Indymedia Lille, 6 septembre 2021
Beaucoup de choses se sont passées autour des journées d’action contre CIGEO aux abords du camp des Rayonnantes à la gare de Luméville en août 2021. Un bref bilan des événements et un appel de quelques brigan*des à intensifier notre résistance.
Actions en amont
Déjà avant le camp des Rayonnantes, il y avait eu des interventions du groupe B.O.R.I.S..
Dans le cadre d’une action coordonnée, des attaques à Bar-le-Duc et à Nancy avec de la peinture et des vitres défoncées ont visé la SAFER. La compagnie d’assurance Groupama, qui s’était portée partie civile avec la commune de Bure durant les 1·2·3-procès, a également subi des dommages matériels. Sur la voie ferrée à rénover entre Ligny et Gondrecourt, des militant*es ont saboté des parties de la voie avec des crics.
Grafittis et collages avant le camp
Dans les jours précédant le début du camp d’action, des tags contre CIGEO et à propos de la DUP se sont multipliés, par exemple à Saudron et Mandres-en-Barrois. Dans de nombreux villages voisins, des collages et des affichages ont été réalisés pour attirer l’attention sur la manifestation du 21.08. à Horville, la DUP et le camp des Rayonnantes.
Incendie d’une antenne 5G le 18.08.
Une revendication de « joggeurs éclairés » contre « la 5G et le nucléaire » a été publiée pour justifier la destruction d’un pylône 5G près de Nancy. Celui-ci a été brûlé dans la nuit du 19 août.
Jeudi, une centaine de manifestants ont quitté le campement de la gare de Luméville pour marcher vers la Haute-Marne aux sons de batucada et des slogans contre les expropriations foncières menaçant la région. La structure d’un hangar agricole a été érigée collectivement près de la ligne ferroviaire prévue. Tout s’est passé sous les yeux des policiers alertés tardivement, qui n’ont pris conscience de la bâtifestation qu’après une heure d’action.
Sabotage le 21.08.
Durant la journée d’action quatre cortèges, le cinquième restant au camp, se sont mis en route autour de la ville de Gondrecourt-le-Château. Les flics se sont concentrés principalement sur les « cortège doré » et les « cortège cirque » bleu, qui se réunissaient au point de rencontre officiel à Horville, au sud de Gondrecourt, les cortèges « violets » et « verts » ont pu se rassembler dans le village d’Abainville, plus au nord, sans être inquiétés. A Horville, la préfecture avait pris la précaution de retirer toutes les pierres décoratives du bord de la route.
Après que les deux cortèges d’Abainville, composés chacun d’environ 200 militants antinucléaires en costume de peintre, se sont mis en route, les flics ont arrêté le « doigt violet » à l’entrée de Gondrecourt. Lors de cette marche, une camarade accompagnant une personne en fauteuil roulant a été agressée et les policiers l’ont frappée à la tête sans aucune raison. Plus tard, la marche violette a réussi à traverser la périphérie de la ville jusqu’au dépôt logistique de l’ANDRA, où elle a de nouveau été arrêtée par des tirs de gaz lacrymogène.
Pendant ce temps, le « cortège vert » a pu marcher vers le sud le long de la ligne de chemin de fer sous un soleil radieux et avec une escorte policière la plus minime imaginable. Tandis qu’un groupe empêchait les flics d’avancer en érigeant des barricades, quelques douzaines d’activistes ont entrepris de démonter et de plier des sections de la voie ferrée. Avec des fumigènes et des parapluies, i·elles étaient protégé·e·s du regard de l’hélicoptère de la gendarmerie et d’un avion de reconnaissance des autorités. Après une bonne heure, la manifestation s’est déplacée sous le slogan « ANDRA dégage – Vive le bricolage » pour atteindre les environs du « cortège violet ».
Attaque du dépôt le 21.08.
Pendant ce temps, le « cortège doré » a réussi à atteindre le dépôt de l’ANDRA par le sud et a endommagé la clôture ainsi que la façade. Pendant leur retraite, la seule arrestation du week-end d’action a eu lieu.
Tandis que le groupe « violet » était arrêté pour la deuxième fois à l’entrée de Gondrecourt, le « cortège vert » se dirigeait résolument vers le côté nord du dépôt de l’ANDRA. En un clin d’œil, la clôture est tombée et plus d’une centaine de militants ont pris d’assaut le site. Pendant qu’ils se défoulaient sur la façade avec des extincteurs et des bombes de peinture préparées, les opposant·es détruisaient la plupart des fenêtres du bâtiment. L’intérieur du bâtiment a également été saccagé et une voiture de société a été démolie et retournée de 180°. Après à peine dix minutes, les manifestant·es avaient à nouveau disparu·es du site – l’escadron qui suivait est arrivée trop tard pour pouvoir intervenir. L’attitude solidaire du doigt bleu « sans stress », qui a dansé joyeusement au rythme de la samba et du tintement des fenêtres à l’intersection, a facilité la retraite et créé une belle connivence.
Attaques contre des policiers le 21.08.
La retraite des cortèges verts et violets, désormais unis, a été quelque peu retardée. De légères échauffourées entre manifestant·es et flics, sous forme de tirs d’engins pyrotechniques, de pierres et de gaz lacrymogènes, ont émaillé le début de l’après-midi. Après une accalmie, au cours de laquelle des preuves ont été remises aux flammes, les militants se sont déplacés le long de la ligne de chemin de fer pour retourner à Abainville. Les cortèges « dorés » et « cirque » avaient déjà entamé la longue marche de retour vers le camp.
A partir d’Abainville, la situation s’est tendue une dernière fois : des barricades ont empêché les flics d’avancer et les manifestants ont dû se défendre à nouveau contre l’utilisation de gaz lacrymogènes. Près du centre du village, des pierres ont volé en direction de la gendarmerie – même la fière jeep P4 a été endommagée. Grâce à des navettes spontanément improvisées, les militant·es ont été approvisionnés en eau et une longue file de voitures a permis leur retraite.
Conclusion
Lors de ces journées d’action couronnées de succès, l’ANDRA et son projet de gestion des déchets nucléaires CIGEO ont une fois de plus fait l’objet d’une opposition massive. Il y a eu peu de blessés et une seule arrestation. Lors d’un procès en référé au tribunal de Bar-le-Duc, lundi, l’intéressé a été condamné à une interdiction de meuse après presque 48 heures de GaV. En septembre, la personne sera accusée dans un procès pour dommages à la propriété et refus de signalétique. La présence des flics est restée bien en deçà de ce que l’on craignait, et il y a donc eu beaucoup moins de confrontations que d’habitude. La solidarité et le courage, ainsi qu’une stratégie de cortèges décentralisée, nouvelle pour la France, a fonctionné et dépassé les flics, étonnamment peu nombreux. Une fois de plus, un signal clair a été envoyé contre le projet et, en plus de nombreux événements de fond, beaucoup de colère a pu éclater au grand jour. L’ANDRA demande la reconnaissance de l’utilité publique (DUP) de son projet et veut aller de l’avant avec les demandes d’expropriation et de construction. Le 15 septembre, les audiences de « participation publique » sur la DUP débuteront à Montiers-sur-Saulx. Il est grand temps de faire monter la pression !