Haute-Garonne : comment les opérateurs s’organisent face aux sabotages d’antennes

Rangueil (Toulouse), 2 novembre 2020. Le pylône de téléphonie mobile 5G Orange, après avoir lutté en vain contre une chaleureuse hostilité, finit par s’écraser au sol en plein reconfinement.

Antennes 5G incendiées en Haute-Garonne :
comment les opérateurs s’organisent

La Dépêche, 7 mars 2022

La semaine dernière, dans la nuit de vendredi à samedi, une antenne 5G et TNT a été incendiée à Lacroix-Falgarde au sud de Toulouse. La diffusion des chaînes a été interrompue pour environ 2 000 foyers qui reçoivent la télévision par une antenne-rateau. En quelques mois, plus d’une dizaine d’antennes de relais mobile ont été la proie des flammes. Une antenne avait été incendiée à Labège le 30 septembre 2021. En mai dernier, dans la même commune, les sapeurs-pompiers étaient intervenus pour éteindre deux incendies simultanés sur deux antennes-relais. En janvier 2021, à Fonbeauzard et Donneville dans le Lauragais, une antenne 5G et une antenne 2 G/3 G/4 G avaient pris feu. Le 18 septembre 2021, les pompiers étaient également intervenus pour l’incendie d’un boîtier d’une antenne relais à proximité du stade Ernest-Wallon à Toulouse.


Une convention avec l’Etat pour plus de protection

Face à ces actes de vandalisme à répétition, les opérateurs de communications téléphoniques s’organisent. « On fait comme on peut. Comme n’importe quel propriétaire d’équipements ferait. On a développé des dispositifs qui nous permettent de nous protéger. Mais ça n’empêche pas les actes de vandalisme… », raconte Jean-Christophe Arguillere, délégué régional d’Orange pour le Midi-Pyrénées.

En juillet 2021 Orange, SFR, Free, Bouygues Télécom ont signé une convention avec l’État. « Elle a été signée dans de nombreux départements, notamment dans le sud. En Haute-Garonne nos équipes nous rapportent qu’il y a encore beaucoup d’actes malveillants », précise Bouygues Télécom. Les techniciens sont désormais formés à la question du vandalisme. Des peintures ignifugées sont appliquées sur les antennes relais. Et les procédures sont judiciarisées : pour permettre à la police de retrouver les auteurs des dégradations, l’antenne relais n’est pas immédiatement réparée afin que les forces de l’ordre récupèrent les indices.

Le déploiement de la 5G a ravivé les vieilles tensions autour des installations d’antennes « En 2020 (La 5G n’était pas déployée), on a recensé 130 actes de sabotages en France dont 61 sur des sites mobiles. Il y a toujours eu du sabotage et sur toutes les activités d’Orange, sur des antennes qui ne supportaient pas la 5G », indique Jean-Christophe Arguillere avant de souligner que ces installations « ne posent pas de problème à la grande majorité de la population ». Orange assure avoir en tête les actes de vandalisme à chaque installation. « On avertit les forces de l’ordre quand on observe une faiblesse. Notamment sur des relais mobiles dans des zones isolées faciles d’accès », confie le délégué régional d’Orange pour Midi-Pyrénées.

Dans les prochaines années, des antennes 6G seront installées afin que les opérateurs de communication téléphoniques s’adaptent aux évolutions des réseaux. « La consommation de data des clients a une croissance importante, d’environ 40 % par an. Le réseau 4 G commence à être saturé. La 5 G règle le problème », appuie Jean-Christophe Arguillere. Le déploiement a commencé en 2020 sur la métropole toulousaine et s’étend progressivement à l’ensemble du département. Dans quelques années, la Haute-Garonne sera entièrement couverte par ce réseau. Une certitude qui charrie potentiellement de nouveaux actes de vandalisme…

Qui sont les auteurs de vandalisme ?

Depuis toujours les antennes relais subissent des actes de vandalisme. Les auteurs des faits ne sont pas constamment retrouvés. Il est donc délicat de dresser leur portrait. Mais ce sont des dizaines d’antennes de téléphonie mobile qui ont été incendiées en quelques années. Avec les quelques interpellations qu’a effectuées la police dans le département, un profil se dessine. « Nous sommes pour une très large partie sur des anarchistes et sympathisants d’extrême gauche… il s’agit des mêmes que lors de la vague de vandalisme qui a touché les antennes 4G sur l’ensemble de l’Occitanie. Pour la dernière antenne touchée, j’ignore pour le moment si un groupe a déjà été identifié spécifiquement », nous confie une source policière.

Le nombre d’antennes est en constante augmentation. Pour qu’elles ne soient plus incendiées, les opérateurs de téléphonie mobile mettent le paquet.