Est Républicain, 2 mai 2022 (extrait)
Un jeune détenu de Nancy, qui bénéficiait d’une permission pour participer à un spectacle à l’Opéra, n’a pas pu résister à l’appel de la liberté à l’issue de la représentation. Il s’est enfui en courant et n’a pas réintégré la prison. L’homme qui n’est pas considéré comme dangereux, était pourtant bientôt libérable.
Dix musiciens de l’orchestre symphonique les ont accompagnés lors d’une unique représentation donnée ce vendredi, en début de soirée, devant une salle comble. Un détenu de 22 ans de la maison d’arrêt de Nancy a également participé au spectacle. Il avait obtenu une autorisation de sortie spéciale d’un juge d’application des peines pour la durée de la représentation. Une intervenante d’une association culturelle l’a pris en charge à sa sortie de prison et l’a accompagné jusqu’à l’Opéra
« Il a un vrai talent pour écrire des poèmes »
Une fois sur place, il a bien participé au spectacle. Il a été le dernier à s’exprimer pour lire un de ses poèmes. « C’était vraiment très touchant. J’en ai pleuré. Et je n’étais pas la seule. Il a un vrai talent pour écrire des poèmes », confie une spectatrice qui a assisté à la représentation.
Le jeune détenu s’est ensuite retrouvé au pot organisé à l’issue de la représentation. Il aurait même pris un verre à côté du maire, Mathieu Klein, qui a d’ailleurs fait partager sur Twitter sa satisfaction d’avoir assisté au spectacle. L’élu ne sait pas, à ce moment-là, que la soirée n’est pas finie et va réserver un spectaculaire coup de théâtre. Le prisonnier s’apprête à quitter l’Opéra en compagnie de l’intervenante de l’association avec laquelle il est venu. Il descend un escalier et… prend soudain ses jambes à son cou.
En terme juridique, cela s’appelle une évasion. Même s’il n’a pas scié les barreaux de sa cellule, ni franchit le mur d’enceinte de la prison. Il quitte l’Opéra au pas de course.
Une précédente « évasion » à Reims
Deux organisatrices du spectacle parviennent à le rejoindre et tentent de le raisonner. En vain. L’appel de la liberté est trop fort. Le jeune homme s’enfuit. Il traverse la place Stanislas et disparaît dans la nuit.
Ecroué pour des affaires de « violences ayant entraîné moins de 8 jours d’incapacité totale de travail » et « port d’arme blanche ou incapacitante », il devait en effet sortir en septembre. D’où sans doute la confiance que lui avait accordée le juge d’application des peines. Mais le jeune homme, même s’il n’a pas le profil d’un dangereux délinquant, n’en est pas à sa première escapade. Il avait déjà été condamné en 2020 pour ne pas avoir réintégré la prison alors qu’il était en semi-liberté à Reims.