Et une belle nuit, internet fut coupé dans une bonne partie du pays… [Mis à Jour]

Un des lieux des sabotages, en Ile-de-France ; « Entre 2 heures environ et 5 heures du matin, dans la nuit de mardi à mercredi, des mains expertes et bien renseignées se sont attaquées aux câbles « longue distance » interrégionaux en fibre optique au niveau de quatre « chambres de tirage » isolées, situées à Chalifert (Seine-et-Marne), La Chapelle-la-Reine/Amponville (Seine-et-Marne), Maurecourt (Yvelines) et Génicourt (​Val-d’Oise) ». Source : JDD, 29 avril 2022

« Du sabotage » : plusieurs câbles sectionnés à l’origine d’une importante panne internet en France
L’Obs/Toms Guide, 27 avril 2022 (extraits)

Ce mercredi 27 avril au matin, de nombreux Français se plaignent de difficultés à se connecter. Et pour cause : les incidents se multiplient en France, à la suite d’un important sabotage. Une source officielle étatique confirme à « l’Obs » qu’il s’agit d’un « acte de malveillance coordonné », particulièrement « grave » et « très rare ». Selon l’AFP, plusieurs villes françaises ont connu des coupures de connexion internet dans la nuit après que des câbles ont été sectionnés. Paris, Lyon, Grenoble, Reims, Strasbourg ou encore Lille ont été particulièrement concernées.

Un ingénieur télécom indique que « vers 3h20, 3h40 et 5h20, des câbles de plusieurs réseaux fibre longue distance ont été partiellement sectionnés ». Il s’agirait de câbles « de Paris en direction de Strasbourg, Lyon et Lille ». Ces câbles « longue distance » en fibre optique permettent de relier les grandes villes françaises entre elles, notamment pour les infrastructures, comme les data centers. C’est aussi par ce réseau que circule l’accès internet fixe (ADSL et fibre), et certaines lignes téléphoniques.

Un autre lieu des sabotages (Chalifert, Seine-et-Marne)

La quasi-simultanéité des coupures cette nuit (entre 3h20 et 5h20) semble en effet suspecte, d’autant qu’il ne s’agit pas de simples connexions « grand-publics » qui ont été touchées, mais des liaisons longues distances stratégiques souterraines utilisées pour le peering et le transit IP, reliant Lyon, Strasbourg, Caen, Lille, Rennes à Paris, et sur au moins trois lieux distants de plusieurs centaines de kilomètres.

Par effet domino, ce sont plusieurs opérateurs locaux et (inter)nationaux utilisant ces fourreaux ou louant de la bande passante sur ces liaisons fibres, tels que Sparkle, Alphalink, euNetworks, Colt, F5, Zayo ou Netalis, qui sont concernés par ces évènements. Chez Netalis, la panne a été confirmée dès ce matin via une communication particulièrement transparente, l’opérateur ajoutant que la plaque Bourgogne-Franche-Comté aurait été pendant un moment totalement isolée d’Internet. L’incident majeur a en pratique isolé différents équipements de transmission des dorsales Internet (backbones) d’opérateurs de transport longue distance

Il faut bien comprendre que les emplacements de ces câbles peu accessibles. Il ne s’agit pas d’armoires que l’on peut trouver dans la rue, mais de tuyaux enterrés [sous des trappes, ou le long de voies SNCF, d’autoroutes et de canaux de VNF]. Une source dans les télécoms nous indique que la coupure sur le câble Paris-Lyon se situe au niveau du village de La Chapelle-la-Reine (Seine-et-Marne) et est due à « un acte de vandalisme ». « Le Parisien » évoque lui des câbles sectionnés à Fresnes-en-Woëvre (Meuse), Meaux et Souppes-sur-Loing (Seine-et-Marne), et Le Coudray-Montceaux (Essonne).

Les régions touchées par le sabotage

Les conséquences de ces coupures sont déjà bien réelles. Le site Free-Reseau, qui affiche les anomalies chez l’opérateur Free, recense ce mercredi midi 190 difficultés de connexion dans l’Hexagone, essentiellement concentrées sur le nord et l’est du pays, ainsi que le sud de l’Ile-de-France. Constat similaire par le site Zone ADSL, qui évoque 8 314 pannes sur l’internet fixe ces dernières 24 heures, et 1 123 pannes sur les réseaux mobiles, impactant majoritairement l’opérateur Free, et dans une moindre mesure SFR. D’après nos informations, Free enregistre 70 % de ses capacités dégradées. L’opérateur n’a toutefois pas souhaité réagir. Sur Twitter, Free a signalé de « multiples actes de malveillances » sur l’infrastructure désormais « circonscrits ».

Les réseaux d’Orange et de Bouygues Telecom ont eux été épargnés. « Certains acteurs télécoms indiquent avoir observé des ruptures de liens internet, nous indique Bouygues Telecom, qui assure ne pas utiliser les liens concernés par ces dysfonctionnements. »

De son côté, SFR nous confirme que « des lignes de fibre ont été coupées autour de Lyon et en Île-de-France », et sont déjà en cours de réparation. « C’est clairement du vandalisme », nous dit-on chez l’opérateur. Le retour à la normale ne devrait pas intervenir avant ce mercredi soir. « Ça sera peut-être plus tard, nous dit un opérateur. Les travaux de réparation sont très lourds ».

Enquête préliminaire

Une enquête préliminaire a été ouverte, a indiqué le parquet de Paris. La section cyber de ce parquet a ouvert une enquête des chefs de « détérioration de bien de nature à porter atteinte aux intérêts fondamentaux de la nation », « entrave à un système de traitement automatisé de données » et « association de malfaiteurs ». Les investigations, a précisé cette source, ont été confiées à la DGSI, le renseignement intérieur, et à la Direction centrale de la Police judiciaire (DCPJ).

Fédération Française des Télécoms

Enfin, Arthur Dreyfuss, Président de la Fédération Française des Télécoms (FTT) a déclaré : « Nous alertons les pouvoirs publics depuis de nombreux mois sur la recrudescence d’actes de malveillance sur nos infrastructures. Les antennes-relais de téléphonie mobile étant généralement prises pour cible, les actes de vandalisme de ce jour sur les réseaux de fibre optique sont inédits et totalement inacceptables. Je condamne fermement ces actes de sabotage qui engendrent des désagréments considérables pour les entreprises et les citoyens de notre pays. Nous réitérons notre appel au futur Gouvernement d’intensifier la lutte et la prévention contre ces actes de vandalisme et nous appelons à durcir les sanctions pénales à l’encontre de leurs auteurs. »

Et le directeur général de la FTT, Michel Combot, interrogé sur France Info (27/4) a répondu ainsi à la question  » Comment pouvez-vous mieux protéger ces câbles ? » par « Il y a plus de 50 000 pylônes en France, près de 30 millions de foyers et d’entreprises ont accès à la fibre donc il est un peu illusoire de vouloir tout protéger. »

[Pour infos : la carte de l’ensemble des grandes liaisons internet -y compris de fibre optique- se trouve ici :
https://www.infrapedia.com/]


Sabotage de câbles internet : une PME raconte l’impact
très concret de la coupure
L’Obs, 27 avril 2022

L’importante panne qui a touché le réseau internet français, ce mercredi 27 avril, après un « acte de malveillance coordonné » avec la coupure de plusieurs câbles de fibre optique à différents endroits du pays, s’apparentant à « du sabotage », a eu des conséquences très concrètes. De nombreuses entreprises ont fait les frais de grandes difficultés de connexion à internet, voire d’impossibilité d’utiliser le réseau, mais cela a aussi potentiellement affecté leurs échanges d’e-mails, leurs lignes de téléphone fixe (dont une grande partie des échanges passent désormais en voix sur IP). Et, pour certaines, leurs services numériques et autres applications, hébergés sur des data centers aux accès limités, voire coupés.

Plusieurs entreprises concernées n’ont pas souhaité témoigner auprès de « L’Obs ». Seule Agora Calycé, une solution d’outils numériques pour entreprises, a accepté de jouer la transparence sur les événements de ce mercredi. Son responsable du centre de service, Thierry Stiegler, nous raconte : « Notre équipe de sécurité, d’astreinte 24h/24 7jours/7 a reçu une première alerte à 3h18, rapidement suivie d’une notification de notre opérateur [professionnel] Alphalink. Ce n’est que ce matin, vers 6h30, que nous avons commencé à comprendre l’impact : une grande partie de nos clients a vu son service très dégradé, voire complètement arrêté. »

Agora Calycé fournit des solutions d’hébergements pour des sites internet et pour des applications, via différents data centers à Strasbourg, Paris et Lyon. L’entreprise strasbourgeoise propose aussi des connexions internet à des clients professionnels. Tous ces échanges numériques passent par trois câbles de fibre longue distance : le Paris-Strasbourg, le Paris-Lyon, et le Strasbourg-Lyon. Manque de chance : deux sur trois ont été sectionnés.

Résultat : une multiplication des pannes à la vitesse de l’internet. Et réorienter le trafic sur d’autres routes n’est pas simple, puisque les chemins alternatifs (comme le Genève-Lyon par exemple) ont été rapidement saturés. « Les surcharges ont conduit à des plantages supplémentaires, c’est difficile à gérer », poursuit Thierry Stiegler. Au total, une dizaine de personnes est mobilisée chez Agora Calycé, sur la vingtaine de salariés, pour aussi bien tenter de rétablir les connexions, qu’expliquer la situation aux clients, et en rassurer certains.

Dans tous les cas, la société anticipe la perte d’au moins un mois de chiffre d’affaires sur sa partie transit. « Je ne peux pas vous donner le montant précis, simplement que c’est conséquent », nous dit-on. La PME attend désormais les conclusions de l’enquête, qui doit confirmer qu’il s’agit bien d’acte de malveillance, afin de permettre de faire jouer les assurances. Comme l’a révélé « l’Obs », le parquet a été saisi de l’affaire et une enquête est ouverte. Elle va tenter de déterminer qui est à l’origine de cette coupure de câbles, que certains qualifient déjà de « cyberterrorisme ».


L’un des sabotages, du côté de Chalifert (Meaux)…

Fibre optique : des câbles coupés « intentionnellement » à plusieurs endroits en France, la connexion à Internet perturbée
Le Parisien, 27 avril 2022

La fréquence des coupures nocturnes à 10 minutes d’intervalles a de quoi interloquer. Les connexions à Internet sont perturbées dans plusieurs villes de France à la suite de coupures d’importants réseaux de fibre, notamment les infrastructures de SFR/Altice France qui irriguent l’Hexagone. Le ministère de l’Économie a confirmé à l’AFP avoir été informé du problème de « tuyaux sectionnés » qui pourraient correspondre à des actes de vandalisme.

« Ce n’est pas la coupure localisée habituelle due à un coup de pelleteuse du chantier d’à côté, les câbles ont été sectionnés des deux côtés afin de compliquer les réparations », constate un opérateur de ces infrastructures stratégiques. Ces gros câbles sont dissimulées dans des trappes dont la localisation est gardée discrète. « L’urgence est de tout ressouder, cela représente des dizaines de milliers de petits câbles de fibre optique » prévient-il.

Ces câbles souterrains ont été sectionnés à Fresnes-en-Woëvre (Meuse), Meaux et Souppes-sur-Loing (Seine-et-Marne) et Le Coudray-Montceaux (Essonne), selon nos informations. Les réseaux alimentent les connexions Internet longue distance Paris-Lille, Paris-Strasbourg, et Paris-Lyon. Ils permettent de relier les grandes villes françaises entre elles, notamment pour les infrastructures critiques comme les centres de données. L’ADSL et le réseau fibre à haut débit empruntent aussi ces routes.


Des pannes Internet dans toute la France après des actes de vandalisme sur des câbles de fibre optique
France Inter, 27 avril 2022

Erreur 404.
Des pannes de connexion Internet de grande ampleur dans plusieurs villes, comme Grenoble ou Strasbourg, mais aussi à Paris ou Lille, et ce chez plusieurs opérateurs Internet : dans la nuit de mardi à mercredi, un incident d’une ampleur inédite a touché l’Internet français.

« Ce genre d’incident de cette ampleur, ça n’arrive jamais », a déclaré à l’AFP une source proche du dossier. Selon BFMTV, ces coupures sont liées à des coupures malveillantes de câbles de fibre optique, dans plusieurs zones de la France. Mercredi à la mi-journée, le secrétaire d’Etat au numérique Cédric O a confirmé au moins que des câbles avaient été sectionnés en Île-de-France.

Les opérateurs n’ont pas encore communiqué la nature exacte des incidents, mais selon plusieurs sources, aux alentours de 4h du matin, des incidents ont commencé à être identifiés le long de trois grandes lignes de fibre, reliant Paris à Lyon, Lille et Strasbourg. Au mois deux opérateurs sont concernés : Free, qui a reconnu de « multiples actes de malveillance » sur ses lignes, et SFR, qui a confirmé « plusieurs coupures de fibres » notamment autour de Lyon. Selon d’autres sources : Trois des quatre artères de Free, qui constituent la colonne vertébrale de leur réseau, ont été sectionnées.

Quelles conséquences sur le réseau ?

La conséquence la plus directe, ce sont des coupures d’Internet sur les connexions Internet à domicile. Selon le site DownDetector, c’est Free qui connait le plus de signalements de dysfonctionnements, avec un pic aux alentours de 9h30 mercredi matin. SFR, Bouygues et Orange sont globalement moins touchés. Mais ce n’est pas la seule conséquence : les câbles de fibre alimentent également des antennes relais mobiles, impliquant aussi des problèmes de connexion sur certains réseaux de téléphones portables.

Enfin, même pour ceux et celles qui n’ont pas de coupure nette d’Internet, des ralentissements ont pu être constatés, causés par les « déviations » mises en places pour contourner les dysfonctionnements : « C’est un peu comme si des autoroutes étaient coupées et qu’il fallait rediriger le trafic sur des nationales : ça fonctionne, il peut y avoir des petites coupes ça et là mais Internet fonctionne », analyse Sami Slim, directeur général de Telehouse, qui gère des data-centers en France.

Qui est à l’origine de ces actes ?

« On ne sait pas qui c’est, pour l’instant », selon une source proche du dossier. Le journal L’Obs cite une source étatique qui évoque « un acte de malveillance coordonné, grave et très rare », laissant entendre que les auteurs de ces actes auraient planifié leur attaque pour agir au même moment dans plusieurs zones de France.

« C’est clairement du sabotage, et le parquet a été saisi », peut-on aussi lire dans l’Obs, « ça peut être des petits malins militants comme quelque chose de beaucoup plus grave ». La piste d’attaques cyberterroristes n’est donc pas écartée, mais à l’heure actuelle rien ne permet de confirmer un mobile qui aurait pu conduire les auteurs à creuser dans le sol pour aller sectionner ces câbles, qui sont enterrés.


“C’est du sabotage majeur” : internet perturbé en Bourgogne-Franche-Comté après des actes de malveillance sur des lignes de fibres optiques
France3 Bourgogne Franche Comté/AFP, 27 avril 2022

Mercredi 27 avril, des ralentissements et des coupures d’accès à internet ont eu lieu dans plusieurs grandes villes françaises, dont Grenoble, Besançon, Reims et Strasbourg. L’origine de ces actes de malveillance n’est pas connue, mais ils sont d’une ampleur inédite.

La nuit a été courte pour cet opérateur alternatif qui fournit internet à plusieurs dizaines de milliers de professionnels en Bourgogne-Franche-Comté. “Cette nuit, notre centre de supervision a constaté la perte successive, échelonnée entre 3h20 et 5h20, de plusieurs artères majeures assurant les liaisons entre Paris et Lyon ainsi que Paris et Strasbourg. Cet incident majeur et inédit dans son ampleur est désormais résolu par la mise en œuvre de liaisons de substitution. Les autorités judiciaires vont être saisies” indique dans un communiqué l’opérateur Netalis.

Celui-ci va déposer plainte avec constitution de partie civile pour solliciter l’ouverture d’une information judiciaire destinée à faire toute la lumière sur cet acte de malveillance coordonné.

Nicolas Guillaume, dirigeant de Netalis n’avait jamais connu une telle attaque. Le réseau internet est complexe, un énorme maillage de fibres sur tout le territoire. Pour mieux comprendre ce qui s’est passé, Nicolas Guillaume explique que ce sont les autoroutes transportant la fibre qui ont été attaquées. “A quelques minutes d’intervalle” dit-il. “C’est inédit, on ne sait pas qui est à l’origine de ces actes de malveillance, on avait déjà connu des dégradations sur des pylônes, mais là, on atteint les grandes autoroutes… La coordination des attaques sur les câbles a été bien faite, par des gens qui connaissent inévitablement le réseau » analyse-t-il. L’opérateur alternatif et ses équipes techniques ont pu réalimenter leurs clients rapidement. Ce mercredi en fin de matinée, la situation était redevenue normale. Mais, les professionnels savent déjà qu’il faudra mettre en place des actions correctives, pour ne pas dépendre à l’avenir d’un seul flux majeur de transport.

Selon les premières constatations, ce sont des câbles « longue distance » inter-régionaux en fibres optiques qui passent le long des autoroutes, des voies ferrées et voies navigables, qui ont été sectionnés volontairement en plusieurs lieux, notamment la liaison Paris-Lyon et Paris-Strasbourg.

Le site Zone ADSL a recensé 9.156 pannes sur l’internet fixe en France ces dernières 24 heures, perturbant majoritairement les clients de l’opérateur Free et dans une moindre mesure SFR. « Les attaques ont eu lieu cette nuit à 4H00 », a déclaré l’opérateur Free, qui espère que le réseau sera « rétabli dans la journée ». « Trois des quatre artères de Free », appelées « backbone » et qui constituent « la colonne vertébrale de leur réseau ont été vandalisées », ont indiqué d’autres sources. Le « backbone » sert à interconnecter le trafic internet entre différentes zones géographiques grâce à des fibres à très haut débit. « C’est une espèce de‘hub’ de la fibre », a expliqué un industriel du secteur. « Quand tu coupes ça, tu coupes l’accès à toute une région ». Une coupure peut toutefois être contournée grâce à l’interconnexion des réseaux et les opérateurs peuvent ainsi fournir un service dégradé.

En [mai] 2020, des câbles télécoms avaient été intentionnellement coupés à Vitry et à Ivry, dans le département du Val-de-Marne, privant momentanément d’accès à Internet des dizaines de milliers d’abonnés d’Orange. Des centres de données avaient vu leurs activités perturbées pour ces coupures d’Internet. Une plainte avait été déposée et une enquête ouverte, mais l’une des parties au dossier a indiqué à l’AFP, mercredi 27 avril, n’avoir eu « aucune nouvelle des autorités » à ce sujet.