Archives de catégorie : Commentaires déplacés

Paris : couper les veines de la domination, après-midi solidaire

Indymedia Nantes,
3 janvier 2021

Le 22 septembre 2020, un compagnon anarchiste, B., a été arrêté à Besançon pour avoir incendié deux antennes-relais d’opérateurs de téléphonie mobile, mais aussi de la police et de la gendarmerie, sur les hauteurs de Salins-les-Bains (Jura) le 10 avril. Depuis bientôt quatre mois, il se trouve en détention préventive à la prison de Nancy-Maxéville pour cet acte généreux, accusé en plus par une juge d’instruction d’ «association de malfaiteurs» et soupçonné de la chaleureuse destruction d’un local technique qui avait fait taire deux semaines plus tôt une autre antenne dans la capitale franc-comtoise.
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Le chiffre du jour : 159

Ne nous demandez pas pourquoi, mais l’Office of communications (Ofcom), c’est-à-dire l’autorité régulatrice des télécommunications du Royaume-Uni qui regroupe l’équivalent du CSA et de l’ARCEP hexagonaux, boucle son rapport annuel fin novembre sans attendre l’arrivée du nouvel an.

Sorti donc le 17 décembre pour vanter les merveilleux progrès du déploiement de la toile numérique et fêter l’arrivée de la 5G, ce rapport ne pouvait cette fois pas passer à côté des nombreuses destructions d’antennes-relais qui sont aussi montées en flèche outre-Manche à partir du premier confinement. Il faut dire que le fameux pragmatisme britannique n’a pas besoin comme ailleurs de se planquer derrière une fausse pudeur policière pour fournir à ses lecteurs le nombre officiel de sabotages contre ces structures particulières de la domination.
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Traverser la place, dégonfler ballon et rentrer à la maison

Indymedia Nantes, 3 décembre 2020

Point de vue sur l’après-midi d’un 28 novembre à Paris.

Samedi 28 novembre à Paris, on manifestait. Pour un monde sans keufs ? Ou bien : Pour un monde où c’est légal de filmer les keufs ? C’est-à-dire : pour un monde où les mauvais keufs sont désignés comme mauvais — donc pour un monde où en faisant la part du bon et du mauvais, on sauve la survie de ce monde avec une police dedans ? Perso, on était là pour chasser du monde tous les keufs, ce qui est la moindre des choses, la vengeance étant action minimale quand on veut vivre un monde désinfecté de toutes les milices qui prétendent agir pour nous protéger des maux qu’elles ont choisi de définir comme tels, au nom d’un bien qu’elles prétendent garantir. Bref.
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Paris : quelle liberté ?

Beau comme la Banque de France réchauffée par des flammes de la colère

De nouveaux rassemblements et « marches des libertés » se sont déroulés samedi 28 novembre un peu partout contre la proposition de loi « sécurité globale » (adoptée en première lecture à l’Assemblée nationale le 24 novembre), notamment à Paris, Lyon, Bordeaux, Lille, Reims, Rouen, Toulouse, Brest, Caen, Rennes, Limoges, Périgueux, Strasbourg. Soit entre 130 000 et 500 000 manifestants en tout selon le bord des petits comptables de masse. Dans la capitale, la manifestation de dizaines de milliers de personnes, initialement interdite au prétexte du covid puis autorisée sur le parcours convenu des défilés de gôche entre les places de la République et de Bastille, était à l’initiative du collectif « Stop loi sécurité globale », composé de syndicats de journalistes, d’ONG droitsdelhommistes et autres crapules politiciennes. Mais tout ne s’est pas passé comme prévu, au grand dam des organisateurs.
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La santé, à vos ordres !

« Aucun peuple, aussi docile soit-il par nature et aussi habitué qu’il puisse être à obéir aux autorités, ne se résignera volontiers à s’y soumettre; pour cela, une contrainte permanente est nécessaire; cela veut dire que sont nécessaires la surveillance policière et la force militaire. »
— Michel Bakounine

S’il est vrai que le langage crée le monde où nous vivons, et aide à le comprendre, alors ce qui nous attend est un monde terrible, comme peut l’être un monde dans lequel le militarisme –et par conséquent la guerre– sont les aspects prépondérants.
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Chili : Souder les chaînes en temps de ruptures

Souder les chaînes en temps de ruptures
Une perspective anarchiste face au processus constituant au Chili
traduit de l’espagnol de Indymedia Barcelone, 22 octobre 2020

À un an de la révolte qui a secoué octobre [2019], nous nous rebellons contre tout début et toute fin, nous rejetons l’idée d’une date commémorative qui se dissoudrait dans les eaux de l’Histoire et dont on ferait périodiquement usage comme d’un trophée que l’on dépoussière pour rappeler et vivre, toujours au passé, l’aspect supposément ponctuel de la subversion et la segmentation d’un antagonisme réel. Loin des options du pouvoir et de sa voie institutionnelle pour se relégitimer, la seule chose qui reste, qui n’a pas de prix et n’est pas quantifiable, c’est l’expérience de projeter et de se projeter dans des chemins de négation antagonique à un monde de mensonges, de domination, de misère et de lois.
Face à la révolte, le référendum et la situation judiciaire: Communiqué de prisonnier-e-s de la guerre sociale pour la destruction de la société carcérale
Octobre 2020/Prison de Haute Sécurité, Prison de Santiago 1, Prison de San Miguel.

Une esquisse du contexte

Le 18 octobre 2019, sur le territoire dominé par l’État chilien, a commencé l’une des révoltes les plus étendues et catégoriques que l’on ait vue ait vue au cours des dernières décennies. Tout débute dans le contexte d’un ensemble de protestations contre la hausse du billet de métro. Ces mobilisations, réalisées principalement par des lycéen-ne-s, ont été brutalement réprimées dès le début.
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Le pire des virus… l’autorité

[Un tract sorti le 13 mars dernier à Paris, quatre jours avant le premier confinement du printemps. A (re)lire en cette veille du second prévu pour durer jusqu’au 1er décembre minimum.]

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Le décompte macabre des décès augmente de jour en jour, et dans l’imaginaire de chacun prend place la sensation, d’abord vague puis toujours un peu plus forte, d’être toujours plus menacé par la Grande Faucheuse. Pour des centaines de millions d’êtres humains, cet imaginaire n’est certainement pas nouveau, celui de la mort qui peut s’abattre sur n’importe qui, n’importe quand. Il suffit de penser aux damnés de la terre sacrifiés quotidiennement sur l’autel du pouvoir et du profit : ceux et celles qui survivent sous les bombes des États, au milieu de guerres infinies pour le pétrole ou pour les ressources minières, ceux et celles qui cohabitent avec la radioactivité invisible provoquée par des accidents ou des déchets nucléaires, ceux et celles qui traversent le Sahel ou la Méditerranée et qui sont enfermés dans des camps de concentration pour migrants, ceux et celles qui sont réduits à des morceaux de chair et d’os par la misère et la dévastation générées par l’agro-industrie et l’extraction de  matières premières… Et même dans les terres que l’on habite, à des époques pas très lointaines, on a connu la terreur des boucheries à échelle industrielle, les bombardements, les camps de mort… toujours créés par la soif de pouvoir et de richesse des États et des patrons, toujours fidèlement mis en place par des armées et des polices…

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Enchaînés à la couronne

[Un texte sorti le 14 mars dernier, trois jours avant le premier confinement du printemps. A (re)lire en cette veille du second prévu pour durer jusqu’au 1er décembre minimum.]

« La tyrannie la plus redoutable n’est pas celle qui prend figure d’arbitraire, c’est celle qui nous vient couverte du masque de la légalité. »
A. Libertad, 1907

Avec l’épidémie passagère de Covid-19 qui se propage à travers le monde et les mesures drastiques qui s’enchaînent les unes après les autres de la Chine à l’Italie, une des premières réflexions qui vient en tête est de se demander qui de la poule de l’autorité ou de l’œuf de la soumission est actuellement en train de faire le plus de dégâts. Cette brusque accélération étatique de contrôles, d’interdictions, de fermetures, de militarisation, d’injonctions, de bombardements médiatiques, de zones rouges, de priorisation des morts et des souffrances, de réquisitions, de confinements en tous genres –typiques de n’importe quelle situation de guerre ou de catastrophe–, ne tombe en effet pas du ciel. Elle prospère sur un terrain largement labouré par les renoncements successifs des braves sujets de l’État à toute liberté formelle au nom d’une sécurité illusoire, mais aussi sur la dépossession généralisée de chaque aspect de notre vie et la perte d’une capacité autonome des individus à penser un monde complètement différent de celui-ci.
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Y a t-il une vie avant la mort ?

[Un tract sorti le 23 mars dernier à Marseille, une semaine après le premier confinement du printemps. A (re)lire en cette veille du second prévu pour durer jusqu’au 1er décembre minimum.]

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Ces derniers mois, un virus contre lequel n’existe pas de vaccin se propage, atteignant des organismes humains affaiblis notamment par les pollutions industrielles, la misère, les conditions de survie éprouvantes. Il contamine des centaines de milliers de personnes et tue des milliers d’autres. Ce virus et le traitement médiatique qui en est fait viennent activer une terreur ancienne, celle des différentes « pandémies » de peste noire et leurs dizaines de millions de mort-es au fil des siècles, terreur confirmée et amplifiée par les mesures spectaculaires et coercitives se répandant comme traînée de poudre. La mort et la peur qu’elle inspire, tenues à distance la plupart du temps dans « nos » sociétés occidentales (ou « normalisé-e » à renfort de protocoles médicaux), semble prendre sa revanche en envahissant l’espace social et incitant chacun.e à regarder l’autre comme un facteur de risque potentiel.
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A distance du monde

Les saisons changent
les jours sont similaires
divers épilogues
possibles rêves invisibles
routes inconnues
nuits imprévisibles

Si la vie a une valeur quantitative, il est évident que la science et la technique deviennent les religions de la domination. Le monde s’arme, progressant vers l’abîme. Aujourd’hui, on admet de façon inéluctable qu’il produise soin et contrôle totalisant contre une maladie incurable. Quelqu’un s’interroge-t-il sur comment la technologie semble à la fois toujours plus à la pointe et incontestable mais en même temps aussi vulnérable ? Quelque chose d’invisible et d’imperceptible est en train de faire s’écrouler une partie du système. Et vu que ce monde est basé sur le rapport millénaire entre pouvoir et servitude, nous sommes en train de tomber avec lui.
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Transportés par le vent

En quête assidue d’ « un équilibre entre responsabilité économique, responsabilité Sociale et responsabilité environnementale», le groupe Agsm de Vérone (Italie) est une entreprise qui affirme avoir quelque scrupule de conscience. Son objectif est évidemment d’obtenir du profit, mais elle veut le faire de manière propre, de manière quasi éthique oserait-on dire. Active dans le secteur de l’énergie, cette société ne veut rien avoir à faire avec le pétrole, le gaz ou le nucléaire. Non Monsieur, « puisque le développement durable est dans l’ADN du Groupe Agsm», sa spécialité sera l’exploitation des prétendues ressources renouvelables. Même le soleil, l’eau et le vent peuvent alimenter la Méga-Machine qui est en train de ravager la planète ! Un de ses derniers projets est ainsi la construction d’un grand champ d’éoliennes sur le mont Giogo, dans la zone du Mugello en Toscane. Agsm a présenté le projet il y a un an, lançant l’envoi des autorisations procédurales menées par la région, auxquelles ont participé 44 organismes, sans oublier un « débat ouvert avec les citoyens» qui s’est conclu le 24 août dernier. Il s’est terminé parce qu’il a mis tout le monde d’accord ? Non, bien sûr, il s’est terminé parce que ce genre de débat n’est qu’une formalité ennuyeuse à expédier en vitesse avant de passer aux choses plus lucratives.
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Santiago (Chili) : la seule église qui illumine…


Le 18 octobre au Chili
se sont déroulées des manifestations dans de nombreuses villes à l’occasion du premier anniversaire de la révolte qui avait éclaté fin 2019 suite à l’augmentation du prix des transports à Santiago avant de se répandre à travers tout le pays en enflammant aussi bien des bâtiments d’État, des partis, de l’université ou des caisses de retraite, que des métros et bus, des antennes de téléphonie et de nombreux supermarchés (après avoir été pillés).

C’est dans ce contexte que ce dimanche à Santiago, 30 000 manifestants se sont réunis dès le début de la matinée dans le centre de la capitale sur Plaza Italia, non seulement pour célébrer l’anniversaire de la révolte, mais aussi en ce qui concerne toute la frange citoyenne et degôche, pour appeler à voter « oui » (« Apruebo») au référendum national du 25 octobre, initialement prévu en avril et reporté pour cause de coronavirus, qui se prononcera à la fois pour ou contre l’abandon de la Constitution héritée de Pinochet, et sur la méthode pour en rédiger une nouvelle *. Cette échéance électorale est un des fruits de la récupération du soulèvement de 2019 par les partis de gauche et de droite réunis dans une même crainte du potentiel insurrectionnel qui couvait au sein de la révolte (et appuyé par de nombreuses assemblées de base), afin de la ramener sur des rails institutionnels.
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Iquique (Chili) : l’acharnement finit par payer

Le 18 octobre au Chili se sont déroulées des manifestations dans de nombreuses villes à l’occasion du premier anniversaire de la révolte qui avait éclaté fin 2019. En plus de tout ce qui s’est passé dans la capitale Santiago, comme les deux incendies d’églises, les affrontements avec la flicaille et les pillages, au moins deux événements ont ému les autorités ce dimanche à Iquique, dans la province de Tarapacá.

Le premier s’est produit lorsqu’une voiture a été cramée par des manifestants et que le portail du supermarché Lider a été enfoncé pour le piller, avenida Héroes de La Concepción. Quant au second, il a montré une fois de plus les possibilités offertes aux individus qui ont identifié l’ennemi en se donnant les moyens d’agir, au-delà de la foule qui a notamment procédé à un blocage à hauteur de Pozo Almonte, sur la ruta 5 qui relie la ville portuaire d’Iquique à l’intérieur du pays.
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Malte : émeute et évasion vs passeports dorés

A Malte, un des camps cerné de barbelés où sont enfermés près de mille individus dépourvus du petit bout de papier adéquat est situé dans la base militaire de Hal Safi, près de l’aéroport international au sud-est de l’île. Mais comme aucune cage ne pourra jamais étouffer la soif de liberté, des révoltes et évasions s’y produisent régulièrement, comme ce vendredi 18 septembre, où vers 2h du matin une nouvelle émeute a fini par exploser dans ce camp face aux insupportables conditions de réclusion et à l’enfermement tout court. Cinq migrants sont également parvenus à s’en évader.

A leur arrivée pour tenter de stopper l’émeute, les flics des unités spéciales d’intervention (Rapid Intervention Unit, RIU) ont été accueillis avec des pierres, tandis que des matelas brûlaient dans la cour. Sept flics des RIU ont été blessés lors de l’affrontement grâce à des coups de barre de fer bien placés, et deux ont dû être transportés d’urgence à l’hôpital Mater Dei. Quant aux cinq évadés (du Soudan, d’Érythrée et de Somalie), ils ont réussi à forcer l’entrée non sans avoir blessé cinq flics avant d’être repris à l’extérieur. L’un d’eux a également dû être transporté à l’hôpital, après qu’un vigile du centre l’ait blessé par balle en lui tirant dessus à l’aide d’une arme qu’il conservait dans sa voiture, pour l’empêcher de poursuivre sa belle en escaladant le grillage qui donne sur l’aéroport.
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Le coronavirus tricolore ne cesse de muter (mis à jour)

Le fameux coronavirus qui occupe depuis des mois tous les esprits possède des enzymes de réplication à base d’ARN plutôt que d’ADN, ce qui rend sa séquence génétique beaucoup moins stable et lui permet de muter rapidement. Depuis mars 2020, la variante mutante D614G du SARS-CoV-2 qui augmente sa capacité à infecter les humains (tout en étant peut-être moins virulente) est ainsi devenue majoritaire parmi les échantillons cliniques prélevés chez les malades en Europe, prenant en partie la place de ses autres versions qui ne portaient pas cette mutation avantageuse pour lui. Au total, plus d’une centaine de ses mutations ont été décrites à ce jour dans le monde, tout en restant jusqu’à présent minoritaires.

Toutefois, loin des analyses de laboratoire sur un virus à la diffusion si capitaliste (déforestation massive, concentration urbaine et économique, déplacements aériens,…), il existe également une autre série de mutations accélérées – cette fois de sa souche tricolore – qui pourraient au minimum rendre perplexe sur la direction qu’elles empruntent. En ces beaux jours de fin septembre, voici un petit aperçu sur un phénomène finalement pas si curieux que cela.
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