Guadeloupe : l’Etat se venge contre les émeutiers

Plus d’une centaine d’arrestations et de condamnations
depuis le début du conflit

Guadeloupe la 1ere, 27 novembre 2021 (extrait)

Huit jours après le début de l’escalade sociale, le parquet de Pointe-à-Pitre communique sur un premier bilan des procédures judiciaires engagées contre les personnes qui se sont rendues coupables de délits sur le terrain.

Après une « première vague » consacrée aux pillages, le ressort se penche désormais sur les délits commis sur les barrages : 51 personnes dont 9 femmes ont été présentés à ce jour devant la justice et 17 personnes ont été incarcérées. Les autres, pour la plupart ont été condamnées à des peines à domicile.

Quant aux profils des condamnés, il est a noté, qu’au-delà des 9 femmes déférées dont deux ont écopé de peine de prison, il n’existe pas vraiment de portrait-robot. Primo condamnés et récidivistes se côtoient dans ce panel. Chose remarquable par exemple l’une des personnes punies par la justice l’avait été également durant les évènements de 2009.

Enfin sur le cas particulier du jeune homme touché par un éclat de projectile sur le barrage de Bouliqui le procureur tient à préciser qu’à la suite de l’instruction il ne s’agit pas d’une balle mais probablement d’un éclat de grenade lacrymogène.

Parallèlement, à Basse-Terre, les enquêtes sont menées activement pour identifier les tireurs et les porteurs d’armes. En tout, une soixantaine de personnes a été arrêtée. De fait, à Basse-Terre aussi, les plaintes sont instruites par les justices et en la matière, des condamnations sont déjà tombées.


Exactions nocturnes : une quarantaine de personnes jugées en comparution immédiate
Guadeloupe la 1ere, 24 novembre 2021

Le procureur de la République de Pointe-à-Pitre, Patrick Desjardins, dresse un bilan de la gestion judiciaire des évènements survenus, en Guadeloupe, au cours des nuits du 18 au 21 novembre 2021, dans un communiqué.

A l’issue des deux audiences du tribunal correctionnel de Pointe-à-Pitre, qui se sont tenues lundi 22 novembre, sur les 30 personnes jugées (parmi lesquelles 9 femmes) 26 ont été condamnées et 4 ont bénéficié d’une décision de relaxe.
Les peines ont été prononcées, en fonction des profils de chacun : amendes avec ou sans sursis, travaux d’intérêt général, détention à domicile sous surveillance électronique, révocation de sursis antérieurs, peines d’emprisonnement ferme avec ou sans maintien en détention. 13 mis en cause sont derrière les barreaux, à ce jour.

Deux ont été condamnés à la peine de 2 ans d’emprisonnement ferme, avec maintien en détention ; l’un pour sa participation active au pillage d’un commerce spécialisé dans la vente de matériel électronique, à Pointe-à-Pitre et, l’autre, pour une tentative d’effraction dans une agence bancaire, aux Abymes.

Sept hommes ont, par ailleurs, été jugés en comparution immédiate, par le tribunal correctionnel, ce mardi 23 novembre, pour des faits de participation armée à un attroupement et/ou d’entrave à la circulation. L »issue de ce procès n’a pas encore été communiquée.

Enfin, un homme de 34 ans doit être présenté à un juge d’instruction de la juridiction, suite à l’ouverture d’une information judiciaire. Il est suspecté d’avoir activement participé aux faits de vols avec effraction et en réunion commis dans trois bijouteries de Pointe-à-Pitre, dans la nuit du 18 au 19 novembre.

A Basse-Terre

Idem, au tribunal de Basse-Terre : cinq jeunes étaient jugés en comparution immédiate, mardi 23 novembre, devant le tribunal correctionnel. Ils avaient été interpellés sur des barrages, en possession de munitions, après avoir caillassé les forces de l’ordre. Ces personnes, sans casier judiciaire, ont écopé de peines allant de 6 mois, dont 4 avec sursis, à 6 mois fermes.

C’est en visio-conférence qu’une jeune femme de 24 ans, sans emploi, maman d’un enfant de 7 ans, a été auditionnée par les trois magistrates. Elle était déjà incarcérée, dans la prison pour femmes de Baie-Mahault, depuis son interpellation. Un soir, les gendarmes l’ont arrêtée, avec une capuche sur la tête, sur le barrage de Sapotille, à Trois-Rivières. Elle avait un caillou de 160 grammes dans la poche ; de quoi tuer un gendarme, a précisé le procureur de la République, Xavier Sicot. Elle a aussi insulté les militaires, sur le trajet jusqu’à la gendarmerie ; elle les a traités de « sales blancs« . Cela lui coûtera 300 euros, par gendarme insulté ; ils n’étaient que deux. Elle écope de 2 mois de prison ferme et 4 mois avec sursis.

Un jeune homme de 19 ans, arrêté en même temps, barrait la route, à Sapotille. Il a été condamné à 2 mois fermes, 4 mois avec sursis et une obligation de travail et de réinsertion, surveillé attentivement, par la justice.

Un homme de 27 ans a, lui, été trouvé avec deux montres, pillant un magasin, dans le centre-ville de Basse-Terre. Il est bien connu de la police et de la justice, puisqu’il avait fait l’objet de condamnations, pour des violences, une agression sexuelle sur mineure, des détentions d’armes et de stupéfiants. Il a pris 6 mois de prison ferme.

Un repris de justice en conditionnelle, retrouvé après le couvre-feu, avec trois balles de calibre 38 sur lui, mais pas de pistolet écope, quant à lui de 6 mois de prison ferme.

Un fils de famille aisée, retrouvé sur un toit de Basse-Terre, avec un sac rempli d’objets volés, sera jugé la semaine prochaine. En attendant, il dort en prison.