Paris : incendie de l’entrée du consulat en solidarité avec la révolte en Iran

Paris, 9 septembre 2023 : incendie de l’entrée du consulat d’Iran

Incendie au consulat d’Iran à Paris: le suspect revendique
son acte, « criminel » selon la France

AFP, 12 septembre 2023 (extrait)

Un suspect d’origine iranienne a revendiqué mardi devant le tribunal correctionnel de Paris l’incendie samedi du portail et de la façade du consulat de la République islamique d’Iran dans la capitale, un acte commis pour « les femmes » et qualifié de « criminel » par la France.

Vers 7h00 samedi, des fonctionnaires qui effectuaient leur patrouille ont découvert un départ de feu près de la porte du consulat, dont la façade a été noircie. « Les mesures ont été prises immédiatement pour mettre fin à la prise de feu intervenue à proximité immédiate de l’ambassade d’Iran » et la justice « saisie », a également dit la porte-parole de la diplomatie française.

Dimanche, au lendemain des faits, un suspect né en 1963 à Téhéran, en Iran, a été interpellé à Paris dans le cadre de l’enquête ouverte par le parquet et menée par la Direction régionale de la police judiciaire. Lors d’une audience de comparution immédiate au tribunal correctionnel de Paris, le procès a été renvoyé au 24 octobre car la partie civile, l’ambassade d’Iran, n’était pas représentée. Dans l’attente, N., de nationalité française, a été remis en liberté sous contrôle judiciaire.

Auparavant, cet homme aux cheveux gris bouclés, lunettes noires épaisses et audition défaillante avait d’emblée répondu aux questions de la présidente en indiquant: « C’est la première fois que je fais cet acte, en âme et conscience, pour les femmes » en Iran, a affirmé cet homme vêtu d’une chemise jaune à fleurs bleues. « Femmes, vie, liberté », a-t-il lancé, rapidement interrompu par le tribunal alors qu’il reprenait le slogan des manifestants participant au soulèvement né de la mort en détention de Mahsa Amini il y a un an en Iran. Il a expliqué vouloir, par son « acte illégal », « montrer aux Iraniens et aux Iraniennes vivant au pays que nous, nous sommes avec eux, et surtout avec les femmes ».

Parmi diverses mesures, son contrôle judiciaire prévoit une interdiction de manifester. N. avait indiqué auparavant son intention de participer à la manifestation prévue samedi à Paris, pour la date anniversaire de la mort de Mahsa Amini.


Après le mystérieux incendie au consulat d’Iran à Paris,
un suspect de 60 ans interpellé par la PJ
Le Parisien, 12 septembre 2023

L’enquête a été menée avec une certaine célérité au regard de la sensibilité du dossier et de la nécessité d’apaiser les relations entre Paris et Téhéran. Selon nos informations, un suspect a été interpellé dimanche 10 septembre par les policiers du 1er district de la police judiciaire (DPJ) parisienne dans l’enquête sur le mystérieux incendie qui a frappé samedi matin le consulat de la République islamique d’Iran à Paris.

Ce jour-là, les sapeurs-pompiers et la police sont requis, vers 6 heures 40 du matin, pour un feu qui s’est déclaré à proximité immédiate de ce bâtiment diplomatique. Le consulat est situé juste derrière l’ambassade iranienne, 16 rue Fresnel, dans le XVIe arrondissement de Paris. Le lieu est donc considéré comme particulièrement sensible. Selon les premières constatations, l’incendie s’est propagé jusqu’à la façade et le portail du consulat, noircis sous l’avancée du feu. Mais il est rapidement circonscrit, sans provoquer de blessés.

Très vite, la piste criminelle est privilégiée. Le parquet de Paris ouvre une enquête pour dégradations volontaires par incendie, confiée au 1er DPJ. Alors que les enquêteurs suspectent en premier lieu un jet de cocktail Molotov, il apparaît que le sinistre a été provoqué à l’aide d’un pneu enflammé. Grâce à l’exploitation de la vidéosurveillance, la PJ identifie un suspect qui a pris la fuite en voiture peu après les faits.

Après un travail de recoupements techniques sur la plaque d’immatriculation et les déplacements du véhicule, un homme est identifié, un Français d’origine iranienne de 60 ans, domicilié dans l’Essonne : N. Le lendemain, le dimanche, ce dernier, né à Téhéran, est interpellé. À son domicile, la voiture suspecte aperçue sur les images est retrouvée, de même que des vêtements susceptibles d’être portés par l’incendiaire présumé ainsi qu’un bidon. N. est placé en garde à vue.

« La France condamne avec fermeté cet acte »

À ce stade, on ignore les motivations du suspect. Mais les enquêteurs envisagent forcément la piste d’un acte politique puisque le 16 septembre marquera le premier anniversaire de la mort de Mahsa Amini, une étudiante iranienne de 22 ans. Originaire de la province du Kurdistan, elle était décédée dans un hôpital de Téhéran trois jours après son interpellation par la « police des mœurs » iranienne, accusée d’avoir mal porté son voile. Son décès suspect avait suscité une forte vague d’indignation en Iran et déclenché de nombreuses manifestations pour s’élever contre un régime politique jugé liberticide et ultra-conservateur.

L’incendiaire présumé aurait-il voulu marquer le coup en s’attaquant à un symbole politique de Téhéran ? N. est en tout cas inconnu des services de renseignement, y compris de la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI), sollicitée pour effectuer des recherches dans sa documentation. La garde à vue du suspect devrait s’achever ce mardi avant une présentation devant le tribunal correctionnel en vue d’un procès en comparution immédiate.

Les réactions diplomatiques ne se sont pas fait attendre coté Téhéran comme Paris. Le porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères, Nasser Kanani, avait dénoncé lundi « une tentative (…) d’attaquer les droits des citoyens qui se rendent à l’ambassade pour recevoir des services consulaires ». Il avait aussi fait savoir que l’Iran avait protesté « dans une note officielle adressée aux autorités françaises ». « La France condamne avec fermeté cet acte », a déclaré en écho ce mardi Anne-Claire Legendre, la porte-parole du ministère français des Affaires étrangères. « Conformément aux conventions de Vienne, elle assure la protection de tous les personnels et emprises diplomatiques présents sur son territoire », a-t-elle ajouté.