munis d’extincteurs pour attaquer les gardes, tout en leur jetant des morceaux de béton arrachés à la structure. Ils ont réussi à tenir l’aile du centre jusque vers 1h30 du matin, le temps de la rendre inutilisable, malgré l’arrivée en force de « policiers, carabiniers, militaires et guardia di finanza [douane] » pour tenter de circonscrire l’émeute, selon la presse locale.
Dans ce centre de rétention qui enferme une petite centaine de retenus, et compte désormais une aile en moins, les évasions se multiplient, parallèlement à la démolition de la structure par les reclus. Suite à la dernière en date la nuit du 28 au 29 avril dernier, lorsque deux d’entre eux ont pris la poudre d’escampette en sautant du toit (un troisième s’est malheureusement blessé lors du saut), le syndicat de flics Siulp recensait désormais 21 évadés depuis le début l’année 2024.
[Synthèse de la presse locale (Telefriuli & Rai), 29 avril & 29 mai 2024]
La nuit du Nouvel An, nous avons attaqué deux agences de ENI Plenitude à Rome, l’une située Viale Somalia et l’autre Via Togliatti.
L’action a été accomplie en déposant trois engins incendiaires (composés de pétards et de cartouches de gaz) entre les vitrines et les rideaux métalliques des agences.
Nous avons frappé ENI pour ses responsabilités dans l’exploitation et la pollution de la planète, et dans la militarisation des territoires dits en voie de développement.
Les guerres sont consubstantielles au capitalisme, grâce auxquelles le capital s’étend en se créant de nouveaux marchés et des ressources à piller.
ENI participe aux prospections de nouveaux gisements dans la bande de Gaza et est strictement liée aux intérêts géopolitiques italiens. Lire la suite
Une chaleureuse révolte a éclaté samedi 16 décembre au centre de rétention (Cpr) de Gradisca d’Isonzo, dans la province de Gorizia. Plusieurs prisonniers sans-papiers ont mis le feu aux matelas, couvertures et effets personnels dans les chambres et les couloirs, tout en défendant l’incendie à l’aide d’objets divers lancés contre le personnel de sécurité, afin de l’empêcher d’éteindre les flammes.
C’est l’arrivée musclée des forces de l’ordre envoyées par le préfet de police qui a permis de reprendre le contrôle du centre de rétention. C’est précisément en raison de la fréquence des incendies et des dégâts causés lors de révoltes précédentes, que le Cpr de Gradisca n’est actuellement en mesure d’enfermer que 87 personnes au lieu des 120 prévues. Lire la suite
Trouvaille
Traduit de l’italien de Disordine, 9 novembre 2023
L’Etat ne t’abandonne jamais.
Mardi 7 novembre à Lecce, nous avons découvert un mouchard GPS sous la voiture d’un compagnon. Le dispositif était alimenté avec des piles et placé sous la carrosserie du véhicule, à l’arrière, juste après le pare-choc, fixé avec de puissants aimants.
Traduit de l’italien de lanemesi, 25 septembre 2023
Nous recevons et diffusons les images concernant la découverte d’un micro à l’intérieur d’une habitation de compagnons et compagnonnes à Pozzuoli, dans la province de Naples.
Sur ce site internet nous avons publié entre 2022 et cette année les photographies et textes relatifs à d’autres découvertes récentes d’appareils placés dans des bâtiments et des véhicules (à Rome , Foligno , Terni , Sassari ). Ci-dessous les photographies de la découverte à Pozzuoli :
[Que les antennes de téléphonie mobile, de télévision ou la fibre optique pour internet soient régulièrement sabotées dans de nombreux pays européens, les fidèles lecteurs de la rubrique déconnexion le savaient déjà. Y compris donc en Italie, que ces attaques aient fait l’objet d’un communiqué de revendication, de tags variés laissés sur place… ou sans expression supplémentaire que celle des câbles de la domination calcinés.
Il y a quelques jours, des anarchistes de l’autre côté des Alpes ont sorti une petite compilation de plusieurs actions directes restées jusque-là enfouies dans les papiers de préfecture (papiers liés à une énième enquête pour association subversive), afin de « soustraire ces gestes de rébellion à un oubli injuste ». Nous en traduisons ci-dessous la partie concernant les incendies d’antennes-relais de 2020 à 2022 survenues dans le Trentin et d’autres zones de la péninsule, et qui, selon la police politique (Digos), n’auraient pas fait l’objet de revendications sur les « sites du mouvement ». Elles sont reportées telles que décrites par les flics de préfecture.]
21 novembre 2020, Caprino Veronese (VR, Vérone) : dans la zone située à proximité immédiate de la frontière avec cette province [le Trentin], les antennes de plusieurs opérateurs de téléphonie mobile ont été livrées aux flammes ; près des appareils endommagés a été retrouvé un engin qui a fait long feu et relevés les tags « C’est l’Etat le massacreur – Solidarité avec les accusés de Scripta Manent – Feu au couvre-feu – Courage à Juan ».
6 mai 2021, San Godenzo (FI, Florence) : dans une zone boisée du Mont Falterona, a été constatée une tentative d’incendie contre des antennes de la RAI, MEDIASET et TIM. Une boîte à chaussures avec à l’intérieur une bouteille en plastique contenant du liquide inflammable et un déclencheur assemblé avec des allume-feu, des allumettes coupe-vent et un serflex, ainsi qu’un bidon d’essence non loin, ont été retrouvés sur les lieux.
10 mai 2021, Legnago (VR, Vérone) : vers 17h, un incendie a été bouté à une antenne appartenant à la compagnie de téléphonie ILIAD, située près du stade “Sandrini”.
23 mai 2021, Vicolungo (NO, Novara) : des inconnus ont incendié le local d’une antenne-relais de l’opérateur TIM, traçant sur le mur périphérique de la structure le tag « Bloquons le réseau 5G ».
En attendant un texte plus détaillé sur l’audience, nous vous informons que le 26 juin, la Cour d’Assises d’Appel de Turin a établi l’étendue des peines contre les anarchistes Anna Beniamino et Alfredo Cospito dans le procès Scripta Manent, les condamnant respectivement à 17 ans et 9 mois et 23 ans de prison. Ainsi, la possibilité d’une condamnation à perpétuité pour Alfredo, demandée par le parquet de Turin lors de l’audience d’appel du 5 décembre 2022 et plus tard lors des audiences d’appel des 19 et 26 juin (alors qu’une peine de 27 ans et 1 mois était demandée pour Anna), a été définitivement écartée.
Rappelons que lors du procès Scripta Manent – outre les accusations d’association subversive à finalité terroriste ou de subversion de l’ordre démocratique, d’attentat terroriste, d’incitation à commettre des crimes aggravés par l’objectif de terrorisme, etc. –, plusieurs inculpations et condamnations pour massacre ont suivi contre Anna et Alfredo. D’abord pour l’action dans le quartier bourgeois de Crocetta (Turin, 2007) et ensuite pour l’action contre la caserne des élèves carabiniers (Fossano, 2006). Lire la suite
Tags sur les murs et volée de pierres contre deux fenêtres du Parquet, qui se trouvent via Pilati. L’attaque c’est produite la nuit de mardi à mercredi 24 mai 2023 contre le tribunal de la ville de Trente.
Les slogans tracés sur les murs “Nordio boia – No 41 bis” (« Nordio bourreau – Non au 41bis ») concernent le ministre de la Justice Carlo Nordio et le régime pénitentiaire d’isolement 41bis.
Légende :
1. antenne, 2. microphone relié, 3. pôles positif et négatif pour l’alimentation, 4. aimants puissants pour coller le dispositif à la voiture, 5. émetteur avec carte SIM et GPS.
Le tout a été retrouvé par des compagnons dans leur voiture. Il n’est pas impossible que le même genre de dispositif ait été installé dans d’autres véhicules. Le dispositif a été retrouvé la semaine dernière.
Nous apprenons que mardi 6 juin, le compagnon anarchiste Alfredo Cospito a été transféré de la prison d’Opera à Milan (où il était enfermé depuis le 3 mai au sein du Service médical d’Assistance Intensive) vers la prison de Bancali à Sassari, en Sardaigne.
Rappelons que le 19 avril dernier (suite à la décision de la veille du Conseil constitutionnel remettant en cause l’automaticité de la perpétuité pour le crime d’atteinte à la sécurité de l’Etat pour lequel Alfredo Cospito a été condamné), le compagnon avait interrompu sa grève de la faim commencée le 20 octobre 2022. Il se trouve donc actuellement dans une délicate phase de récupération de ses capacités à s’alimenter.
Le 19 juin prochain se déroulera donc à Turin une nouvelle audience de la cour d’assises d’appel visant à recalculer la somme des condamnations d’Alfredo et d’Anna Beniamino : un rassemblement solidaire avec les deux compagnon.nes est prévu à 8h30 devant le tribunal. Lire la suite