Affiche A4 couleur, trouvée sur Indymedia Lille, 10 mars 2022
Je ne vote pas
Je ne vote pas. Parce que je ne veux pas choisir un maître, choisir celui qui décidera à ma place de ce qui est bien pour moi, et me forcera à respecter ses choix, qu’il fera passer pour les miens. Je ne veux pas que la majorité détermine ma servitude, que le bétail construise les barrières qui le parquent et nomme ceux qui me dirigeront moi aussi, quoi que j’en pense.
Je ne vote pas parce que je ne veux pas du monde qu’ils m’imposent, je ne reconnais pas l’idée de nation, de peuple, de citoyenneté, considérant que les États s’arrangent toujours pour fabriquer des identités qui donnent l’illusion d’une unité dans une population. Ni ma nationalité, ni la langue que je parle, ni ma couleur de peau ne déterminent ce que je suis, et je ne reconnais pas les frontières de l’État dans lequel le hasard de la vie m’a fait naître. De même, je ne veux rien savoir d’un quelconque bien commun, car je ne veux faire partie d’aucune communauté, je ne veux avoir aucun devoir envers personne, et je veux choisir ceux avec qui je construis ma vie.
Avis de tempêtes – bulletin anarchiste pour la guerre sociale n°50 (février 2022) vient de sortir.
« La liste de toutes les assertions du pouvoir qui contiennent déjà une réponse à base de solutions aveuglément techniciennes ou stupidement gestionnaires afin de prolonger l’agonie de l’existant serait longue, mais c’est cependant sur la dernière en date que nous avons choisi de nous attarder. Il y a quelques jours, elle a été plus ou moins formulée de la façon suivante aux moutons désireux de choisir leur berger, par celui qui est d’ores et déjà annoncé comme le futur dirigeant de ce misérable pays : « réchauffement climatique ou nucléaire » ?
L’idée derrière cette farce grotesque était en fait de projeter de colossaux investissements énergétiques, puisque le Président a aussitôt tranché en faveur de la construction de six nouveaux réacteurs nucléaires pour 2035, plus huit autres à l’étude pour 2040, plus un énième prolongement de la durée de vie des centrales actuelles, plus une cinquantaine de parcs éoliens en mer d’ici 2050, plus des dizaines de fermes solaires (ah, la novlangue)… le tout pour la coquette somme de 70 milliards d’euros par an pendant les trois prochaines décennies. Bon, disons-le d’emblée, non seulement il ne s’agit pas là de sources d’énergies « décarbonées » qui empêcheront le réchauffement climatique, mais l’essentiel de ce plan étatique vise surtout et officiellement à accroître la production d’électricité à l’horizon 2050 de 60% par rapport à son niveau actuel. Ce qui correspond en fait à la marche forcée de la domination vers une électrification massive de l’économie, où la numérisation couplée à l’intelligence artificielle dans l’ensemble des secteurs tout comme les véhicules électriques sont des figures de proue. »
L’État développe d’années en années son matériel et ses méthodes de surveillance généralisée. Le processus de gentrification et d’embourgeoisement des populations qu’accompagne le projet du Grand Paris, les Jeux Olympiques de 2024, le fameux ”sentiment d’insécurité”, sont autant de raisons et de prétextes pour la mise en place de nouveaux dispositifs de sécurité, en banlieue parisienne, mais pas seulement. Ce n’est pas nouveau d’ailleurs, que l’État nous fiche, nous gère, et espionne nos vies par des moyens toujours plus perfectionnés, intrusifs et efficaces. Ses sales caméras nous filment dans les rues, sur les places, dans les magasins, dans les transports, les ascenseurs, les interphones, les smartphones, les drones, aux péages, etc… Au nom de l’insupportable sécurité de tous, de la paix sociale et du bien commun dont nous ne voulons pas. Cette sécurité est toujours la réduction de la vie, restreinte pour nous pacifier dans la machine de production capitaliste. La surveillance, en tant qu’outil de contrôle, pose dans son acceptation ou son refus la question de la vie. Combattons cette existence plate et fade, sans aucune subversion de la normalité, sans aucune mise en mouvement de nous-même, sans perspective d’une émancipation collective globale. Les caméras, et la surveillance de manière générale, brident nos envies. On se dit que rien ne sert de voler un coffre, de brûler une voiture ou de briser une vitrine puisqu’on sera repéré. Le rôle des caméras est aujourd’hui majeur dans la pacification des révoltes, tant en prévention par leur aspect dissuasif qu’en répression par leur utilité judiciaire. L’État veut nous faire croire par ses caméras qu’il est tout puissant, qu’il pourrait en permanence avoir accès à tous nos faits et gestes : non il ne l’est pas ! Ses caméras, comme tous les bâtiments qu’il érige sont imparfaits dans leurs fonctionnements mais également périssables et destructibles. Les caméras serviraient à ”nous” protéger ? Mais qui est ce ”nous” ? C’est l’ordre, l’argent, la propriété, la bourgeoisie, l’État. Nous, elles nous emmènent en prison. Refusons les logiques sécuritaires, de fichage, de contrôle et de gestion ! Détruisons les barrières qui se dressent entre nous et la liberté. Attaquons leurs caméras de surveillance. Lire la suite
La vie de celles et ceux qui luttent pour l’anarchie est difficile à raconter. Vouées à l’action, leurs vies se déroulent aussi discrètement qu’elles sont vécues pleinement. La vie de Ramón Vila Capdevila, dit Caracremada, fait partie de ces parcours souterrains.
S’engageant d’abord dans les groupes d’action armée nées au sein de la guerre sociale dans l’Espagne des années 20, Ramón connut ensuite les joies et les amertumes d’une vaste révolution sociale. Exilé en France après la victoire des franquistes, il rejoignit le maquis contre l’occupant nazi. Puis il reprit la lutte clandestine contre le régime militaire en Espagne : incursions pour amener des armes et du matériel, sabotages de pylônes à haute tension, d’usines et de voies ferroviaires, soutien logistique aux groupes de guérilla urbaine, expropriations pour financer la lutte. Ce fut une vie dure et intense au rythme des saisons dans les forêts et les montagnes de Catalogne. D’une endurance exceptionnelle et d’une force de caractère hors du commun, Ramón sut prolonger les hostilités pendant des décennies. Agissant souvent seul ou en petit groupe, Caracremada arpenta les montagnes jusqu’à son dernier souper.
CARACREMADA Sur les sentiers de la guérilla anarchiste en Espagne (1945-1963)
212 pages – 8 euro
Format 19x13cm – Couverture sérigraphiée
Pour toute commande, envoyer un mail à : tumult_anarchie[arobase]riseup.net
Pour les autres titres publiés par Tumult,
voir le catalogue sur : tumult.noblogs.org
Avis de tempêtes – bulletin anarchiste pour la guerre sociale n°49 (janvier 2022) vient de sortir.
« Depuis l’émergence des cités, la puissance économique a fondamentalement toujours marché sur les mêmes deux pieds : énergie et extraction. De l’esclavage au nucléaire, le progrès économique additionne les sources énergétiques qui confèrent toujours plus de puissance aux dominants, et vice versa, car c’est l’exploitation des sources énergétiques qui alimente directement la domination. A l’instar de l’extraction du pétrole qui a libéré une vertigineuse force énergétique, vieille de millions d’années, donnant des dimensions inouïes à l’industrialisme et à la guerre à l’échelle mondiale, l’économie numérique et électrifiée dépend de la vitesse d’extraction des métaux qui lui sont nécessaires. Ainsi se dessinent les lignes de front où sont et seront menées de terribles batailles. Chambouler leurs prévisions, transformer les occasions et situations en facteurs de désordre et d’imprévu, scruter ces lignes de front où l’ennemi se montre certes confiant, mais cependant plus vulnérable qu’ailleurs, se jeter dans les conflits qui se dessinent en y apportant sans tarder l’action directe, voilà des cris de bataille qui pourraient nous mettre activement sur les traces de l’ennemi. »
Pilier sur lequel repose toute l’organisation sociale, la prison, contrairement à la rhétorique des gouvernements démocratiques, n’a pas une fonction de rééducation et de réinsertion dans la société, mais plutôt la fonction de punir, d’anéantir et d’éliminer ceux qui y sont emprisonnés ; autrement dit, ceux qui sont inutiles ou contre le bon fonctionnement de la société et de son économie. Le régime de détention de l’État français, celui de « Liberté, Égalité et Fraternité » issu de la Révolution, n’est pas différent ; il suffit de dire que la peine de mort n’a été abolie dans sa législation qu’en 1981. Mais la guillotine n’a été remplacée que par la volonté de tuer d’une manière plus “propre”: par l’écoulement lent et répétitif du temps enfermé.
Parmi les nombreuses vies prises dans l’étau de cette législation démocratique figure celle de l’anarchiste Claudio Lavazza. Lire la suite
Avis de tempêtes – bulletin anarchiste pour la guerre sociale n°48 (décembre 2021) vient de sortir.
« Le réchauffement climatique, le pic des combustibles fossiles, la fonte des glaces, la disparition de la biodiversité, la déforestation et la désertification, les ouragans et les déluges, tout en étant des phénomènes aux conséquences éminemment planétaires, n’annoncent pourtant probablement pas l’apocalypse planétaire finale, l’effondrement de l’État et du capital partout sur la planète. Mais ce ne sont pas moins des phénomènes bien réels : ils sont en train de modifier les sociétés humaines, et de redessiner les terrains d’affrontement et de lutte. Des études des assurances aux rapports stratégiques militaires, des projets menés par les grosses entreprises énergétiques aux recherches menées dans les laboratoires : dans toutes les salles de commande qui pilotent la course en avant de cette civilisation-titanic, on prend acte des changements qui sont en cours et qui s’annoncent.
Loin des conférences mondiales telles que celles dédiées au climat qui viennent confesser publiquement l’obsolescence politique face à l’ampleur du changement climatique, et pendant que des gens bien intentionnés continuent à implorer des mesures fortes, des centaines de milliers d’experts préparent un avenir avec changement climatique, avec réchauffement de la planète, avec pénurie de matières premières, avec pandémies facilitées par l’urbanisation, la mobilité motorisée et la globalisation. »
Nous avons le plaisir d’annoncer la parution du premier numéro de La caverne d’Ali Babel – Bulletin de correspondances anarchistes, dont voici une brève présentation tirée de la quatrième de couverture :
« Nous voudrions qu’ouvrir ce bulletin soit comme entrer dans une caverne pleine d’un précieux butin. On y entrerait comme des voleurs, plus attirés par la richesse qui s’y reflète et par l’usage que l’on entrevoit, que soucieux des multiples provenances de telles trouvailles. Un dépôt d’idées et de réflexions anarchistes initialement exprimées dans des langues différentes, dans lesquelles piocher à son aise et auxquelles se confronter et s’affronter librement. Que la lecture poursuive son chemin en dehors de la caverne, voilà notre souhait. Qu’elle incite alors chaque individu y pénétrant à la réflexion, à la discussion et au débat. Pour que la porte fermée derrière soi ne soit qu’un début, ou qu’une étape, sur la voie d’une aventure exigeante et dense d’échanges, où la pensée et l’action cheminent côte à côte. »
Nous invitons toute personne intéressée à commander un ou plusieurs exemplaires à nous écrire (alibabel_AT_riseup.net). Lire la suite
Contrer l’avancée des travaux de Cigéo (Bure). Guide d’inspiration en réponse à la question Que faire ?, novembre 2021, 60p.
Présentation :
À Bure, le projet d’enfouissement de déchets nucléaires Cigéo a beau ne pas être encore validé, les travaux avancent. Les géomètres et naturalistes rodent à droite à gauche, des forages sont effectués pour la prise de données, une maquette de la descenderie est réalisée par POMA, la rénovation de la voie ferrée se prépare, des « affouages », ou débuts de défrichement, ont lieu dans le Bois Lejuc, le réseau électrique se densifie, les routes sont rénovées, une nouvelle gendarmerie est en construction. lire la suite
Avis de tempêtes – bulletin anarchiste pour la guerre sociale n°47 (novembre 2021) vient de sortir.
« Depuis quelques semaines, les trafiquants de chair humaine à la tête des États européens tirent la sonnette d’alarme sur fond d’enjeux géopolitiques et énergétiques bien plus vastes : à leur porte orientale se pressent quelques milliers de voyageurs indésirés qui tentent de fuir la misère, la guerre et l’oppression. Venus d’Irak, de Syrie, d’Afghanistan, du Yémen ou du Kurdistan, ils sont désormais coincés dans les glaciales forêts biélorusses face à 15 000 militaires polonais et leurs rouleaux tranchants déroulés à la hâte. Pour la seule journée du 16 novembre, les chiens de garde des confins de l’Europe affirment ainsi avoir repoussé près de 160 tentatives de « passages illégaux » de frontière, dont deux collectives et en force, laissant neuf flics et militaires sur le carreau lors de ces affrontements. Cette situation qui n’est pas sans rappeler à une moindre échelle celle de 2015, lorsque la route des Balkans avait déjà fini par être bloquée petit à petit à l’aide de murs (Bulgarie, Hongrie, Slovénie, Autriche), de camps barbelés et d’uniformes tabasseurs, a fait revenir sur le devant de la scène une expression a priori banale : l’Europe forteresse. »
D’autres anarchistes de Marseille, En parlant dégoût. A propos de la brochure « Mouchard ! » publiée l’imprimerie anarchiste l’Impatience il y a quelques jours, novembre 2021, 3 pages A4
Note : la brochure à laquelle il est fait référence dans le texte ci-contre, Mouchard ! des égouts de Marseille…, est disponible ici depuis le 27 octobre sur notre site.
Extraits :
« C’était important qu’un texte sorte [la brochure en question], de rendre publiques des informations et des réflexions autour des discours dangereux sur les potentiel.le.s auteur.e.s de faits illégaux. Ce genre de bavardages inconsidérés sur les pratiques supposées des un.e.s et des autres ne sont malheureusement que trop fréquents dans des milieux pourtant dits radicaux. Lire la suite
Imprimerie anarchiste L’Impatience, Mouchard ! des égouts de Marseille…, octobre 2021, 40 p.
Extrait de l’introduction :
De notre côté, nous avons laissé passer du temps en espérant qu’une discussion pourrait se tenir avec l’ensemble des membres du C.I.R.A.. Nous voulions nous confronter avec ceux qui gèrent l’espace, hébergeant une partie précieuse du patrimoine anarchiste, et qui le font tout en acceptant la présence d’un délateur en son intérieur. Si nous avons attendu pour publier noir sur blanc ce qui suit, c’est parce que nous avons cru qu’il était correct de laisser le temps nécessaire aux discussions et aux réflexions internes au C.I.R.A. lui même, qu’elles auraient pu générer une prise de position claire et partageable également par nous – nous considérions comme une évidence que protéger un infâme n’était pas possible pour des anarchistes… il n’en a pas été ainsi. La considération qui nous a été réservée – nous tenons à le souligner – par la majeure partie, et non par la totalité des personnes qui gèrent le C.I.R.A, a été minimale, car les défenseurs de Lou Marin se sont en grande partie limités à ignorer la situation. Lire la suite
Avis de tempêtes – bulletin anarchiste pour la guerre sociale n°46 (octobre 2021) vient de sortir.
« Chacun a déjà certainement pu éprouver amèrement la passivité des foules de zombies captifs plongés dans un écran lors de voyages en transport en commun, ou constater à quel point les rapports sociaux avaient subi un nouvel assaut de virtualisation béate lors des différents confinements – et pas que dans le cadre de l’esclavage salarié. De la même façon, certains politiciens populistes ont pu se pavaner sous forme d’hologramme lors de meetings simultanés, tandis que de vieux chanteurs populaires sur le retour ont prévu d’organiser une tournée de concerts sous la même forme. Mais tout cela sonnait encore un peu trop faux, lorsque le géant Facebook a fait le 18 octobre dernier l’annonce fracassante de la création de 10 000 postes dans ses laboratoires du vieux continent (Munich, Paris, Zürich, Cork) afin d’ « investir dans les nouveaux talents européens pour aider à construire “un métavers”. »
Jack Déjean, La résilience, nouvelle religion d’Etat, septembre 2021, 5p. A4
Extrait :
L’idéologie de la résilience est en fait considérée comme une sorte de nouvelle religion d’Etat, où toutes les situations suscitant de la vulnérabilité sont saisies pour inciter à faire du malheur une source de rebond et d’adaptation : finalement une idéologie de « faire avec », tout en individualisant la responsabilité de la catastrophe. Son fondement est l’adaptation, instillant une nouvelle forme d’eugénisme. Ce sont les plus aptes à rebondir qui seront sauvés, pour subsister dans un monde où la vie est réduite à la survie et les individus condamnés à bricoler des solutions pour se protéger eux-mêmes.
Dans cette idéologie où chaque crise est prétexte à rebondir, l’être humain est considéré comme un système similaire à une machine, conformément à la cybernétique : un noyau de matière sans cesse envahi par des informations à intégrer et autour duquel gravitent les cercles circulaires de la vie biologique, du mental et de l’esprit. La religion est, au passage, réhabilitée comme un mécanisme consolidant le système immunitaire et favorable à la capacité de surmonter les chocs. On ne sait plus très bien si la religion est résilience, ou si la résilience est religion.
Avis de tempêtes – bulletin anarchiste pour la guerre sociale n°45 (septembre 2021) vient de sortir.
« La catastrophe actuelle n’a que très peu de choses en commun avec celle des temps jadis. Elle n’est plus cette foudre de la nature ou l’œuvre d’un Dieu, mettant l’être humain face à lui-même – c’est un simple produit de l’arrogance scientifique, technologique, politique et économique. Si les catastrophes du passé pouvaient inciter à regarder l’impossible en face, en mettant sens dessus dessous l’ordre établi, les catastrophes modernes se limitent à creuser davantage dans le possible. Au lieu d’ouvrir l’horizon et de mener loin, elles l’enferment et le clouent à ce qu’il y a de plus proche. L’imagination sauvage cède le pas au risque calculé, où l’on ne désire plus vivre une autre vie, mais où on ambitionne de survivre en gérant les dégâts. »