Condamné pour avoir incendié des antennes-relais, il invoque la « solitude » du confinement
France bleu (+20Minutes/Le Parisien), 9 avril 2021
Après des mois d’enquête, les hommes de la section de recherches de Grenoble (Isère) ont mis la main sur un retraité, accusé d’avoir incendié plusieurs antennes relais ces derniers mois, a indiqué ce vendredi le parquet de Vienne L’homme, âgé de 62 ans et sans antécédent judiciaire, a été arrêté mercredi à La Chapelle-de-Surieu. Pour détruire les installations de téléphonie mobile, il utilisait le même procédé. Le suspect mettait le feu aux pylônes en brûlant à leur pied des pneus, ce qui avait pour conséquence de faire fondre les câbles et de rendre l’antenne inopérante. Le retraité, qui avait ainsi détruit par le feu de quatre antennes situées à Hauterives, Pact, Assieu et à la Chapelle-de-Surieu avait partiellement avoué [reconnu] les faits au cours de sa garde à vue.
Au début du mois d’août 2020, un premier pylône de 20 m de haut est dégradé par le feu à Hauterives (Drôme). Un mois plus tard, à Pact (Isère), les câbles d’une antenne relais sont sectionnés, puis le pylône est incendié à l’aide d’un pneu. Les conséquences sont importantes et perturbent pendant plusieurs heures la circulation des TGV, l’installation étant aussi utilisée par la SNCF pour ses communications. Début novembre, c’est un chantier de construction d’une antenne à Assieu (Isère) qui est visé. Le 16 novembre enfin, la base d’une antenne relais située à La Chapelle-de-Surieu (Isère) est incendiée. Sous l’effet de la chaleur, les câbles téléphoniques fondent et le relais est hors service pour plusieurs jours. Le préjudice total dépasse les 100 000 euros, selon le parquet de Vienne.
Les gendarmes de la SR de Grenoble effectuent rapidement un rapprochement entre tous ces faits au mode opératoire assez similaire. De nombreux prélèvements ADN sont effectués sur place, et les enquêteurs s’intéressent aussi aux opposants notoires à ces antennes-relais. Ce travail leur permet d’apprendre qu’un homme de 62 ans domicilié à proximité de la dernière des antennes relais incendiées a plusieurs fois exprimé sa colère contre cette installation. Inconnu de la justice, cet homme avait d’ailleurs annoncé à plusieurs reprises sa volonté de s’en prendre à l’installation.
L’homme, un « opposant radicalisé, proche de mouvements complotistes et du conseil national de transition » [le CNT est un groupe populiste mélangeant théories les plus farfelues et rhétorique d’extrême droite], selon le parquet, a expliqué avoir agi par colère, pour s’opposer « aux mensonges du gouvernement » sur le coronavirus, estimant par ailleurs que la population française aurait dû être consultée sur la mise en place de la 5G. Durant sa garde à vue, le sexagénaire a reconnu être responsable de trois des quatre incendies. A l’issue de 48 heures de garde à vue, le retraité a été déféré ce vendredi 9 avril au tribunal de Vienne en comparution immédiate.
Alors qu’il encoure 10 ans d’emprisonnement, Audrey Quey, procureure de la République de Vienne, demandait un an ferme avec aménagement de peine, plus deux avec sursis, « pour le retenir d’un nouveau passage à l’acte. De colère, il a brûlé des antennes ». La procureur détaille son mode opératoire : des recherches géographiques sur son ordinateur, qui le relient à chacun des quatre sites touchés. Une manie d’éteindre son portable un peu plus longtemps aux moments des faits qui lui sont reprochés, bref des faisceaux d’indices très concordants.
Au cours de l’audience, il n’a pas exprimé réellement de regrets,« en dehors du fait que ses actes n’aient pas eu de conséquences sur l’action du gouvernement ». « Célibataire et isolé, il a invoqué les effets de la crise sanitaire, aigri par le confinement, le manque de vie sociale et le manque de contacts, et une pression trop importante qui lui a fait perdre le contrôle » raconte Audrey Quez.
Le tribunal a prononcé une peine de 3 ans de sursis. Sa peine est assortie d’un sursis probatoire pendant deux ans et d’une obligation d’indemniser les parties civiles. Face à lui se trouvaient huit parties civiles : des opérateurs de téléphonie, TDF, le département, et aussi la SNCF (une voie et de la signalisation ont été endommagées à Pact). L’ensemble des dégâts, d’après la procureur Audrey Quey, s’élève à 103.000 euros. Deux des parties civiles ont rendez-vous en novembre pour trancher sur une partie des intérêts civils.