Las Condes (Chili) : attaque explosive contre le constructeur de prison Besalco

traduit de l’espagnol de noticiasdelaguerrasocial, 6 juillet 2022

Dans la nuit du mardi 5 juillet, vers 23h, une personne anonyme parcourt à vélo les rues aisées de la commune de Las Condes avant de s’arrêter au croisement des rues Ebro et Encomenderos. Là se trouve le siège de l’entreprise en bâtiment Besalco : l’anonyme réussit à faire passer un petit paquet entre les grilles, qui donnent vers l’intérieur du bâtiment. Quelques minutes plus tard, l’engin explose, endommageant sa façade, principalement le pilier, la grille d’entrée et les vitres de l’immeuble.

La silhouette inconnue parvient à poursuivre son chemin sans aucun problème et sans se faire repérer. Sur les lieux arrive le personnel policier typique pour ce genre de faits : GOPE, LABOCAR, OS-9 sous la houlette du déjà traditionnel Parquet Sud, expert autoproclamé pour cette sorte d’affaires. La Ministre de l’Intérieur du gouvernement progressiste Izkia Siches déclare : “Les investigations sont en cours, je les suis de près, et nous espérons qu’elles pourront aboutir rapidement. En tant que gouvernement, nous rejetons évidemment ces faits en espérant qu’ils ne se répéteront pas dans notre pays”. Pour sa part, le sous-secrétaire de l’intérieur Manuel Monsalve a déclaré : « Il ne faut pas anticiper de jugements, et il y a des images vidéos de la personne qui aurait placé l’engin explosif concernant l’entreprise Besalco ».

Quelques heures plus tard, le Grupo de Acción 6 de Julio-Nueva Subversión revendique l’action à travers des e-mails envoyés à différents médias de contre-information, en donnant comme principale motivation de l’attaque la participation de l’entreprise Besalco à la gestion de plusieurs prisons aux Chili, ainsi que comme geste de souvenir en mémoire de la camarade Luisa Toledo, en solidarité avec le camarade Marcelo Villarroel et contre les sentences de la justice militaire.

Voici la traduction du communiqué de revendication :

Attentat explosif contre Besalco S.A, Chile

Nous devons changer cette manière de vivre pacifique, bien tranquille, simple, sans que rien n’advienne qui ne soit une routine quotidienne. Il doit y avoir un sursaut pour qu’il y ait de la vie, un sursaut permanent. Il doit y avoir de la joie et de la douleur, il doit y avoir de la rage et de la haine. ”
– Luisa Toledo.

Lorsque beaucoup sont sans honneur, d’autres seront toujours là en portant en elleeux l’honneur de beaucoup”.

La nuit du mardi 5 juillet,peu après 23 h, nous avons attaqué l’entreprise Besalco S.A, à l’angle des rues Ebro et Encomenderos, dans la commune fortunée de Las Condes.

A partir de 2002 ont débuté les premiers appels d’offres pour instaurer le système de concession d’infrastructures pénitentiaires au Chili : un total de 8 taules seront réparties entre les entreprises en lice pour leur construction et leur administration. L’entreprise Besalco ainsi que la Sociedad de Concesiones de Chile et la Sodexo Chili forment le Groupe 1 et ont été nommées en charge des prisons de Alto Hospicio, La Serena et Rancagua. Le Groupe 2
(Sodexo Chili) s’est vu attribuer la concession des prisons de Concepción et Antofagasta. Enfin, le Groupe 3 (Vinci Construction) administre les prisons de Santiago 1, Valdivia et Puerto Montt.

Le système de concession fonctionne avec des entreprises qui exercent des services de nettoyage, d’alimentation et d’infrastructure dans les prisons, tandis que l’État se charge de la surveillance des prisonnier-e-s à travers la matonnerie. C’est un gros marché pour les entreprises, la surpopulation n’est pas un problème pour ces misérables puisque pour chaque prisonnier-er en plus du maximum imposé par ces mêmes entreprises, l’État doit les indemniser. Les dépenses sont réduites au minimum pour faire davantage de profit, c’est pourquoi les conditions sont encore pires à l’intérieur.

Ces groupes entrepreneuriaux ne participent pas seulement au négoce des taules au Chili, mais ont tissé au fil des ans un monopole qui s’étend dans le monde entier, en administrant des prisons dans différents pays. L’action insurgée les trouve et parvient à les attaquer, parce que si nous méprisons les matons serviles de l’AP [nommés Gendarmería au Chili], nous méprisons aussi ceux qui font du business avec l’entassement, les tortures et les vexations.

Dans prison de Rancagua, administrée par la néfaste entreprise que nous avons attaquée, sont emprisonnés les compagnons Juan Aliste Vega, Marcelo Villarroel, Joaquín García et Francisco Solar, à qui nous envoyons un salut anarchique. Nous saluons également la compagnonne Mónica Caballero, séquestrée dans la prison de San Miguel.

Il y a un an mourrait la compagnonne Luisa Toledo après une longue vie de combat, de résistance et de dignité, laissant dans son parcours des milliers de leçons, d’apprentissages et de choses claires pour affronter l’autorité et le capital. Luisa détestait les positions tièdes et grises, elle défendait l’action de rue, les cagoules et la rue en flammes, c’est pourquoi, en cette nuit froide, nous avons rappelé le souvenir de cette compagnonne avec le son de l’explosion. Nous portons l’action dans notre sang, qui bout pour rappeler nos mort-e-s.

Nous saluons les compagnon-ne-s Giannis Michailidis, Giorgia Voulgari et Thanos Xatziagkelou, en grève de la faim dans la prison de Korydallos, en Grèce.
Aux compagnon-ne-s en Italie, en Biélorussie, en Indonésie, au Mexique, en Allemagne, en Belgique… que l’attaque autonome s’étende sans pitié contre le pouvoir, dans toutes les directions.
Nous rappelons le souvenir du weichafe Pablo Marchant assassiné par la police il y a un an. A nos compagnon-ne-s mort-e-s en action, Mauricio Morales, Sebastián Oversluij, Claudia López, Jony Cariqueo., longue vie à leur mémoire.
A toutes les cellules d’action qui ont attaqué ces derniers temps, toute notre force et notre complicité. Que l’attaque ne décroisse pas, qu’elle se fortifie et trouve ses amples expressions de destruction.
Nous nous solidarisons avec le compagnon Marcelo Villarroel, qui résiste dans taules de la démocratie ! Face au refus de sa libération nous devons sortir dans la rue et faire de l’agitation pour qu’il sorte rapidement.

Multiplions l’agir autonome !
Dynamitons les quartiers des riches et des puissants !
Rien n’est fini, la guerre contre le pouvoir continue !

Grupo de Acción 6 de Julio
Nueva Subversión