Le Parisien, 16 juin 2022 (extraits uniquement)
Un quadragénaire italien a été interpellé par les policiers de la Sous-direction de la section antiterroriste (SDAT) de la direction centrale de la police judiciaire (DCPJ) dans la nuit de vendredi à samedi dernier [11 juin] alors qu’il venait de mettre le feu au véhicule immatriculé corps diplomatique de l’ambassadeur du Guatemala dans le XVIIe arrondissement de Paris.
L’incendiaire, tout vêtu de noir pour se confondre avec la nuit, a été arrêté à 3h25 du matin dans le Val-d’Oise alors qu’il venait de ranger son vélo à l’intérieur de sa voiture pour regagner son domicile. Un mode opératoire répété des dizaines de fois, toujours le week-end et souvent le samedi soir. Pour ne pas se faire repérer, le résident italien, très précautionneux et discret, agissait toujours seul, laissait ses portables allumés à la maison, utilisait des gants de protection et fréquentait des rues non carrossables échappant aux caméras de surveillance. Des techniques pour échapper à la police bien connues de l’ultragauche, dont les activistes sont souvent difficiles à identifier et à interpeller.
Le libertaire garait donc sa voiture à Argenteuil ou en Seine-Saint-Denis avant de sortir du coffre sa bicyclette avec laquelle il gagnait les rues des beaux quartiers de Paris. Son terrain de chasse privilégié était les arrondissements chics de la capitale : les 8e, 16e et 17e. Ses cibles : les voitures immatriculées avec des plaques diplomatiques mais aussi les véhiculaires utilitaires de téléphonie mobile ou de BTP, impliqués dans la construction d’établissements carcéraux. « Il pouvait arpenter les rues durant quatre heures pour repérer son objectif, il ne prenait jamais de risque, préférant rentrer bredouille ou parfois coller des autocollants dans les rues » explique une source proche de l’enquête.
Voilà quatre mois que le groupe de la SDAT spécialisé dans des violences extrémistes, ce qu’on appelle l’infra-terrorisme dans le jargon policier, traquait l’activiste qui aurait également sévi auparavant en Italie.
Quoi qu’il en soit, les policiers antiterroristes attribuent à xxx une soixantaine d’incendies criminels dans les quartiers huppés de Paris, ce qui représente par propagation au moins le double de véhicules brûlés et de façades d’immeubles abîmées. Les enquêteurs sont remontés à l’activiste grâce à un travail classique de police judiciaire : écoutes téléphoniques, planques, filatures…
xxx a été mis en examen ce lundi 13 juin par un juge du tribunal judiciaire de Bobigny (Seine-Saint-Denis) pour « dégradation de biens privés par moyen dangereux » et « mise en danger d’autrui » et incarcéré dans la foulée. Le parquet de Bobigny avait ouvert une enquête préliminaire quatre mois plus tôt, en février dernier. En garde à vue, le quadragénaire a fait valoir son droit au silence et a refusé de donner son ADN. Le quadragénaire est soupçonné d’avoir lui-même revendiqué ses actions sur le site propagandiste de l’ultragauche Attaquenoblog.org dont il serait aussi l’administrateur.
Un homme de la mouvance de l’« ultragauche » écroué, soupçonné d’avoir incendié une soixantaine de véhicules en Île-de-France
France info, 17 juin 2022
Un homme a été interpellé le 11 juin 2022 à Paris, soupçonné d’avoir incendié 58 véhicules depuis 2017, à Paris et en Seine-Saint-Denis, a appris franceinfo vendredi 17 juin. Il a été placé en détention provisoire en début de semaine, selon le parquet de Bobigny, et mis en examen pour « destruction/dégradation par un moyen dangereux et mise en danger d’autrui ».
Selon les informations de franceinfo, le suspect, âgé d’une quarantaine d’années, est considéré par les enquêteurs comme une figure de l’ultragauche, plus précisément de la mouvance anarcho-autonome. Il revendiquait ces incendies sur un site internet dont il est l’administrateur. C’est en partie grâce à ce site que les enquêteurs ont pu recenser les 58 incendies qu’ils lui attribuent. [Selon une « source proche du dossier » qui s’est lâchée à l’AFP, « plus de 100 véhicules ont été détruits au total » et « dix façades d’immeubles brûlées » par la propagation des incendies.]
Cet homme agissait seul et avec préméditation. Il effectuait des repérages, se rendait sur les lieux à vélo ou en trottinette, la nuit et le week-end et connaissait les emplacements des caméras de vidéosurveillance. Les véhicules touchés appartenaient à des entreprises privées (Eiffage) ou publiques (Enedis, RATP), ou encore à des opérateurs téléphoniques ou des médias. Des véhicules diplomatiques ont également été incendiés. Ils étaient situés à Paris, majoritairement dans l’est et l’ouest de la capitale, et en Seine-Saint-Denis.
Interpellé en flagrant délit
Le parquet de Bobigny a ouvert une enquête le 8 mars 2022, confiée à la SDAT, la sous-direction anti-terroriste, après l’incendie de deux véhicules diplomatiques dans la nuit du 4 au 5 mars, dans le 16e arrondissement de Paris. C’est finalement dans la nuit du 10 au 11 juin que le suspect a été interpellé, lors d’une surveillance policière, alors qu’il mettait le feu à un véhicule diplomatique dans le 17e arrondissement de la capitale. L’incendie s’est propagé à sept autres voitures stationnées à proximité.
Lors de la perquisition à son domicile dans l’Oise, les enquêteurs ont découvert, entre autres, un plan d’implantation des caméras de vidéosurveillance de la ville de Paris. Dans son véhicule, un briquet, un brassard de police, des bombes de peinture, un shocker (un bâton à impulsion électrique) et des marteaux brise-vitres ont notamment été saisis.