Saint-Sauvant (Vienne) : action directe contre l’agriculture industrielle

Deux-Sèvres/Vienne : l’incendie d’un engin de chantier
rallume
la tension sur les bassines
Centre Presse, 13 août 2021

Dans la nuit du mercredi 11 au jeudi 12 août 2021, une pelle mécanique de 23 tonnes a été incendiée sur un chantier de fouilles archéologiques lié au projet de bassines, à Saint-Sauvant, commune de la Vienne située à environ quatre kilomètres de la commune d’Avon, dans les Deux-Sèvres. La pelleteuse appartenait à la société 2 Sévrienne Service, située à Saint-Gelais.

La gendarmerie a ouvert une enquête en flagrance pour dégradations volontaires. L’engin de marque Volvo était loué par l’Institut national de recherches archéologiques préventives (Inrap). Le chantier avait démarré lundi 9 août 2021. Les archéologues intervenaient avant que soit construit un stockage d’eau destiné à l’irrigation agricole : Saint-Sauvant fait partie du projet de 16  » bassines  » qui doivent être construites le long du bassin de la Sèvre niortaise, projet objet d’une controverse depuis 2017.

Ce vendredi 13 août 1021, le président de la Coop de l’Eau, Thierry Boudaud, a  » dénoncé fermement ces actes malveillants « .  » Une enquête de la gendarmerie est en cours mais la thèse de l’acte volontaire semble privilégiée « , souligne-t-il.

La Coop de l’Eau est la société qui porte le projet de stockages d’eau, au sein de laquelle sont associés les agriculteurs futurs utilisateurs.  » Ces actes malveillants font suite à des actes de vandalisme déjà perpétrés en septembre dernier dans trois exploitations agricoles deux-sévriennes, ajoute Thierry Boudaud. Pour autant, une fois de plus, cela n’entamera pas notre volonté de poursuivre le dialogue avec tous nos interlocuteurs pour faire avancer notre projet.  » En septembre 2020, les équipements destinés à l’irrigation avaient été la cible d’actes de vandalisme dans trois exploitations à Aigondigné et Prahecq.

Cette semaine, le collectif Bassines, non merci ! avait publié sur sa page Facebook une photo de la pelle mécanique de Saint-Sauvant avec un texte commençant par :  » Alerte rouge. Début des travaux à Saint-Sauvant ?  » Bassines, non merci ! ne regrette-t-il pas aujourd’hui d’avoir sonné le toscin sur les réseaux sociaux au risque que quelqu’un passe à l’acte ?  » Nous ne regrettons pas d’alerter : nous faisons passer de l’information aux citoyens et la réaction de chaque citoyen lui appartient « , répond Julien Le Guet, porte-parole de BNM, interrogé sur le sujet par La Nouvelle République.

Le collectif explique qu’il n’a jamais opté pour ce type d’agissement. Mais il ne dénonce pas non plus ce qui s’est passé à Saint-Sauvant :  » On prend acte. On ne dénonce pas. On l’avait annoncé. Ce vandalisme n’est pas étonnant, il correspond à ce que nous disions : s’il y a passage en force, les citoyens résisteront avec leurs armes, leurs moyens, leur culture. Nous, nous sommes prêts à discuter autour d’une table mais personne ne prend la balle au bond. On va continuer à sensibiliser le public « , déclare Julien Le Guet.

BNM, qui programme une manifestation à Saint-Sauvant le dimanche 5 septembre 2021, explique par ailleurs ne pas avoir intérêt à bloquer l’intervention des archéologues :  » Quand les archéologues trouvent des choses, c’est pour les porteurs de projets que ce n’est pas bon.  »

C’est la première fois que l’entreprise 2 Sévrienne Service perd un engin sur un chantier. «  On redoutait ce genre de choses, explique le directeur, David Fichet. On avait d’ailleurs mis sur place une machine d’occasion. Mais c’est la première fois qu’un de nos engins est incendié. C’est un gros préjudice, entre 800 et 1.000 euros de perte d’exploitation par jour, et c’est un gars qui n’a plus de boulot. Je ne vais pas remettre de pelle mécanique et on ne prendra pas en charge un gardiennage de nuit. On a attendre de voir les décisions de l’Inrap.  » L’entreprise a déposé plainte : le préjudice est estimé  à 60.000 euros.

Chose rare concernant un acte de malveillance, la préfète de la Vienne a adressé un communiqué de presse à la rédaction de Poitiers de La Nouvelle République pour  » condamner  » l’acte commis. Le chantier de fouilles est aujourd’hui à l’arrêt.