Attaquer l’énergie éolienne !
Traduit de l’allemand de Sozialer Zorn, 15 septembre 2023
La production industrielle d’énergies renouvelables est à l’origine de ce qui risque d’être le plus grand boom de destruction de la nature, sous la forme de mines pour l’extraction, d’accroissement des eaux empoisonnées, de pollution de l’air, de déforestation, de destruction des sols et d’accaparement des terres. Qu’il s’agisse d’énergies solaires, éoliennes, de biomasse ou d’autres énergie prétendument « vertes », toutes ont pour origine, tout comme les énergies fossiles, l’industrie colonialiste de matières premières qui détruit des écosystèmes.
Rien que la production et l’installation d’éoliennes avec leurs turbines et leurs batteries (sans parler du réseau électrique centralisé auquel elles doivent être reliées) exigent l’extraction de matières rares et hautement toxiques, ainsi que des bateaux à grosse consommation de pétrole pour transporter les minerais, des usines gigantesques pour les construire, d’autoroutes pour les transporter etc.
Cela porte aussi une énorme atteinte aux écosystèmes locaux.
Pour installer les éoliennes, d’immenses surfaces et des pans entiers de forêts doivent être abattus sur des kilomètres pour que des routes soient construites. Avec leurs pales, ces colosses hauts de plusieurs centaines de mètres déchiquettent les rapaces et les oiseaux migrateurs et signifient la mort pour beaucoup d’animaux sauvages, tels que les chauve-souris par exemple.
Mais à qui profitent les parcs éoliens et à quoi sert donc l’électricité ?
La plus grande part de l’énergie consommée sert à faire fonctionner une machine de mort industrielle. Les États et l’industrie ne peuvent renoncer à engloutir des quantités monstrueuses d’énergie pour mener des guerres et garantir le progrès capitaliste. Alors que les effets du changement climatique deviennent toujours plus visibles dans de nombreux endroits du monde, l’industrie, pourtant responsable de tous ces maux, prétend nous vendre la solution: la durabilité et les « énergies renouvelables ».
En 1950, la consommation d’énergie de l’économie atteignait près de 90 millions de terra joules par an, alors qu’elle s’élève actuellement à environ 580 millions de terra joules par an. A présent que les énergies fossiles, comme le charbon par exemple deviennent obsolètes de par leur sale image, l’industrie mise sur de prétendues « énergies renouvelables » pour se donner un vernis vert, afin que la soif de croissance, de progrès et de profit puisse se poursuivre. De plus, dans un monde technologique non seulement dépendant, mais super dépendant de l’énergie électrique, il est important de diversifier les moyens de la produire.
L’énergie éolienne et les autres « énergies renouvelables » sont ainsi un facteur important de la restructuration capitaliste et étatique.
Il n’est donc pas étonnant que le gouvernement allemand planifie d’ici 2032 d’utiliser jusqu’à 2% de la superficie du territoire pour les « énergies renouvelables », principalement pour des parcs éoliens et solaires. Pour ce faire, la loi fédérale de protection de la nature a été expressément adaptée, autorisant désormais l’installation de parcs énergétiques jusque dans des zones protégées.
L’imposture de la « transition énergétique »
Beaucoup de politicien-ne-s, d’initiatives citoyennes, de grandes entreprises et de groupes pour le climat aspirent à une « transition énergétique ». Il n’y a pourtant pas de « transition énergétique » en cours. Il n’y en a jamais eu. Étant donnée la consommation d’énergie actuelle cela serait d’ailleurs totalement impossible. En 2018, la part de courant électrique produit de manière prétendument « verte » n’était que de 30 %.
La généralisation de l’utilisation du pétrole n’a pas conduit à un abandon du charbon. L’introduction brutale de l’énergie atomique n’a absolument pas signifié la disparition des centrales électriques « classiques » fonctionnant au gaz, au fioul ou au charbon. Il n’y a pas de transition, il n’y a qu’un ajout aux énergies fossiles traditionnelles, dont l’extraction n’est pas non plus réduite par les nouvelles « énergies renouvelables ». À mesure que « l’énergie verte » se développe, l’énergie fossile se développe encore plus. Ce sont les mêmes entreprises, les mêmes États qui ont fait fortune avec le pétrole et le gaz, qui investissent désormais massivement dans les « énergies renouvelables ». L’énergie éolienne industrielle n’est donc jamais autre chose que la continuation de la société de consommation industrielle et coloniale par d’autres moyens.
A quoi peut ressembler la lutte contre l’énergie éolienne ?
La lutte contre les parcs éoliens ne doit en aucun cas signifier un appel à des alternatives, qu’elles soient prétendument « renouvelables » ou fossiles. Nous avons bien plus besoin d’une aspiration à un autre usage de l’énergie, non pas économique pour maintenir en place un système d’oppression, de guerre, et de domination, mais local et orienté sur les besoins. Cela signifierait un rejet du gouvernement, du capitalisme, de l’extractivisme, de l’accaparement des terres, du colonialisme et de toutes les autres facettes de la civilisation industrielle.
Pour en finir avec toute cette énergie, nous devons aussi en finir avec celles et ceux qui l’explorent, qui l’exploitent, qui la vendent, qui l’utilisent.
Nos luttes ne doivent pas aspirer à une « transition (énergétique) » ou à d’autres rhétoriques manipulatrices, mais doivent se diriger directement contre toute forme de production énergétique. La lutte contre l’énergie éolienne signifie une lutte contre la domination en général. Relions nos luttes et combattons ce qui maintient en vie la machine de mort industrielle : la production d’énergie.
Il y a beaucoup de formes d’actions contre les parcs éoliens. Du sabotage des infrastructures existantes et des attaques contre les exploitants et les profiteurs jusqu’à des occupations de terres ou de forêts, en passant par la destruction d’engins de chantier et de stations [et mâts] de mesure pour des projets de parcs éoliens. Pour n’en citer que quelques-unes.
La plupart des parcs éoliens prévus seront construits sur des hauteurs et des endroits abrupts, parce que c’est là qu’ils pourront exploiter le vent le plus efficacement. Comme il s’agit généralement des dernières zones non aménagées et non protégées dans un pays aussi densément peuplé, des centaines d’hectares de forêts et d’espaces naturels dans toute l’Allemagne devront ou sont déjà en train de faire place à la construction d’éoliennes. Ces forêts doivent être défendues !
Presque tous les parcs éoliens programmés s’accompagnent de grandes campagnes médiatiques qui peuvent être de bonnes sources d’informations sur les emplacements, les projets et la progression des infrastructures prévues. De plus, de nombreuses initiatives mènent déjà des luttes locales contre l’installation de parcs éoliens. Mettons-nous en réseaux et luttons ensemble contre l’énergie éolienne !
En septembre, nous avons détruit plusieurs stations qui effectuaient des mesures pour le parc éolien prévu dans la forêt de Altdorf (Bade-Wurtemberg). Outre l’exploitation prévue du gravier, contre laquelle il existe déjà une résistance sous forme d’occupation forestière, plusieurs parcs éoliens doivent aussi faire leur apparition dans la forêt de Altdorf, la plus grande forêt d’un seul tenant de Haute-Souabe.
Pour ces moulins à vent, des surfaces de forêt doivent être abattues et l’écosystème local, plein de plantes, d’arbres, d’insectes, de chauve-souris, de rapaces et d’autres animaux sauvages doit être détruit. Les stations de mesure se trouvent partout dans la forêt, réparties sur de potentiels emplacements du parc éolien et elles servent aux recherches pour la mise en place du parc éolien dans la forêt de Altdorf.
[Communiqué initialement paru dans le bimestriel Autonomes Blättchen n°54, septembre/novembre 2023, pp. 43-44]