Paris : l’Etat se venge pour le fusil d’assaut dérobé à ses larbins [mis à jour]

Deux ans de prison ferme pour un « gilet jaune » qui avait attaqué un fourgon de police
AFP, 22 mars 2021

Il avait dérobé un sac contenant notamment un gilet pare-balles dans un véhicule de police, attaqué par de nombreux manifestants, lors d’une manifestation à Paris en décembre 2018. Un « gilet jaune » a été condamné, lundi 22 mars, à quatre ans de prison dont deux avec sursis.

En raison des quatorze mois de détention préventive déjà effectués, le prévenu n’ira pas en prison mais devra se soumettre à une surveillance électronique durant deux ans. Il aura en outre l’obligation de suivre un stage de citoyenneté destiné à le « faire réfléchir sur les valeurs de la République » et « le respect qu’on doit notamment aux policiers », a souhaité le tribunal.

Il devra également payer 6 000 euros de réparation pour chacun des huit policiers parties civiles ainsi que 300 euros de frais d’avocat pour chacun d’entre eux.

Le prévenu était poursuivi pour « vol avec violences volontaires sur personnes dépositaires de l’autorité publique » pour avoir dérobé un sac dans un fourgon de police attaqué le 1er décembre 2018 par un important groupe de « gilets jaunes » non loin de la place de l’Étoile, alors que huit policiers se trouvaient à l’intérieur.

Après avoir reculé face à plusieurs centaines de manifestants, les agents avaient rejoint leur véhicule, comme le reste de leur compagnie, avant d’être pris pour cible par des jets de projectiles, un manifestant réussissant même à glisser un feu de Bengale dans le fourgon, provoquant un début d’incendie et forçant les policiers à en sortir avec difficulté.

Un deuxième participant à cette manifestation, poursuivi pour le vol d’un fusil d’assaut dans le même véhicule de police, est mort en octobre dernier, entraînant l’extinction des poursuites.


Attaque d’un fourgon de police en 2018 à Paris: 6 ans requis contre un gilet jaune
AFP, 1er mars 2021

Le parquet de Paris a requis ce lundi six ans de prison, dont trois fermes, contre un gilet jaune soupçonné d’avoir dérobé un sac contenant notamment un gilet pare-balles dans un véhicule de police, attaqué par de nombreux manifestants, lors de l’ « acte 3 » [des gilets jaunes], le 1er décembre 2018. Un deuxième participant à cette manifestation, poursuivi pour le vol d’un fusil d’assaut dans le même véhicule de police, est lui décédé en octobre dernier, entraînant l’extinction des poursuites.

Le prévenu était poursuivi pour « vol avec violences volontaires sur personnes dépositaires de l’autorité publique » pour avoir dérobé un sac dans un fourgon de police attaqué par un important groupe de gilets jaunes non loin de la place de l’Etoile, alors que huit policiers se trouvaient à l’intérieur.

Après avoir reculé face à plusieurs centaines de manifestants, les agents avaient rejoint leur véhicule, comme le reste de leur compagnie, avant d’être pris pour cible par des jets de projectiles, un manifestant réussissant même à glisser un feu de bengale dans le fourgon, provoquant un début d’incendie et forçant les policiers à en sortir avec difficulté.

« Je n’ai jamais vu, dans un dossier, une telle violence à l’encontre des force de l’ordre« , a pour sa part insisté le procureur, soulignant que le prévenu avait « reconnu les faits » tout en affirmant qu’il ne s’agissait pas de « faire payer le seul à avoir été pris pour tous ceux qui n’ont pas été interpelés ».

L’avocat des policiers a de son côté demandé 6.000 euros de réparation pour chacun d’entre eux.

Tout en reconnaissant que les « préjudices ne sont pas contestés », l’avocat du prévenu a pour sa part demandé une requalification des faits en « violences volontaires sur personnes dépositaires de l’autorité publique », et demandé la prise en compte des 14 mois de détention préventive déjà effectués afin que son client ne retourne pas en prison. Le jugement a été mis en délibéré au 22 mars.


Fusil d’assaut volé pendant une manifestation des « gilets jaunes » : un procès et de nombreuses zones d’ombre
France Inter, 1er mars 2021

1er décembre 2018, jour de l' »Acte 3 du mouvement des gilets jaunes » : à Paris, l’Arc de Triomphe est pris pour cible, de nombreux heurts opposent manifestants et forces de l’ordre. Les images des affrontements tourneront en boucle pendant des jours sur les chaînes de télévision. Le lendemain, le procureur de la République confirme publiquement une information qui, jusque-là, tenait plus de la rumeur : un fusil d’assaut HK G36 a disparu, volé, dans la cohue, à une équipe de policiers qui intervenait près des Champs-Élysées.

« Nous avons cru mourir« , diront, plus tard, certains des fonctionnaires de la compagnie d’intervention à qui l’arme a été dérobée. Il est environ 17h quand l’équipe, prise pour cible par des manifestants que les policiers décriront comme « enragés« , se réfugie dans son fourgon, sous les jets de projectiles. Un fumigène, lancé dans le véhicule, provoque un début d’incendie dans l’habitacle, rendant l’air irrespirable, et obligeant les occupants à quitter le fourgon.

C’est à ce moment-là, selon le témoignage du fonctionnaire qui tenait l’arme, que le HKG36 (le seul dont l’équipe était dotée) lui a été arraché. Les images de vidéosurveillance montrent des personnes en train de se saisir d’autres objets abandonnés dans le véhicule de police : gilets pare-balles, un casier contenant quatre chargeurs garnis de munition pour le HK G36, boucliers de maintien de l’ordre, ou la radio du fourgon. La compagnie d’intervention, parvenue à reprendre possession de son fourgon, quitte rapidement les lieux. L’un des chargeurs sera retrouvé peu de temps après dans le quartier, dans un sac.

C’est le hasard qui mettra les enquêteurs de la police judiciaire sur une première piste : le 5 décembre, un homme est contrôlé Gare de Lyon, pour usage de stupéfiant. Dans son sac, les policiers découvrent une casquette estampillée « police » et une munition que le jeune homme de 18 ans explique avoir trouvée lors de la manifestation du 1er décembre, et gardée « en souvenir ».

En garde à vue, Vincent G. raconte avoir participé à la manifestation, au cours de laquelle il dit avoir été abordé par un homme porteur d’une arme d’épaule, qui lui aurait demandé un sac pour la transporter. Le jeune homme dit avoir deviné que l’arme venait d’être volée dans le fourgon de police. Tous les deux quittent les lieux, dans l’idée de revendre leur butin. L’inconnu ira mettre l’arme « à l’abri », avant de disparaître sans laisser de trace. Le HK G36 ne sera jamais retrouvé.

Vincent G., qui était l’un des deux prévenus convoqués ce lundi, ne pourra en dire plus devant la justice : il est décédé brutalement en 2020. L’action publique à son encontre est donc éteinte.

C’est donc seul que comparaîtra Mohamed D., dont l’ADN a été retrouvé sur un pavé jeté dans le fourgon. Il a reconnu avoir pris part au caillassage, et comparaît pour « vol avec violences ». Mais son affaire n’a aucun lien direct avec le HK G36 : le prévenu nie avoir vu l’arme, mais reconnaît avoir dérobé un sac contenant un gilet pare-balle dans le fourgon de police. Le gilet en question lui a été arraché des mains dans la foulée par un assaillant. L’homme, âgé aujourd’hui de 26 ans, explique s’être laissé « engrener », et affirme regretter sa participation aux faits. 

Les huit policiers partie civile ont écopé d’ITT allant de 10 à 45 jours. Tous disent avoir vécu, ce 1er décembre, « un événement très marquant« ,  décrivent un « lynchage« . Un enregistrement audio réalisé par un témoin laisse clairement entendre des individus prononcer les mots suivants : « Piquez-leur leurs armures » et « ils sont morts, ils sont morts, enculez le camion. »

Ni la vidéo surveillance, ni l’exploitation de la téléphonie, ni les expertises génétiques n’ont permis d’identifier l’homme qui a arraché le fusil d’assaut des mains de l’un d’entre eux.