Nancy : deux textes sur la condamnation de B. pour sabotages d’antennes-relais

Nancy : Incendie d’antennes-relais, 4 ans dont 2 fermes
pour B.

Indymedia Nantes, 19 mai 2021

Incarcéré depuis sa mise en examen le 24 septembre 2020  pour l’incendie de deux antennes relais dans le Jura durant le premier confinement, B. a été condamné aujourd’hui a 4 ans de prison dont 2 fermes.

Il a été jugé à quasi huis clos, sans avocat, avec pour seul public un journaliste et deux membres de sa famille, tandis qu’une vingtaine de personnes étaient présentes à l’extérieur du tribunal de Nancy pour montrer leur solidarité.

Une dizaine de flics sont venus spécialement pour nous empêcher d’entrer dans le tribunal, et on a eu droit à un laïus du proc sur la justice version sanitaire. Les audiences sont publiques, mais pas trop. Seuls des membres de la famille peuvent parfois, « exceptionnellement » entrer. Il s’est gardé de nous dire que ça ne concerne pas les journalistes.

Le compagnon a exigé un report, désirant mieux préparer sa défense, que l’audience soit réellement publique et en présence de son avocate, qui ayant été prévenue trop tard n’a pas pu se déplacer.

Il a réaffirmé son acte et ses raisons. Nous n’avons malheureusement pour le moment pas pu avoir retransmission de ce que qu’il a dit. Le proc a demandé 3 ans et demi dont 2 fermes, les juges l’ont condamné à 4 dont 2 fermes. Pour rappel, le parquet lui avait proposé une CRPC (comparution sur reconnaissance préalable de culpabilité). Le deal : 3 ans dont la moitié ferme en échange de ses excuses, ce qu’il a refusé.

Il a 10 jours pour faire appel, des informations suivront.

Alors que le verdict venait d’être rendu, nous avons pu apercevoir B. entouré de matons qui l’ont mis fissa dans une voiture. Nous l’avons suivi sur quelques mètres en lui faisant entendre notre rage et nos cris de liberté

Nous ne nous étonnons pas que les juges aient choisi de refuser le report, de le juger sans la présence de public et d’avocat, d’aller au delà des réquisitions du procureur, et de renvoyer à la prison de Nancy-Maxeville notre compagnon pour de nombreux mois encore.

Ils voudraient nous voir courber l’échine et s’excuser, mais on a pas fini de se révolter !
Jusqu’à détruire la dernière des cages !

Des compagnon-ne-s de B.


Retour sur le procès de B. au tribunal de Nancy pour l’incendie d’antennes-relais sur le Mont Poupet (Jura)
Manif-Est, 26 mai 2021

Sans avocat.e ni public, notre ami et compagnon B. écopait ce mercredi 19 mai de quatre ans de prison dont deux avec sursis pour l’incendie d’antennes-relais sur les hauteurs de Salins les Bains (Jura), en avril 2020. Quelques retours sur une nouvelle parodie de procès équitable et son traitement médiatique.

Ce mercredi 19 mai, notre ami et compagnon B. comparaissait au tribunal de Nancy pour l’incendie de deux antennes-relais sur le mont Poupet (Jura) le 10 avril 2020. Une vingtaine de personnes amies et de la famille était présente en soutien. Seuls son père et son frère furent autorisés à l’audience, le procureur prétextant la crise sanitaire, tandis qu’aux abords de la cité judiciaire une dizaine de policiers bloquait l’accès aux soutiens de B. Une audience à huis clos ce jour même où les foules affluaient pour retrouver terrasses et magasins, ce jour où Darmanin, policiers et politiciens claironnaient rapprochés dans les rues de Paris.

Le procès de B. pouvait donc se tenir dans une salle acquise aux arguments de l’accusation, où les journaflics sont accueillis en VIP. C’est ainsi qu’un photographe de chats empoisonnés [1] et rédacteur pour l’Est Républicain assista à l’audience. Opposant droit à l’information au droit à l’oubli, il étale dans son article l’identité de notre compagnon et évalue de son « physique de basketteur ». Deux données assurémment primordiales à la compréhension du jugement ! Notons que sa romance, en partie reprise par l’AFP puis différents médias se passe bien de spécifier les coulisses et l’aberration d’un procès sans contradiction.

En effet deux semaines précédant le jour du procès, l’avocate de B. formula au tribunal par écrit une demande de renvoi, justifiée par son indisponibilité. Celle-ci précisant se tenir à disposition en cas de difficultés de report. Cette demande fut finalement rejetée à l’audience, B. se retrouvant contraint de faire face seul aux juges. A l’issue de cette mascarade, notre ami écope de deux ans de prison ferme et deux ans de sursis avec obligation de travail pour rembourser une amende de 91 000 euros. Une peine aux allures d’arme de dissuasion publique, surpassant les réquisitions du procureur.

Que l’avocate choisie par B. manque à l’appel ne semble donc pas une gêne pour les juges, s’assumant comédien.nes dans cette parodie de procès équitable. Étaient-illes davantage soucieux·ses de ne pas froisser les représentants des télécoms et de l’État venus pour l’occasion ? Sans présence de la défense et sans public, la machine judiciaire poursuit son œuvre punitive envers opposant·es aux autorités et à l’accélération technologique imposée. B. a d’ores et déjà fait valoir son souhait de faire appel du jugement.

La lutte et la solidarité continuent !

Des potos et potesses bisontin·es de B.

1. https://www.estrepublicain.fr/edition-de-nancy-agglomeration/2019/09/20/y-a-t-il-un-empoisonneur-de-chats-allee-de-la-gueule-du-loup
Entre la couverture du procès de notre ami et la paraphrase de récits préfectoraux autour d’une manif’ anti-nucléaire à Nancy, notre valeureux journaliste s’essaye au fait divers. Peut-être ferait-il mieux de se concentrer sur les trains qui loupent la gare de Marbache (17/09/2019) et sur l’attaque de chien de Chavigny (13/09/2019) ?


Prison ferme pour l’incendiaire bisontin anti-5G en guerre contre les antennes-relais
Est Républicain, 19 mai 2021

Un militant anti-5G de Besançon a été condamné à 2 ans de prison ferme pour avoir brûlé deux pylônes d’antennes-relais sur le mont Poupet, dans le Jura. Son procès s’est déroulé à Nancy sans public et sans avocat de la défense.

xxx est un fervent ennemi des antennes-relais. Ce trentenaire de Besançon au physique de basketteur espérait donc transformer son procès, ce mercredi 19 mai, devant le tribunal de Nancy, en tribune politique. Il comptait pour cela sur son avocate et sur le public. Il n’a eu ni l’un, ni l’autre.

En raison du Covid, les débats se sont déroulés en petit comité. Son père, son frère et un journaliste. C’est tout. La quinzaine de copains-militants, qui avaient fait le déplacement pour le supporter, ont été bloqués à l’entrée de la cité judiciaire par la sécurité et un renfort de policiers. Sans incident, ni tension.

Autre déconvenue pour le prévenu : son avocate parisienne était absente. Elle a indiqué par écrit au tribunal qu’elle était prise sur une autre affaire. Les juges nancéiens ont néanmoins refusé de reporter le procès. « Car votre avocate ne nous a rien fait parvenir qui permettrait de vérifier qu’elle est bien indisponible. Nous allons donc juger votre dossier », explique la présidente au trentenaire bisontin.

La réplique fuse : « Je garderais donc le silence et ne répondrais à aucune question ». Le résumé des faits qui lui sont reprochés se transforme en un monologue de la présidente. Elle rappelle le déroulé de la nuit du 9 au 10 avril 2020.

Ce soir-là, xxx est monté au sommet du mont Poupet, dans le Jura, et a mis le feu à deux pylônes supportant des antennes-relais. Son ADN a été découvert sur un bouchon de récipient retrouvé au pied d’un des pylônes. Difficile donc de nier.

En garde à vue, il a d’ailleurs avoué. « J’étais content d’avoir réussi ce challenge, de m’être surpassé et d’avoir porté un coup à cette technologie », aurait déclaré le militant anti-portable, anti-antenne-relais et anti-5 G. « Je n’ai jamais dit un truc comme ça. Cela laisse croire que j’ai fait ça de gaieté de cœur. Alors que ce n’est pas le cas. J’ai agi car les problèmes de la société actuelle me prennent aux tripes », réagit le prévenu qui rompt finalement son vœu de silence.

Il s’explique également sur son refus de parler à l’expert psy : « Cette affaire n’est pas un délire de pyromane. J’ai fait ça pour des raisons politiques par rapport à la 5G et au désastre écologique ».

« Les équipements détruits sur le mont Poupet n’étaient même pas pour la 5G », réplique Matthias Guillou, l’avocat d’Orange. Avant de dénoncer une sorte de guérilla anti-antennes-relais qui est en train de prendre de l’ampleur : « 170 ont été attaquées en 2020 dans toute la France ».

« Cela ne devrait pas être une guerre et j’encourage le prévenu à s’engager pour ses idées mais de façon beaucoup plus pacifique », intervient Me Rachel Massin-Trachez qui défend les intérêts de l’État car parmi les antennes brûlées, certaines appartenaient à la gendarmerie et la police.

« Si on permet l’utilisation de la violence, on va droit au chaos », surenchérit le vice-procureur Legaut. Il requiert 3 ans de prison dont la moitié ferme et la révocation d’une précédente condamnation à 6 mois avec sursis. Jugement : 4 ans de prison dont la moitié ferme ainsi qu’un total de 91 000 € de dommages et intérêts.