Nangis (Seine-et-Marne) : les caméras se ramassent à la pelle



Dix mâts de vidéoprotection sciés cet été : à Nangis,

la facture atteint près de 250 000 euros
Le Parisien, 23 août 2022 (extraits)


C’est le dixième mât de vidéosurveillance abattu durant cet été à Nangis (Seine-et-Marne)
. Cinq hommes ont été interpellés le 17 août pour cet acte de délinquance contre l’installation située sur le rond-point à proximité du restaurant McDonald’s, sur la route départementale 408 à l’entrée de la commune. Deux d’entre eux ont été mis hors de cause, mais les trois autres ont été jugés en comparution immédiate, le lendemain, au tribunal correctionnel de Melun.

Tous les trois ont reconnu les faits. Devant le tribunal, ils ont expliqué être contre l’installation de caméras de vidéosurveillance. « L’un d’eux a d’ailleurs déjà été condamné pour sa participation aux dégradations sur l’Arc de Triomphe, lors d’une manifestation des Gilets jaunes à Paris », indique une source proche de l’enquête.


Le plus jeune, un habitant de Fontenailles âgé de 28 ans qui faisait le guet, a été condamné à six mois de prison avec sursis. Les deux autres, un autre habitant de Fontenailles âgé de 39 ans et un résident de Nangis âgé de 33 ans — c’est lui qui a participé à la manifestation Gilets jaunes —, ont écopé de huit mois avec sursis. Ils font aussi l’objet d’une mise à l’épreuve de deux ans. Ils devront en outre procéder tous ensemble au remboursement des frais de remise en état du mât et de ses caméras. Il y en a déjà pour plus de 30 000 euros. Le montant exact sera validé dans le courant du mois de novembre, lors d’une audience sur intérêts civils.

Les faits se sont déroulés dans la nuit du 12 au 13 août. C’est à l’aide d’une disqueuse que l’aîné de la petite bande, équipé d’un masque de soudeur, a mis le mât à terre. Mais visiblement, ils ne sont pas passés complètement inaperçus puisque, grâce à des témoignages et aux images de vidéosurveillance provenant d’autres communes, les gendarmes de Nangis et la brigade de recherches de la compagnie de gendarmerie de Provins vont assez vite leur mettre la main dessus. Leur matériel, dont la disqueuse, a été saisi.

Pour le moment, les enquêteurs ne lient pas cette affaire à celles des neuf autres mâts et lampadaires, eux aussi découpés à la disqueuse à la fin du mois de juillet. C’est le 28 juillet au matin que les services techniques de la commune ont découvert le premier dans le quartier de la Mare-aux-Curées, suivi de deux autres dans la nuit du 29 au 30 juillet, puis d’une dernière série de six le 31 au soir. C’est là que les choses ont dégénéré, avec des gendarmes pris pour cible par des tirs de mortier. Rebelote le 2 août au soir pour une quarantaine de militaires menant une vaste opération de recherches d’outillage et de mortiers d’artifice ainsi que de contrôles dans les parties communes des bâtiments d’habitation de la Mare-aux-Curées.

C’est justement pour donner des outils aux gendarmes que la maire a pris, dès le 3 août, deux arrêtés municipaux, l’un interdisant la consommation d’alcool sur la voie publique et l’autre le rassemblement de plus de trois personnes dans un grand nombre de rues et de lieux de la commune, notamment le parvis de l’hôtel de ville. Quant aux frais de remise en état des neuf premiers mâts, la facture est d’ores et déjà salée : main-d’œuvre comprise, les devis effectués montent à 215 000 euros ! En ajoutant les dégâts de la nuit du 12 au 13 août, la facture frôle les 250 000 euros. En 2020, il y avait 39 caméras à Nangis. Avant les destructions de juillet et août, elles étaient passées au nombre de 78 en ville.