Houston (Canada) : à l’assaut du chantier de gazoduc Coastal GasLink

Un gazoduc en construction attaqué «violemment»
par des manifestants
AFP/CBC news (traduit de l’anglais), 17-19 février 2022

Le site d’un gazoduc en construction dans l’ouest du Canada a été la cible d’une « confrontation violente » en pleine nuit jeudi, ont affirmé la police fédérale et TC Énergie, l’entreprise en charge de ce projet baptisé Coastal GasLink (CGL).

La police a déclaré avoir été appelée à Marten Forest Service Road, à environ 60 kilomètres au sud de Houston, en Colombie-Britannique, peu après minuit le 17 février. La sécurité de CGL avait signalé des violences sur le site où des travailleurs participaient à la construction d’une partie d’un pipeline de gaz naturel de 670 kilomètres.

La Gendarmerie Royale du Canada (GRC) a déclaré qu’une vingtaine de personnes auraient attaqué des agents de sécurité et des employés. De plus, la route qui mène au chantier était jonchée d’arbres abattus, de souches recouvertes de goudron, de câbles et de planches transpercées de pointes. Un des agents a été blessé «alors que la police se frayait un chemin à travers les débris et les pièges», précise le communiqué. Les assaillants ont également lancé «fumigènes et fusées éclairantes en direction de la police».

« Retour de la terre. CGL expulseur », tagué par les assaillants lors de la destruction des baraques de chantier.

Selon CGL, à une vingtaine de kilomètres de là de l’équipement lourd sur le site a été réquisitionné par les assaillants et utilisé pour endommager d’autres équipements, dont les bâtiments et la plate-forme de forage.

Lorsque les agents sont arrivés pour enquêter sur ces dégâts, les assaillants étaient déjà partis. Des photos relayées par Coastal GasLink montrent des équipements détruits ou endommagés. L’entreprise gazière a confirmé dans un communiqué qu’aucun employé n’a été blessé, mais elle affirme qu’elle a subi des dommages à ses équipements s’élevant à plusieurs millions de dollars. CGL a déclaré que l’éclairage et la vidéosurveillance avaient été désactivés lors de l’attaque, mais que toutes les preuves vidéo et photographiques dont ils disposaient avaient été remises aux enquêteurs

Les attaques se seraient produites, selon l’entreprise, à l’endroit où un campement et un barrage avaient été installés l’automne dernier par des opposants au projet et qui ont été démantelés deux mois plus tard par les policiers. Le projet Coastal GasLink est appuyé par les conseils de bande élus des Premières Nations de la région, mais il fait face à une opposition tenace de la part de chefs héréditaires Wet’suwet’en.

En décembre 2019, la Cour suprême de la Colombie-Britannique a accordé une injonction  contre les membres de la Nation Wet’suwe’ten qui bloquaient l’accès au chantier situé sur leur territoire. Plus tôt cette année-là, la police a procédé à plus d’une douzaine d’arrestations de personnes s’identifiant comme des défenseurs de la terre, qui avaient mis en place des barrages pour arrêter la construction. En novembre 2021, la GRC a procédé à une autre série d’arrestations de membres Wet’suwet’en. La police a utilisé une tronçonneuse pour défoncer la porte d’une cabane où séjournaient des personnes opposées au pipeline. Deux journalistes ont également été arrêtés.

Dans des déclarations publiées samedi, le conseil tribal Carrier Sekani et le conseil élu de la Première nation Wet’suwet’en ont condamné les attaques présumées. « Nous voulons que tout le monde sache que les gens de notre Première nation ne soutiennent personne qui manifeste de cette manière », a déclaré un porte-parole de la nation dans un communiqué. « Ces manifestants ne nous représentent pas, ni nos valeurs et ils dénaturent grossièrement nos lois et coutumes traditionnelles. Ce n’est pas notre façon de faire. » Le chef héréditaire Wet’suwet’en Na’Moks, du clan Tsayu, a pour sa part refusé de commenter l’affaire jusqu’à ce que plus d’informations sur l’incident soient disponibles.

Le député provincial de la région, John Rustad, a déclaré qu’il craignait qu’une telle violence ne crée un froid pour toute entreprise ou industrie essayant d’entreprendre ou de terminer des projets d’extraction de ressources en Colombie-Britannique : « Cela en fait un environnement de travail très difficile pour les personnes qui essaient d’avancer sur ce projet et de faire leur travail », a-t-il déclaré.


Note : Coastal GasLink doit relier le nord-est de la province à Kitimat, sur la côte, où une usine de liquéfaction du gaz et un port sont en construction.

TC Énergie a été choisie par LNG Canada en 2011 pour concevoir, construire et gérer en tant que propriétaire le gazoduc Coastal GasLink. La construction a débuté en 2019, et le projet devait être terminé en 2023.


Sur l’attaque du chantier de Coastal GasLink sur le chemin
forestier Marten

Montréal contre-information, 19 février 2022

Ce qui semble être un acte de sabotage très efficace de la part des défenseur.e.s des terres autochtones, et voici que les complotistes se déchaînent…

Et certains ne font même pas des théories, ils l’affirment comme un fait : c’était les flics, c’était CGL… Voici une théorie : l’attaque a été perpétrée par des autochtones qui, dans le froid de la nuit, se sont donnés pour mission de saboter le pipeline de CGL.

Ils ont mené une attaque audacieuse et complexe qui, j’imagine, a commencé par éloigner les agents de sécurité des véhicules et des bâtiments. À un moment donné, après la fuite des agents de sécurité, des barrages et des dispositifs anti-véhicules ont été mis en place sur la seule route menant au site, retardant probablement de plusieurs heures l’intervention de la police. Pendant ce temps, les warriors ont réalisé des millions de dollars de sabotage.

Compte tenu de tout cela, je pense qu’il est important de reconnaître que ce n’est peut-être que ce qu’il semble être : une attaque menée par des warriors autochtones.

J’ai vu des gens parler d’un attentat à la bombe perpétré par la GRC en Alberta dans les années 1990 comme preuve que les policiers commettent de faux attentats. Cet attentat à la bombe faisait partie de l’enquête policière sur Wiebo Ludwig et sa campagne contre l’industrie pétrolière et gazière. L’action était destinée à piéger Ludwig. Avec la coopération de l’entreprise pétrolière, la police a fait exploser un hangar abandonné et inutilisé. Il ne s’agissait en aucun cas d’un acte de sabotage majeur, contrairement à ce que l’on rapporte aujourd’hui sur le territoire Wet’suwet’en. C’était insignifiant comparé au sabotage réel qui se produisait et pour lequel Ludwig était largement soupçonné… et pour lequel il y avait quasiment un black-out médiatique de la part des pétrolières et de la GRC qui ne voulaient pas que la pratique du sabotage se répande.

L’un des problèmes de ce type de complotisme est qu’il sape l’efficacité de cette action. Plus il se répand et s’envenime, plus les gens se demandent s’il s’agissait d’un véritable acte de résistance ou non. Qui cela inspire-t-il ? Dans l’intérêt de qui les actes de résistance autochtone sont-ils diminués plutôt que promus ? Je pense également que ce complotisme démoralise celleux qui ont mené l’action (et qui sont maintenant poursuivi.e.s par la police).

Les affirmations extraordinaires exigent des preuves extraordinaires…

Bref, c’est ma théorie…