Le 9 septembre dernier, à l’occasion d’attaques contre des éoliennes industrielles à Mamoiada puis à Villacidro, était paru ici une petite synthèse sur les mobilisations contre la « spéculation énergétique » en Sardaigne, avec quelques détails à propos de ces deux sabotages de la fin août.
Or il se trouve que la série ne s’est pas arrêtée là, puisqu’un troisième s’est produit peu après contre une des innombrables nuisances « vertes » en cours d’installation sur l’île. La nuit du lundi au mardi 11 septembre vers 4h, dans la zone de Garganu située vers Tuili au sud du territoire, deux mille panneaux photovoltaïques ont ainsi été entièrement détruits après avoir été aspergés d’essence puis enflammés. Ces derniers étaient stockés là en attendant de servir au chantier de la multinationale polonaise de l’énergie, Greenvolt Power.
Forte d’une autorisation obtenue en 2022, Greenvolt Power venait il y a un mois à peine de commencer les travaux de construction de cette nouvelle centrale photovoltaïque en Sardaigne, avec le soutien du maire de Tuili. Celui-la même qui clame désormais à qui veut bien l’entendre que la population de son bled est « pacifique et travailleuse », et « n’a jamais montré de signes d’intolérance ». Histoire surtout de dire que le sabotage est venu d’ailleurs. Du côté de ces sectaires en lutte depuis des mois contre la spéculation énergétique sur la terre. Du côté de celles et ceux qui refusent les bienfaits du Progrès, sur une île déjà ravagée par le capitalisme fossile et désormais envahie par son épigone vert.
Mais qui a dit que la tolérance (du latin tolerantia, patience, résignation) devait forcément être une vertu ? Notamment face à la civilisation techno-industrielle, qui multiplie désastres écologiques et anéantissement de toute possibilité d’autonomie, en amenant la planète au bord du gouffre ? Car si la liberté est une boussole, cultiver l’intolérance pratique contre tout ce qui l’écrase, est certainement un des vices les plus sages.
[Synthèse de la presse italienne, 11 septembre 2024]